1. Sortir de la « mortification » institutionnelle par le collectif ? Héritage clinique et politique de Fernando Ulloa.
- Author
-
Bley, Lucia
- Abstract
L'article propose de découvrir l'œuvre et le parcours clinique et politique de Fernando Ulloa, référence incontournable de l'analyse institutionnelle en Argentine, et ses échos avec le mouvement de la psychothérapie institutionnelle en France. Par une étude de ses œuvres et de ses interventions dans la sphère universitaire, psychanalytique et politique, nous montrons comment le travail de Fernando Ulloa interroge les violences qui parcourent les institutions de soin ainsi que la notion de collectif. Son effort constant pour articuler psychanalyse et politique résonne avec les violences que traverse le soin psychique actuel en France, questionne notre rapport aux dogmes théoriques et propose de concevoir l'éthique analytique comme celle d'un « être psychanalyste » dans l'instant, et non comme identité. En replaçant l'enjeu social au cœur du travail clinique et en intriquant les dimensions thérapeutiques et didactiques, l'œuvre de Fernando Ulloa est fortement imprégnée de celle de Pichon Rivière, dont il fut l'un des principaux élèves, et de ses « groupes opératifs ». En effet, son travail de psychanalyste auprès de ce qu'il nomme les « numérosités sociales » vise à contribuer à l'émergence d'une pensée critique collective. Son engagement pour la justice sociale et sa lutte pour les Droits de l'Homme le mènent à théoriser la notion de « culture de mortification », une certaine tonalité de la souffrance institutionnelle contemporaine. Il montre comment le collectif et la « tendresse » sont deux voies de sortie de cette mortification. L'héritage clinique et politique de Fernando Ulloa est de nous aider à interroger notre engagement dans la clinique et à penser ce qui soigne l'institution et ceux qui la pratiquent. The article proposes to explore the work as well as the clinical and political career of Fernando Ulloa, an essential reference for institutional analysis in Argentina. It will also address links with the movement for institutional psychotherapy in France. Through a study of his works and his lectures in the academic, psychoanalytical, and political sphere, we show how Fernando Ulloa's work interrogates the violence that runs through healthcare institutions as well as the notion of "collective elaboration." By putting the social issue at the heart of clinical work and by interweaving the therapeutic and didactic dimensions, the work of Fernando Ulloa is strongly inspired by that of Pichon Rivière, of whom he was one of the main students, and of the latter's "group operatives". Indeed, his work as a psychoanalyst with what he calls "social numerosity" aims to contribute to the emergence of collective critical thought. His commitment to social justice and his fight for human rights led him to theorize the notion of a "culture of mortification," a certain tone of contemporary institutional suffering. He points to collective elaboration and "tenderness" as the two ways out of this mortification. His constant effort to articulate psychoanalysis and politics resonates meaningfully with the violence that currently abounds in the realm of psychic care in France. It also questions our relationship to theoretical dogmas and proposes to conceive of the psychoanalytic ethic as that of a "psychoanalytic being" at any given point in time, and not as an identity. The clinical and political legacy of Fernando Ulloa helps us to question our commitment to clinical work and to reflect upon what heals institutions and those who practice within them. [ABSTRACT FROM AUTHOR]
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- 2024
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