Hsinet, J., Dallagi, A., Lâaroussi, R., Ismail, S., Khouja, N., Baraketi, E., Bousselmi, S., Chemingui, S., Aissa, I., Benzarti Mezni, A., and Ben Jemâa, A.
L'asthme allergique constitue actuellement la pathologie respiratoire la plus observée en milieu de travail. Qu'il soit induit ou aggravé par l'environnement professionnel l'adéquation entre cet état morbide et le travail est souvent sujette à réévaluation. Étudier les caractéristiques socio-professionnelles, cliniques, para-cliniques et médico-légales de l'asthme allergique observé en milieu professionnel, évaluer son retentissement sur l'aptitude au travail et comparer l'asthme professionnel (AP) et l'asthme aggravé par le travail (AAT) en termes de facteurs professionnels et extra-professionnels associés et en termes de retentissement sur l'aptitude. Étude descriptive rétrospective exhaustive portant sur tous les dossiers d'asthme allergique en relation avec le travail (AP et AAT), colligés auprès du service du médecine du travail et des pathologies professionnelles du centre hospitalo-universitaire La Rabta de Tunis durant la période allant du 1er janvier 2000 au 31 décembre 2020. Il s'agit d'une série, de 232 cas d'asthme allergique en relation avec le travail, dont 76,7 % AP et 23,3 % AAT. L'âge moyen des malades était de 40,28 ± 8,96 ans. Le genre féminin était représenté dans 50,9 % des cas. Les antécédents personnels d'atopie étaient rapportés par 16,5 % des patients. La catégorie professionnelle la plus représentée était celle des ouvriers non qualifiés (57,1 %) ayant une ancienneté moyenne de 11,43 ± 7,96 ans. Les secteurs les plus pourvoyeurs d'asthme étaient le secteur de la santé (10,9 %) et le secteur textile (10 %). La symptomatologie clinique était dominée par la dyspnée sifflante paroxystique (51,5 %), rythmée par le travail chez la majorité (86,6 %). Les agents responsables étaient des allergènes de haut poids moléculaire (HPM) notamment les poussières textiles végétales (9,9 %), de bas poids moléculaire (BPM) tels que l'isocyanate (11,6 %), le formaldéhyde (11,2 %) ainsi que des irritants respiratoires pour l'AAG tels que, les moisissures (7,8 %) et les poussières non spécifiques (3,9 %). Cette affection a justifié un aménagement du poste de travail dans 47,8 % des cas et une mutation chez 40,9 % des patients. En comparant les cas d'asthme induits par le travail à ceux aggravés, nous avons constaté que l'âge et l'ancienneté étaient plus élevés dans le groupe d'AP avec respectivement (p = 0,002) et (p = 0,005). Par ailleurs, ce groupe était aussi associé au grade d'ouvrier non qualifié (p = 0,035), à l'exposition aux allergènes de HPM (p = 0,008), ainsi que la prescription de mutation de poste (p ≤ 10–3). Par ailleurs, l'AAT était associé aux antécédents d'atopie personnelle et familiale avec respectivement (p ≤ 10–3) et (p = 0,017), le travail dans le secteur de transport (p ≤ 10–3) ainsi que la prescription d'inaptitude temporaire au poste (p ≤ 10–3). Les étiologies impliquées dans la survenu de l'AP et d'AAT diffèrent. En effet, les étiologies d'un AAT sont essentiellement des irritants respiratoires alors que dans l'AP sont des allergènes de HPM. En termes d'aptitude au travail, l'impact de l'AP est plus péjoratif que celui de l'AAT impliquant plus de mutation de poste. Allergic asthma is currently the most frequent respiratory pathology in the workplace. Whether induced or aggravated by the work environment, the adequacy between this morbid state and work is often subject to re-evaluation. The socio-professional, clinical, para-clinical and medico-legal characteristics of allergic asthma observed in the workplace, to assess their impact on the ability to work and to compare occupational asthma (OA) and work exacerbated asthma (WEA) in terms of associated professional and extra-professional factors and in terms of repercussions on aptitude. Exhaustive retrospective descriptive study of all work-related allergic asthma files (OA and WEA), collected from the Department of Occupational Medicine and Occupational Pathologies of the University Hospital La Rabta in Tunis during the period from 1 January 2000 to December 31, 2020. This is a series of 232 cases of work-related allergic asthma, including 76.7% OA and 23.3% WEA. The mean age of the patients was 40.28 ± 8.96 years. The female gender was represented in 50.9% of cases. A personal history of atopy was reported by 16.5% of patients. The most represented professional category was that of unskilled workers (57.1%) with an average seniority of 11.43 ± 7.96 years. The sectors that provided the most asthma were the textile sector (10%) and the health sector (10.9%). The clinical symptoms were dominated by paroxysmal wheezing dyspnea (51.5%), punctuated by work. in the majority (86.6%). The responsible agents were high molecular weight allergens (HMW) in particular vegetable textile dust (9.9%), low molecular weight (LMW) such as isocyanate (11.6%), formaldehyde (11.2%) as well as respiratory irritants, mainly mold (7.8%) and non-specific dust (3.9%). Asthma justified a workstation adaptation in 47.8% of cases and a mutation in 40.9% of patients. Comparing the cases of work-induced asthma with those that were exacerbated, we found that age and length of service were higher in the OA group, (P = 0.002) and (P = 0.005). In addition, this group was also associated with the grade of unskilled worker (P = 0.035), exposure to HMW allergens (P = 0.008), as well as the prescription for a job transfer (P ≤ 10-3). In addition, WEA was associated with a history of personal and family atopy with respectively (P ≤ 10–3) and (P = 0.017), work in the transport sector (P ≤ 10-3) as well as prescription temporary unfitness for the post (P ≤ 10–3). The etiologies of OA and WEA differ. Indeed, the etiologies of WEA are essentially respiratory irritants while in the OA are HMW allergens. In terms of aptitude, the impact on OA is more pejorative than WEA involving more mutation. [ABSTRACT FROM AUTHOR]