Le naufrage du galion San Felipe dans le port de Urado (Shikoku, Japon) en octobre 1596 fut le déclencheur d’un désastre missionnaire : le martyre de vingt-six chrétiens, franciscains espagnols et chrétiens japonais, à Nagasaki, le 5 février 1597. Cet article s’attache à examiner la relation dialectique entre les deux événements par l’étude de deux discours missionnaires franciscains hagiographiques. Il s’agit tout d’abord de rappeler la lecture providentialiste du temps à travers la perception de présages matériels et spirituels de la part des acteurs, puis de montrer que ces évènements paroxystiques révèlent en même temps qu’ils résolvent – temporairement – des tensions et des crises latentes, résultat de la confrontation entre plusieurs communautés culturelles comme la japonaise, l’espagnole et la portugaise, autour de prétentions géopolitiques, commerciales et religieuses dans cette zone de frontière de l’antiméridien du Pacifique nord.El naufragio del galeón San Felipe en el puerto de Urado (Shikoku, Japón) en octubre de 1596 desembocó en un desastre misionero : el martirio de veintiséis cristianos, franciscanos españoles y cristianos japoneses, en Nagasaki, el 5 de febrero de 1597. Este artículo quiere examinar la relación dialéctica entre ambos acontecimientos, mediante el estudio de dos discursos misioneros franciscanos hagiográficos. Se trata de recordar primero la lectura providencialista de la época a través de la percepción de presagios tanto materiales como espirituales por parte de los actores, y mostrar luego que estos acontecimientos paroxísticos revelan, al mismo tiempo que resuelven –temporalmente– tensiones y crisis latentes, resultados de la confrontación de varias comunidades culturales como la japonesa, la española y la portuguesa, en torno a pretensiones geopolíticas, comerciales y religiosas en la zona fronteriza del antimeridiano del Pacífico norte.