Introduction Le devenir a l’âge adulte du lupus systemique (LS) a debut pediatrique est tres peu decrit dans la litterature. Patients et methodes Cohorte monocentrique de patients suivis pour un LS a debut pediatrique – defini par les criteres ACR et un âge de diagnostic avant 16 ans. Analyses statistiques realisees par le test Mac Nemar (donnees appariees) et le test de rang de Wilcoxon (donnees non appariees). Resultats Cent six patients, 88 femmes et 18 hommes (sex-ratio = 4,9), de 26,3 ans d’âge moyen, ont ete inclus. L’âge moyen au diagnostic etait de 12,3 ans. Le suivi global moyen etait de 15 ans, dont 4 ans durant l’enfance et 10,3 ans a l’âge adulte. Une maladie auto-immune etait trouvee chez les apparentes du 1er ou 2e degre pour 19 patients (17,9 %), LS dans 10 cas (9,4 %). Dix patients (9,4 %) avaient un syndrome des antiphospholipides associe. Pendant le suivi global, 97,2 % des patients ont recu des corticoides, 50,9 % par voie IV (bolus de methylprednisolone), 77,3 % des immunosuppresseurs. Cinquante et un patients sur 82 etaient encore sous immunosuppresseurs a la fin de l’etude. Cent cinq patients (99 %) ont ete traites par antipaludeens de synthese (APS) (104 par hydroxychloroquine) avec une duree moyenne de traitement de 12 ans. Il existait des difficultes d’adhesion therapeutique (arret des traitements ou du suivi) pour 40 patients sur 106 (37,7 %). La poussee inaugurale etait severe (selon le revised SELENA FLARE INDEX : SFI) pour la moitie des patients (n = 55). A l’âge adulte, le LS evoluait selon 2 modes : 82 patients (77,3 %) avaient presente au moins une rechute du lupus, et 24 (22,6 %) un lupus en remission. Cependant, le suivi moyen etait plus long pour les patients avec un LS actif a l’âge adulte (15 ans vs 9,8 ans, p = 0,0014). Il n’y avait pas de difference entre les 2 groupes en fonction : de la severite de la premiere poussee, des manifestations cliniques durant l’âge pediatrique, de l’adhesion therapeutique. La comparaison des manifestations cliniques survenues pendant la periode pediatrique et pendant la periode adulte montrait qu’il y avait significativement plus d’atteintes cutaneo-muqueuses (61,3 vs 42,4 %, p = 0,003), musculo-articulaires (75,5 vs 59,4 %, p = 0,007), neuropsychiatriques (10,4 vs 3,8 %, p = 0,035), hematologiques – l’AHAI (9,4 vs 2,8 %, p = 0,039) ou le PTI (26,4 vs 10,4 %, p = 0,001) –, et de la fievre (32,1 vs 3,7 %, p A la fin du suivi, le SLICC damage index (SDI) moyen etait de 0,64. Le SDI moyen acquis pendant l’enfance etait plus faible que celui acquis durant l’âge adulte (0,21 vs 0,45, p = 0,016). Le SDI moyen ajuste a la duree de suivi etait similaire pour les 2 periodes (0,053 vs 0,049 respectivement, p = 0,563). Treize patients (12,3 %), avaient acquis des sequelles musculo-articulaires, plus frequemment a l’âge adulte (11 vs 2, p = 0,022), en particulier l’osteonecrose aseptique (8 vs 0, p = 0,008). Cinq patients (4,7 %) avaient des sequelles renales liees a la maladie, le plus souvent acquises a l’âge adulte (n = 4). Trois nephropathies (soit 6 %) ont evolue vers l’insuffisance renale terminale. Des dommages oculaires etaient presents dans 9 (8,5 %) cas, dont 4 retinopathies liees au APS. Parmi les evenements cardiovasculaires : 4 patients ont presente un infarctus du myocarde, 5 un accident vasculaire cerebral, survenus aussi souvent a l’âge pediatrique qu’a l’âge adulte. Vingt-trois (19,8 %) patients ont presente au moins une infection severe (infection opportuniste ou necessitant une hospitalisation). Sur 88 patientes (âge moyen 25 ans), 5 (5,7 %) avaient une insuffisance ovarienne prematuree. Dix-neuf patientes ont mene 32 grossesses, avec 22 naissances. Conclusion Durant l’evolution du LS a debut pediatrique, les manifestations cliniques different a l’âge pediatrique et a l’âge adulte. La nephropathie lupique de l’enfant rechute souvent a l’âge adulte. L’acquisition de sequelles selon le SLICC damage index, ajuste a la duree de suivi, est similaire durant la periode juvenile et adulte. Le lupus reste souvent actif a l’âge adulte. Le SDI acquis faible dans notre serie a la fin du suivi pourrait etre lie a l’effet protecteur d’un traitement prolonge par hydroxychloroquine et immunosuppresseurs.