Au XVIe siècle l’Académie des Intronati produit à Sienne des comédies romanesques, mais ancrées dans la réalité contemporaine, vite célèbres dans toute l’Italie et à l’étranger. Ces fêtes sont officiellement offertes aux nobles dames de la ville car les académiciens veulent rester fidèles à l’idéal courtois rappelé par le traité de Castiglione. On connait le goût des Siennoises pour le théâtre et leur participation à des représentations privées. Leur renommée dans le domaine intellectuel est attestée par les dédicaces qu’on leur adresse, les poésies qu’elles composent, les écrits qui louent leurs qualités d’esprit et leur culture. L’acteur qui sur scène prononce le prologue célèbre leurs beautés, tout en utilisant un langage équivoqué plein de sous-entendus qui suggère ainsi un jeu érotique entre les spectatrices et les scénographes. Cependant ces représentations répondent aussi aux nécessités diplomatiques de la petite république, contrainte d’honorer les puissants qui menacent son destin politique : le jeu affiché par les académiciens dissimule des nécessités moins festives. Pour honorer les dames l’intrigue met en valeur des héroïnes qui, malgré des tribulations inspirées des romans alexandrins, affirment leur fidélité à l’homme aimé, et les comédies s’achèvent par des mariages d’amour, offrant aux spectatrices une vision utopique de leur condition. Pourtant ce schéma moralisateur laisse entrevoir une forte tension érotique dans les relations hommes/femmes. La représentation s’appuie aussi sur la satire traditionnelle des défauts féminins qui constitue un ressort comique éprouvé, car la dignité académique doit se plier aux contraintes de la scène et composer avec les préjugés du quotidien. Les spectatrices sont ainsi invitées à rire, sinon de leur propre image, tout au moins des faiblesses imputées au genre féminin. In the sixteenth century the Academy of the Intronati produced romantic comedies in Siena, which were rooted in contemporary reality. These comedies quickly became famous throughout Italy and abroad. These festivals were officially offered to the noble ladies of the city because the academicians wanted to remain faithful to the courtly ideal evoked in Castiglione’s treatise. Sienese women’s taste for the theatre and their participation in private performances is well-known. Their fame in the intellectual field is attested by the dedications they received, the poems they composed, the writings that praised their qualities of mind and culture. The actor who says the prologue praises their beauty, while using an equivocal language that is full of innuendoes. Such performances also answer the diplomatic needs of the small republic, which was forced to honor the powerful ones who threatened its political destiny. In order to honor ladies, the plot highlights heroines who, despite tribulations inspired by Alexandrian novels, affirm their fidelity to the man they love, and the comedies end with love marriages, offering to female spectators a utopian vision of their condition. However, this moralistic scheme suggests a strong erotic tension in male/female relationships. The performance also relies on the traditional satire of women's shortcomings, which is a tried-and-tested comic device, as academic dignity must bend to the requirements of the stage and deal with the prejudices of everyday life. The female spectators are thus invited to laugh, if not at their own image, at least at the weaknesses of women.