Search

La relation qu’entretiennent depuis plusieurs siècles l’Église et l’État en Angleterre constitue certainement l’une de choses les plus difficiles à comprendre pour un Français. En règle générale, le seul élément connu dans ce pays sur l’anglicanisme est que la reine, ou le roi, en est le chef ; ce qui ne rend qu’encore plus incompréhensible le fonctionnement de cette confession, tant il paraît paradoxal qu’un souverain constitutionnel, régnant mais ne gouvernant pas, puisse diriger une Église...

En ce 21 juillet 1873, les débats du jour à la Chambre des lords s’apprêtent à reprendre, après l’interruption d’un week-end, quand Charles Gordon-Lennox, 6e duc de Richmond, chef de l’opposition conservatrice, se lève et, d’une voix que l’on imagine empreinte d’émotion, annonce à ses collègues : « Je ne peux m’empêcher de faire allusion à la très grande perte qu’a subie cette chambre, ainsi que le pays, depuis notre dernière séance. Nous avons perdu deux de nos membres les plus remarquables,...

Cet ouvrage présente au public francophone la figure de Samuel Wilberforce, et porte à sa connaissance la vitalité de l’anglicanisme victorien dont il fut une figure si importante comme évêque d’Oxford puis de Winchester (1845-1873). Au début du xixe siècle, l’Église d’Angleterre (ou Église anglicane) court le risque de devenir tout à fait obsolète. Rejetée par beaucoup comme un simple organe étatique, apparemment privée de toute énergie et de toute capacité à se réinventer par les mouvements de réveil religieux du siècle précédent, elle paraît également incapable de s’adapter au nouveau contexte philosophique et socio-économique de la révolution industrielle. Toutefois, à partir des années 1840, l’Église d’Angleterre réinvestit son rôle pastoral et spirituel afin de rester fidèle à sa fonction proverbiale et traditionnelle d’Église de la Nation. On le verra, ce n’est pas un hasard si l’épiscopat de Samuel Wilberforce coïncide avec cette évolution spectaculaire de son Église. Même 150 ans après sa mort, la vie et l’œuvre de Samuel Wilberforce ont beaucoup à nous apprendre concernant la place des Églises dans la Cité, ou la relation entre foi et science.

Le nom qui figure sur la couverture de ce livre est certainement inconnu de la grande majorité des Français. Il faut aussi reconnaître, pour faire bonne mesure, que la plupart des Britanniques de ce début du xxie siècle seraient bien en peine de dire qui était Samuel Wilberforce (1805-1873). Évêque anglican d’Oxford de 1845 à 1869, fils du grand abolitionniste britannique William Wilberforce (1759-1833), il est néanmoins resté dans les mémoires de certains comme l’évêque qui aurait demandé à ...

Pendant les deux années et plus que dura la rédaction de cet ouvrage, son auteur a eu le plaisir de lire deux biographies extrêmement fouillées, minutieuses et documentées sur deux géants de l’histoire britannique moderne : le cardinal John Henry Newman et Sir Winston Churchill. Ces deux biographies, par leur exhaustivité – chacune d’entre elles fait plus de 750 pages – n’ont pas été à proprement parler des modèles, mais ont néanmoins été riches d’enseignements et de réflexions. Sans aller ju...

Le diocèse d’Oxford, en 1845, occupait un territoire essentiellement rural dont les seules grandes villes étaient Reading et Oxford, qui comptaient en 1841 respectivement 18 937 et 24 258 habitants. Fondé sous Henri VIII en 1542, il ne s’agissait pas d’un siège particulièrement prestigieux, et ne couvrait à l’origine que l’Oxfordshire. Son statut avait été quelque peu rehaussé à partir de 1836 lorsque la décision fut prise par la Couronne, dans le cadre d’un redécoupage général des diocèses d...

En une quinzaine d’années, S. Wilberforce allait passer de jeune diacre en poste dans un village anglais à évêque et pair du royaume, ce qui le rendit rapidement suspect d’être animé par une ambition dévorante. Nous allons le voir dans ce chapitre occuper des responsabilités de plus en plus en vue et montrer déjà les qualités qu’il déploya ensuite comme évêque. Un prédicateur efficace et reconnu Samuel Wilberforce avait commencé à attirer l’attention sur lui rapidement après son ordination s...

Le 29 octobre 1845, le prince consort Albert écrivit une lettre à Samuel Wilberforce qui avait accepté sa nomination au siège d’Oxford quinze jours auparavant. Après six lignes où le prince expliquait qu’il avait hésité et atermoyé avant de rédiger ce courrier, il se mit en devoir de lui faire part de « [ses] conceptions sur la position qu’occupe un évêque à la Chambre des lords ». L’exposé de celles-ci commençait par ces mots : « Un évêque doit s’abstenir absolument de se mêler des questions...

Le nouvel évêque n’était pas un révolutionnaire et n’entendait pas bousculer son diocèse ni la fonction qu’il occupait. Il aura en revanche tout de suite à cœur d’affirmer son autorité, notamment vis-à-vis de ses anciens associés du mouvement tractarien. Il aura aussi à cœur d’investir pleinement son rôle de « père en Dieu » qu’il concevait comme étant au centre de son ministère épiscopal. Samuel Wilberforce au pays des tractariens Oxford – « cette douce cité aux flèches rêveuses » dont parl...

Bien loin d’apparaître comme une anomalie ou un franc-tireur, Samuel Wilberforce était pour ses contemporains l’exemple le plus visible de ce qu’on a pu appeler les « nouveaux évêques » (« new bishops »). Il acquit cette image par l’investissement qu’il montra comme pasteur de son diocèse, ainsi que par le rôle moteur qu’il prit parmi l’épiscopat de son Église, afin que celle-ci fasse entendre sa voix spécifique et originale. Un aggiornamento entre gentlemen S. Wilberforce n’était naturellem...

Le 24 juillet 1873, John Henry Newman écrivait dans un courrier privé : « Il y a quelque chose d’indiciblement triste dans l’image d’un homme qui s’en va, par un beau samedi, avec quelques amis, dans une jolie contrée, toutes choses autour de lui calmes et joyeuses et divines, et qui se retrouve soudain emporté dans les terribles ténèbres de l’autre monde. » C’est qu’en effet, cinq jours plus tôt, le 19 juillet 1873, Samuel Wilberforce était mort brutalement alors qu’il chevauchait en compagn...

The 17th century was a difficult time for bishops in England. Throughout the century, the country was beset with religious and political conflicts and violence, both verbal and physical. This situation was compounded by factions within monarchy, parliament and Church. The Church, in its widest sense, was roughly split between three entities: dissenters, Anglicans and Roman-Catholics. Before the Interregnum, the Episcopacy had been abolished although bishops did not lose their clerical status. Edward Stillingfleet (1635-1699), ordained in 1658 before the Restoration of 1660, believed that Episcopal oversight was the best method of Church jurisdiction. He noted that neither Christ not the Apostles had decreed any specific of Church government. If individual Churches or ministers stayed true to accepted practices and beliefs, there would have been less need for the Episcopacy. After the Glorious Revolution in 1689, Stillingfleet became the Bishop of Worcester. Throughout his career, Stillingfleet continually defended the Episcopacy against attacks by Dissenters who were against Episcopal authority and by Roman-Catholics who felt the bishops had deserted the true Christian faith. Le XVIIe siècle fut une période difficile pour les évêques d’Angleterre. Tout au long de ce siècle, l’Angleterre fut secouée par des conflits religieux et politiques d’une grande violence tant dans les débats que dans les conflits armés. Cette situation se trouva encore plus compliquée par les nombreuses factions divisant toutes les institutions du royaume, la monarchie, le Parlement ainsi que l’Église. L’Église elle-même, dans le sens le plus large, se trouvait divisée entre trois factions : les dissidents, les anglicans et les catholiques romains. À tour de rôle, tout au long du siècle, chacun de ces trois groupes maîtrisait l’équilibre du pouvoir ecclésiastique. Avant la chute de la Monarchie, l’épiscopat avait été aboli, même si les évêques n’avaient pas perdu leur statut clérical. Edward Stillingfleet (1635-1699), ordonné en 1658, avant la Restauration de 1660, croyait que le gouvernement épiscopal était le meilleur type de juridiction ecclésiale. Il notait que ni le Christ ni les Apôtres n’avaient institué de modèle de gouvernement spécifique pour l’Église. Si les Églises ou les pasteurs particuliers restaient fidèles aux pratiques et aux croyances généralement acceptées, le besoin d’avoir un mode de gouvernement épiscopal aurait été moins impérieux. Après la Glorieuse Révolution de 1689, Stillingfleet devint évêque de Worcester. Tout au long de sa carrière, Stillingfleet défendit toujours l’épiscopat contre les attaques des dissidents opposés à l’autorité épiscopale, et contre les catholiques romains qui sentaient que les évêques anglicans avaient abandonné la vraie foi.

Dans les parties de ��l���Histoire des variations des ��glises protestantes ��qu���il ��consacre �� ��l���Angleterre, Bossuet adopte une strat��gie pol��mique un peu diff��rente de celle adopt��e dans le reste de ��l���ouvrage. ��L�����v��que anglican Gilbert Burnet venait de publier une volumineuse History of the Reformation of the Church of England. Pour Bossuet, il ��s���agit de montrer, �� partir du texte de Burnet lui-m��me, ��l���impossibilit�� de ��consid��rer ��l�����glise anglicane ��comme le fruit ��d���une r��forme authentiquement religieuse., In the parts of the Histoire des variations des ��glises protestantes that he devoted to England, Bossuet adopted a polemical strategy that somewhat differs from the one he adopted throughout the rest of his work. The Anglican bishop Gilbert Burnet had just published the lengthy History of the Reformation of the Church of England. Bossuet set out to show, based on ��Burnet���s own text, the impossibility of regarding the Anglican Church as the product of an authentically religious reform.

Ce livre pose la question de l’autorité religieuse et du lien entre Églises protestantes et États dans différents pays européens : à l’époque moderne, qui peut définir l’orthodoxie ou l’hétérodoxie, avec quels critères et dans quelle mesure ces décisions sont-elles suivies, ou non, par les États ?, This book investigates religious authority and the link between Protestant churches and states in different European countries. It asks the following questions: In modern times, who can define orthodoxy or heterodoxy? With what criteria and to what extent do states follow or not follow these decisions?

Cet article souhaite examiner la question de l’accès des femmes à la prêtrise et à l’épiscopat dans l’Église d’Angleterre dans sa dimension de remise en cause de l’ordre patriarcal. Car il ne s’agit pas simplement d’ordonner des femmes à côté des hommes sans repenser la question de la différence des sexes dans l’interprétation des textes sacrés, dans la tradition et l’enseignement de l’Église, dans les codes et les pratiques de l’institution, ou encore dans la conception du pouvoir et du ministère. A travers l’analyse des éléments centraux du débat sur le sacerdoce féminin, on interrogera cette remise en cause du patriarcat et la compatibilité entre christianisme et féminisme. This paper aims to analyse how the issue of women’s access to priesthood and episcopacy in the Church of England has challenged patriarchy. Indeed, the point is not simply to ordain women alongside men, but to reconsider several issues such as the interpretation of Scripture, the teachings of the Church, institutional practices or even ministry itself, in the light of gender equality.

In late Stuart England, print genres such as histories and almanacs were happy to put a precise date on the Reformation, but 1517 was not widely memorialised. This was partly because the complex history of English Protestantism meant that different dates for its founding could be canvassed (the arrival of Luther's ideas in the 1520s, Henry VIII's 1532 break with Rome, the reforms of Edward VI's reign (1547-1553) and Elizabeth's ecclesiastical settlement (1558-1599); and because this ambiguous past was used as a weapon in contemporary religious battles. While Anglicans tended to point to the settlements under Henry and Elizabeth as their ideal moment in the past, Dissenters and the more radical wing of the church celebrated the reforms of Edward’s rule and efforts by the Elizabethan puritan movement to perfect worship in England from the 1560s. These disputes first prevented a dating consensus emerging, and then convinced those trying to unite English Protestantism that it was counter-productive to be too precise about Tudor history. Particularly after the 1689 Revolution, commentators tried to resolve the issue by placing the Reformation in the future. The idea that reform still had to be completed provided an unfinished objective to unite different strands of opinion. This enshrined the notion of a long Reformation, that was a process – not an event; and helps explain the great spiritual energy of late Stuart Protestantism. Au cours de la seconde moitié du XVIIe siècle, dans les histoires et les almanachs, 1517 était souvent évoquée comme la date du début de la Réforme, mais en dehors de ces références, cette date n'était pas particulièrement célébrée. Pour marquer le début de la Réforme en Angleterre, plusieurs dates pouvaient être choisies : l'arrivée des idées de Luther dans les années 1520, la rupture avec Rome d'Henri VIII en 1532, les réformes du règne d'Édouard VI (1547-1553) ou encore les lois ecclésiastiques du début du règne d'Élisabeth Ière (1558-1559). Cette diversité reflète la complexité de l'histoire du Protestantisme anglais et l'usage polémique qui pouvait être fait de ces ambiguïtés. Les Anglicans idéalisaient les règnes d'Henri VIII et d'Elizabeth Ière, tandis que les dissidents (Dissenters) et l'aile plus radicale de l'Église louaient les réformes d'Édouard VI et les efforts de purification de la liturgie menés par les Puritains à partir des années 1560. En raison de ces dissensions, il n’y eut pas de consensus sur la date du début de la Réforme et de plus, il apparut à ceux qui cherchaient à unir les Protestants anglais qu’il valait mieux éviter le sujet. Après la Révolution de 1689 en particulier, on a essayé de résoudre le problème en évoquant la Réforme comme un processus encore à venir. Cette idée permettait de créer un objectif commun en mesure d’unir ceux dont les opinions divergeaient. Cela institua l’idée que la Réforme était un processus au long cours et non un événement et cela nous permet de mieux expliquer la vigueur spirituelle du Protestantisme sous les derniers Stuarts.

The documents of the Roman Inquisition evidence the semantic embarrassment of the Inquisitors to define the members of the Church of England. The expression “of the Anglican sect of Protestants” is very rarely used for them. More often the British are defined as Calvinists or as Lutherans, more rarely as “Protestant heretics of England”, or as of the “mixed religion, part of Luther and part of Calvin.” The schemes crystallized in the Inquisitorial manuals present a conceptual framework that obviously did not work well for Protestants who were neither Lutherans nor Calvinists. The mechanical application of these uncertain definitions demonstrates not only the lack of a more sophisticated interpretative paradigm but also the bureaucratic nature of many of the inquisitorial proceedings. Les documents de l’Inquisition romaine mettent en évidence les difficultés que les inquisiteurs trouvaient à définir les membres de l’Église anglicane. Ils utilisaient rarement l’expression « la secte anglicane des protestants ». Les Britanniques étaient plus souvent appelés calvinistes ou luthériens, parfois aussi « hérétiques protestants d’Angleterre » ou représentants d’une « religion mixte, empruntant en partie de Luther et en partie de Calvin ». Les schémas disponibles dans les manuels des inquisiteurs offraient un cadre conceptuel qui ne correspondait pas aux protestants qui n’étaient ni luthériens ni calvinistes. L’application mécanique de ces définitions aléatoires montre à la fois l’absence d’un paradigme interprétatif sophistiqué et le caractère bureaucratique de la plupart des procédures inquisitoriales.

In order to pressurise the pope in Rome into granting Henry VIII’s divorce from Catherine of Aragon, the King summoned what would be latter known as the Reformation Parliament. Sitting from 1529 to 1536, it fundamentally changed the nature of Parliament and of English government, Henry VIII becoming conscious that he could best effect his will through the assent of Parliament in statute. Under the direction and impetus of the King, it passed laws which transferred religious authority from the Pope to the English Crown, affecting not only religious practice and doctrine – in a more schismatic than protestant way – but also many aspects of national life. Framed by the monarch’s will, the Reformation Parliament can thus be considered as an ambiguous but early step toward the doctrine of sovereignty of King-in-Parliament., Comment expliquer que l’Angleterre du XVIe siècle, profondément marquée dans ses structures politiques, économiques et sociales par le catholicisme romain s’en soit soudain défaite au profit de l’établissement d’une Église nationale ? Plus schismatique qu’hérétique, provoquée par les amours contrariés d’un roi de la Renaissance et facilitée par les écarts et les excès du clergé traditionnel, la Réforme henricienne ne peut être comprise qu’au regard du rôle central joué par l’institution parlementaire. Henry VIII, conscient que la Chambre des Communes est prompt à exprimer la lassitude croissante qu’éprouvent les classes commerçantes et industrielles face au joug religieux, n’hésite pas en effet à encourager, pour mieux l’encadrer, la montée en puissance du Parlement. C’est avec l’appui de ce dernier que s’effectue le passage du particulier au général, d’une demande d’annulation de mariage à un assaut contre l’ensemble des prérogatives pontificales. Il apparaît alors progressivement comme un instrument utile susceptible de favoriser le maintien, voire le renforcement, de la prérogative royale. Dès lors, si la place centrale qu’occupe le Parlement au sein des institutions anglaises ne sera véritablement assurée qu’avec le Bill of Rights de 1689, le Parlement de la Réforme n’en constitue pas moins un premier pas, ambivalent mais précoce, dans cette direction.

Spanish translations of the Book of Common Prayer in the 17th and 18th century and their use by various groups of Spanish Protestant exiles are a testimony to early interactions between the Anglican Church and Spain. Given this history, the creation in the late 19th century of the Spanish Reformed Episcopal Church, the small Spanish branch of the Anglican Communion, is not as odd as may first appear. In its prayer book, the Spanish Reformed Episcopal Church has fused the liturgical tradition represented by the Book of Common Prayer with the Mozarabic rite, the ancient liturgy of Spanish Christians. It thereby seeks to provide a door to Spain’s own indigenous liturgical heritage, which has virtually been forgotten in Spanish Roman Catholic practice. The Spanish, national identity of Anglicans in Spain is thus affirmed and celebrated. Les premiers liens entre l’Espagne et l’Eglise anglicane se mettent en place dès les XVIIe et XVIIIe siècles, par le biais des traductions du Book of Common Prayer et de leur utilisation par divers groupes de protestants espagnols réfugiés en Angleterre. Ces précédents éclairent la création, à la fin du XIXe siècle, de l’Eglise réformée épiscopale d’Espagne, création finalement moins inattendue que l’on pourrait le croire. La liturgie créée par l’Eglise réformée épiscopale associe la tradition liturgique du Book of Common Prayer au rite mozarabe, la liturgie espagnole du haut Moyen Age. Elle cherche ainsi à offrir une occasion de renouer avec la tradition liturgique propre à l’Espagne, qui avait quasiment complètement disparu de la pratique de l’Eglise catholique romaine espagnole. Aussi la spécifité nationale espagnole des anglicans d’Espagne est-elle affirmée et reconnue.

International audience; For a long time, Methodism had a complicated relation with its “Mother Church”, the Church of England, and the liturgical question provides a good illustration of this. Even though they separated from the Church of England in the 1790s, Wesleyan Methodists (the majority group) followed the instructions and practice of the founder, John Wesley, by making it compulsory to use the Book of Common Prayer for their offices, while allowing at the same time for impromptu prayers (also dear to their founder’s heart). Non-Wesleyans, on the contrary, eager to distinguish themselves from the detested Church of England, did not use a set form of worship for most of the 19th century and their services were generally improvised. After describing the (Wesleyan and non-Wesleyan) Methodist vision of the liturgy of the established Church in the 18th and 19th centuries, this article will study the reasons why the British Methodist Churches adopted set liturgies from the 1860s, and how they were created. Finally, we will see to what extent these 19th- and 20th- century rituals were indebted to the Book of Common Prayer.; Né d’une scission d’avec l’Eglise d’Angleterre, le méthodisme entretint longtemps une relation compliquée avec son « Eglise mère » et la question de la liturgie en est un bon exemple. Tout en rompant avec l’anglicanisme, les méthodistes wesleyens (majoritaires), fidèles en cela auxsouhaits et à la pratique du fondateur, John Wesley, étaient, en effet, officiellement tenus de fonder leurs offices sur le Book of Common Prayer, tout en laissant une place aux prières impromptues, à laquelle leur fondateur accordait également une grande importance. Les non wesleyens, en revanche, soucieux de se démarquer d’une Eglise d’Angleterre honnie ne disposèrent, pendant une bonne partie du XIXe siècle, d’aucun rituel, et improvisaient donc largement leurs offices. Cet article, après avoir rappelé la vision qu’avaient les méthodistes (wesleyens et non wesleyens) de la liturgie de l’Eglise d’Angleterre, se propose d’étudier les raisons qui poussèrent les confessions méthodistes, à se doter, les unes après les autres, à partir des années 1860, de rituels, et comment ceux-ci furent conçus. Enfin, nous étudierons dans quelle mesure les liturgies méthodistes du XIXe et du XXe siècles sont inspirées du Book of Common Prayer , et dans quelle mesure elles s’en écartent.

In common with other churches of the Protestant and Catholic Reformations, the Church of England identified its own worship with that of the ancient Jewish Temple in Jerusalem and of the early Church. In the aftermath of Queen Mary’s restoration of Catholicism, the Church of England’s liturgical identity was also dominated by a severe Puritan reaction against all Catholic forms. In the last decade of Elizabeth’s reign, however, an ‘avant-garde’ of clergy emerged committed to greater ceremonialism in worship according to the Book of Common Prayer. The Laudian high churchmanship that emerged from this beginning was a movement in tension, looking simultaneously to the Patristic Church, the pre-Reformation Church in England (with a strong strain of ‘gothic survivalism’) and the even more risky world of the continental baroque. From the seventeenth to the nineteenth centuries, the Church of England was conscious of affinities with the Gallican, nationalist tradition in the French Church, but at either end of this period the Tridentine baroque would also prove seductively fascinating to many Anglicans. The use of the chancel screen was frequently a touchstone of this debate. While the Gallican tradition was effectively submerged within Roman Catholicism by the French Revolution and the First Vatican Council, the tension between the ‘Gallican’ and ‘Tridentine’ tendencies within Anglican high churchmanship remains alive to this day. In the nineteenth century, influential Anglican converts to the Church of Rome brought with them their contrasting convictions about the appropriate architectural setting for the liturgy. The architect A. W. N. Pugin, firmly committed to liturgical Gallicanism, advocated medieval music, architecture and Sarum ceremonial, while John Henry Newman and his fellow Oratorians insisted on an ultramontane liturgy and architecture. Through the creation of the Anglican Ordinariate within the Roman Catholic Church, the Anglican tradition continues to bear witness to the diversity of the Catholic tradition. Comme les autres Eglises issues des Réformes protestantes et catholiques, l’Eglise d’Angleterre concevait sa liturgie en continuité avec celle du Temple antique de Jérusalem et de l’Eglise primitive. Après l'expérience de restauration par Marie Tudor du catholicisme, l'identité liturgique de l'Eglise d'Angleterre fut dominée par une violente réaction puritaine contre toute forme de pratique qui rappelait le catholicisme. Cependant, dans la dernière décennie du règne d'Elisabeth Ire, apparut une avant-garde cléricale acquise à plus de cérémonial dans le culte célébré selon les rites du Book of Common Prayer. De ces prémices, naquit ensuite la haute Eglise laudienne inspirée, non sans tensions, de l’Eglise des Pères, de l’Eglise médiévale anglaise (avec un goût pour les survivances gothiques) et du baroque continental auquel elle se risquait. Du XVIIe au XIXe siècle, l’Eglise d’Angleterre était très consciente de profondes affinités avec la tradition gallicane et nationale de l’Eglise de France, mais au commencement comme à la fin de cette période, le baroque tridentin a aussi fasciné et séduit maints anglicans. La présence ou non d’un jubé était à l’époque un des enjeux essentiels. Alors que la Révolution française et le premier Concile du Vatican sonnèrent la fin de la tradition gallicane au sein du catholicisme, les tensions entre les tendances « gallicane » et « tridentine » au sein de la haute Eglise anglicane restent vives encore aujourd’hui. Au XIXe siècle, d’influents anglicans, convertis à l’Eglise catholique romaine, y importèrent leurs désaccords sur le cadre architectural le plus approprié pour la liturgie. L’architecte A. W. N. Pugin, défenseur convaincu du gallicanisme liturgique, plaidait pour la musique et l’architecture médiévales ainsi que pour le cérémonial du rite de Salisbury, alors que Newman et ses amis oratoriens insistaient sur une liturgie et architecture ultramontaines. Par le biais de la création des Ordinariats anglicans au sein de l’Eglise catholique romaine, la tradition anglicane continue à porter témoignage de la diversité de la tradition catholique.

French Reformed minister Eugène Bersier’s liturgy, which he composed for his congregation at the Temple de l’Etoile in Paris in 1874-76, is an example of extensive borrowing from Anglican liturgical tradition. Although this liturgy was only ever used by Bersier’s congregation, its influence on the French Reformed Church was far-ranging because it constituted the basis of a proposal for liturgical reform that Bersier drafted at the request of the French Reformed synod in 1888 and which led to considerable change in French Reformed worship. The Bersier liturgy is not a case of merely adopting the Anglican liturgy as it was. The liturgical text of the Bersier liturgy owes much to the Book of Common Prayer, and the architecture, decoration and music of his Paris church were influenced by Anglican cathedral worship. But Bersier adapted the Book of Common Prayer to French Reformed sensibilities and even downplayed Anglican influence as he responded to criticisms of ritualism and servile imitation of the Anglican high church party. La liturgie du pasteur réformé français Eugène Bersier, composée pour sa paroisse du Temple de l’Etoile à Paris en 1874-76, fait de nombreux emprunts à la tradition liturgique anglicane. Bien que cette liturgie n’ait été utilisée que par la paroisse de Bersier, son influence sur l’Eglise réformée de France fut importante car elle a constitué le fondement d’une proposition de réforme liturgique que Bersier a élaborée à la demande du synode de l’Eglise réformée de France en 1888 et qui a ensuite conduit à d’importantes évolutions dans le culte réformé. Bersier, dans sa liturgie, n’a pas simplement fait sienne la liturgie anglicane. En effet, si le texte liturgique de Bersier doit beaucoup au Book of Common Prayer et si l’architecture, la décoration et la musique dans son temple parisien reprenaient de nombreux éléments du culte anglican tel qu’on pouvait le voir dans les cathédrales anglaises, Bersier a aussi adapté le Book of Common Prayer à la sensibilité des réformés français et a même minimisé les influences anglicanes pour répondre à ceux qui l’accusaient d’être un ritualiste et d’imiter de façon servile la haute église anglicane.

International audience

International audience

Le religieux et ses symboles saturent littéralement l’espace irlandais, tant celui de la République au Sud, malgré la crise actuelle de l’église catholique et la montée d’un anticléricalisme volontiers virulent, que celui de l’Irlande du Nord où le conflit n’en finit pas de finir, bientôt quinze ans après les accords de paix dits du Vendredi Saint. Cette saturation est essentiellement le fait des groupes dominants, presbytériens au nord et catholiques au sud, alors que les anglicans se singularisent en faisant preuve d’une discrétion très marquée, voire d’une quasi invisibilité. C’est cette absence dans l’espace public que cet article se propose d’explorer. Quatre explications potentielles sont successivement explorées : discrétion par essence (comme d’ailleurs la communion anglicane en général), par conjoncture historique (un lourd passé difficile à assumer), par la somme de ces deux traits (une quasi impossibilité de se placer entre catholiques et protestants dans le contexte irlandais) et, enfin, la discrétion qui s’avère indispensable à tout groupe à la fois très minoritaire et suspect à la majorité.

Le régime belge des cultes est un régime hybride, qui établit l'indépendance des cultes tout en maintenant un financement public. La législation relative à la gestion du temporel des cultes, héritée du régime concordataire napoléonien, devra s'adapter au nouveau régime constitutionnel né de l'affirmation de la séparation de l'Eglise et de l'Etat. Dans un premier temps, elle sera modifiée dans un sens favorable à l'Eglise catholique, avant de se trouver au coeur de la discorde entre catholiques et libéraux. Elle ne sera cependant jamais revue en profondeur, la Belgique ne connaissant jamais de loi de séparation comparable à la loi de 1905 en France.Aujourd'hui encore, l'organisation du financement public des cultes repose sur les bases établies au XIXème siècle., Doctorat en Histoire, art et archéologie, info:eu-repo/semantics/nonPublished

International audience

International audience; Notice qui étudie les ressorts de l'anti-papisme à travers l'histoire moderne et contemporaine.

This article explores the corporate nature of missionary Anglicanism and its architectural consequences in Britain’s empire during the nineteenth century. It is argued that in highlighting the incorporated status of ecclesiastical organisations such as the Society for the Propagation of the Gospel in Foreign Parts and the Colonial Bishoprics’ Fund we are able to reach a better understanding of not just how the objectives of these organisations mapped onto their operations “in the field” but also how the form of the accompanying ecclesiastical architecture was affected by their agenda. It is suggested that the influence and authority of these organisations, through their patronage, gave distinct shape to much of the Anglican missionary enterprise during this period, leading to a form of architecture that was in many respects a direct expression of the ideals and practices of the English Church as a constitutionally incorporated entity. This was therefore an architecture that can be seen to have both embodied and represented a certain “corporate identity.” Dieser Artikel befasst sich mit dem Firmencharakter des missionarischen Anglikanismus und der aus diesem im Laufe des 19. Jahrhunderts entstandenen Architektur im Britischen Kolonialreich. Wenn man den kapitalgesellschaftlichen Status kirchlicher Organisationen wie der Gesellschaft für die Verbreitung des Evangeliums im Ausland (Society for the Propagation of the Gospel in Foreign Parts) und der Bischöflichen Kolonialkasse (Colonial Bishoprics’ Fund) in den Vordergrund rückt, wird nicht nur besser verständlich, wie deckungsgleich die Ziele dieser Organisationen und ihre Maßnahmen vor Ort waren, sondern auch wie die Form der damit einhergehenden Sakralarchitektur von diesem Programm beeinflusst wurde. Die Vermutung liegt nahe, dass Einfluss und Autorität dieser Organisationen aus ihrer Bauherrenfunktion heraus in dieser Zeit die Form des Anglikanischen Missionsunternehmens erkennbar prägten und zu einer Architekturform führten, die in vielerlei Hinsicht ein direkter Ausdruck der Ideale und der Praxis der Englischen Kirche als kapitalgesellschaftlich konstituierte Einheit war. Daher kann diese Architektur sowohl als Verkörperung wie auch als Repräsentation einer gewissen Unternehmensidentität (corporate identity) gelesen werden. Este artículo aborda la naturaleza corporativa del anglicanismo misionero y sus consecuencias arquitectónicas en el imperio británico durante el siglo XIX. Sostiene que si se ahonda en la dimensión corporativa de las organizaciones eclesiásticas tales como la Sociedad para la difusión del evangelio en el en extranjero (the Society for the Propagation of the Gospel in Foreign Parts) y el Fondo para los obispados coloniales (el Colonial Bishoprics’ Fund) no sólo se entienden mejor los objetivos de estas entidades reflejados en sus actividades sobre el terreno, sino también cómo afectó su programa a la arquitectura eclesiástica que lo acompañó. El artículo argumenta que la influencia y la autoridad de estas organizaciones, a través de su mecenazgo, dieron una forma diferenciada a buena parte de la actividad misionera anglicana durante este periodo, y origen a una manifestación arquitectónica, que, en muchos aspectos, fue una expresión directa de los ideales y las prácticas de la Iglesia de Inglaterra como entidad corporativa. Por ello, puede considerarse que esta arquitectura plasmaba y representaba cierta «identidad corporativa». Cet article étudie la structure entrepreneuriale de l’anglicanisme missionnaire et ses répercussions architecturales dans l’Empire britannique au XIXe siècle. Le texte part de la supposition que, en soulignant le rôle des organisations ecclésiastiques intégrées dans l’Église anglaise, parmi lesquelles la Société pour la diffusion de l’Évangile dans les territoires étrangers (Society for the Propagation of the Gospel in Foreign Parts) et le Fonds des évéchés coloniaux (Colonial Bishoprics’ Fund), l’on comprend mieux l’articulation entre les objectifs de ces organisations et leurs opérations « sur site », ainsi que l’influence de leur programme sur la forme de l’architecture ecclésiastique. L’hypothèse générale est que l’influence et l’autorité de ces organisations de par leur position de commanditaire sont à l’origine de la forme caractéristique d’une grande partie des opérations des missions anglicanes de cette époque ayant produit une forme d’architecture qui traduit à de nombreux égards les idéaux et la pratique de l’Église anglaise en tant qu’entité « constituée légalement en entreprise ». Cette architecture peut donc être lue à la fois comme incarnation et représentation d’une certaine identité d’entreprise. Questo articolo esplora la natura corporativa dell’anglicanesimo missionario e le sue conseguenze architettoniche sull’Impero britannico nel corso del diciannovesimo secolo. Il testo parte dall’assunto che, mettendo in luce la situazione delle organizzazioni ecclesiastiche « incorporate » alla Chiesa inglese – tra le quali la Società per la propagazione del Vangelo all’estero (Society for the Propagation of the Gospel in Foreign Parts) e il Fondo delle diocesi coloniali (Colonial Bishoprics’ Fund) –, sia possibile capire meglio non solo come i fini di queste organizzazioni corrispondessero alle loro operazioni sul territorio, ma anche come la forma dell’architettura ecclesiastica correlata sia stata influenzata dal loro programma. L’idea di fondo è che queste organizzazioni autorevoli e influenti, attraverso il loro patrocinio, abbiano modellato gran parte delle imprese missionarie anglicane dell’epoca, portando ad una forma architettonica che per molti aspetti era un’espressione diretta degli ideali e delle pratiche della Chiesa inglese in quanto entità costituzionalmente incorporata. Questo tipo di architettura può essere quindi vista come incarnazione e rappresentazione di una sorta di identità corporativa.

International audience

National audience; « Il est difficile, voire impossible, de donner une définition synthétique de l’anglicanisme du fait de la diversité interne des pratiques, des attitudes, des spiritualités et même des théologies. Pour l’auteur, c’est précisément ce pluralisme interne dans son dynamisme qui forge l’identité de la Communion anglicane. Celle-ci lui apparaît comme établissant un pont entre catholicisme et protestantisme. (…) Un livre à lire pour découvrir l’anglicanisme dans lequel a grandi John Henry Newman. »La Croix, 16 septembre 2010

International audience

Roger L'Estrange (1616-1704) was one of the most remarkable, significant and colourful figures in seventeenth-century England. Whilst there has been regular, if often cursory, scholarly interest in his activities as Licenser and Stuart apologist, this is the first sustained book-length study of the man for almost a century. L'Estrange's engagement on the Royalist side during the Civil war, and his energetic pamphleteering for the return of the King in the months preceding the Restoration earned him a reputation as one of the most radical royalist apologists. As Licenser for the Press under Charles II, he was charged with preventing the printing and publication of dissenting writings; his additional role as Surveyor of the Press authorised him to search the premises of printers and booksellers on the mere suspicion of such activity. He was also a tireless pamphleteer, journalist, and controversialist in the conformist cause, all of which made him the bête noire of Whigs and non-conformists. This collection of essays by leading scholars of the period highlights the instrumental role L'Estrange played in the shaping of the political, literary, and print cultures of the Restoration period. Taking an interdisciplinary approach the volume covers all the major aspects of his career, as well as situating them in their broader historical and literary context. By examining his career in this way the book offers insights that will prove of worth to political, social, religious and cultural historians, as well as those interested in seventeenth-century literary and book history.

International audience