Introduction Le paracetamol est le produit le plus prescrit en France mais presque rien n’est connu de son risque cardiovasculaire ou digestif eventuel en vie reelle. Nous avons donc mis en place une etude visant a mesurer le risque de survenue d’infarctus du myocarde, de syndrome coronaire aigu, d’accident vasculaire cerebral ou d’hemorragie digestive haute apres dispensation de paracetamol en France. Methode Il s’agit d’une etude de cohorte autocontrolee dans l’EGB, l’echantillon 1/97 permanent representatif du Sniiram, base couvrant plus de 98 % de la population francaise. Toutes les dispensations de paracetamol entre 2009 et 2012 ont ete identifiees dans l’EGB. Seuls ont ete conserves les episodes d’utilisation exclusive du paracetamol (sans AINS), chez les sujets âges de plus de 15 ans. Chaque episode comportant une periode a risque, de trois mois apres la dispensation, et une periode controle, symetrique avant la dispensation. Les evenements d’interet etaient les hospitalisations identifiees dans le PMSI, en rapport avec un infarctus du myocarde (I21, IdM), un angor instable (I20,0), les deux etant regroupes sous le terme de syndrome coronaire aigu (SCA) ; d’accident vasculaire cerebral (AVC, I63) ; d’hemorragie digestive haute (UGIB, K250, K254, K260, K270, K290, K920, K921 ou K922). Les analyses ont ete faites sur la population totale des episodes inclus, puis en stratifiant sur la presence d’aspirine a faible dose (AFD), selon l’âge, la quantite dispensee de paracetamol, le niveau de risque cardiovasculaire. Resultats Il y avait 1 025 877 episodes d’exposition au paracetamol chez 342 494 patients (âge moyen 47,2 ans ; 55,8 % feminins). Les risques relatifs globaux ajustes de survenue d’IDM, SCA, AVC et UGIB [IC 95 %] etaient de 1,01 [0,85–1,21], 0,91 [0,82–1,01], 0,85 [0,73–0,98] et 1,34 [1,08–1,66]. Chez les utilisateurs d’AFD (5 % des episodes), le risque d’IdM, de SCA ou d’AVC etaient reduits (0,29 [0,20–0,42], 0,39 [0,32–0,47], 0,35 [0,26–0,48]. Chez les non-utilisateurs d’AFD ayant plus de 60 ans, les risques etaient notablement eleves (IdM 1,91 [1,43–2,54], SCA 1,38 [1,19–161] ; AVC 1,13 [093–1,37], UGIB 1,45 [1,08–1,95]). Conclusions La prescription de paracetamol s’accompagne d’un risque diminue d’evenement cardiovasculaire chez les patients co-utilisateurs d’aspirine a faible dose. En revanche, chez les non-utilisateurs d’aspirine, l’accroissement notable des risques cardiovasculaires et digestifs devrait faire rediscuter de l’utilite reelle d’encourager l’utilisation de paracetamol, en particulier chez le sujet âge de plus de 60 ans.