Tetard, C., Enaud, R., Rigalleau, V., Wilsius, E., Kerlogot, L., Chevrier, C., Laharie, D., Pellet, G., Lamireau, T., and Poullenot, F.
Les produits finaux de glycation avancée (PGA) sont une famille de composés divers qui sont le produit de réactions non enzymatiques entre des sucres réducteurs et des protéines, lipides ou acides nucléiques. L'augmentation de la glycémie combinée ou non à des processus oxydatifs majore leur formation. Les PGA s'accumulent avec l'âge jouant un rôle important dans le vieillissement. Ils sont considérés comme la mémoire métabolique de l'organisme. Dans certaines pathologies comme le diabète, leur accumulation est particulièrement augmentée et corrélée aux complications micro- et macrovasculaires, ainsi que dans de nombreuses pathologies chroniques (hypertension artérielle, cirrhose, maladie neurodégénérative...). Notre hypothèse est que les patients avec nutrition parentérale (NP), soumis à des apports glucidiques importants par voie intraveineuse au long cours, ont une accumulation plus marquée des PGA, qui pourrait être associée à long terme à un sur-risque métabolique et vasculaire. Le taux de PGA cutané a été mesuré par auto-fluorescence (AGEReader®) chez des patients adultes en nutrition parentérale au domicile (NPAD), et comparé aux valeurs de la population générale. Les taux de PGA ont été considérés comme élevés lorsqu'ils étaient supérieurs à 120 % de la valeur théorique attendue pour l'âge, d'après les normes établies par Kostier et al. Les paramètres de la prise en charge nutritionnelle (nombre de jours de perfusion, ancienneté de la NP, apports nutritionnels par la NP...) et les facteurs métaboliques et cardiovasculaires associés (tabac, diabète, hypertension artérielle, risque SCORE, insuffisance rénale chronique, atteinte hépatique...) ont été comparés chez les patients avec PGA élevés par rapport à ceux avec PGA dans les normes. Cinquante-deux adultes ont été inclus, en NPAD depuis en moyenne 14 mois [5,0 ; 70,5]. Plus de la moitié des patients (n = 28, soit 54 %) avaient un taux de PGA élevé. La présence de PGA élevés était significativement associée à un apport plus important de glucides dans la nutrition parentérale, comparé aux patients avec des PGA dans les normes (2,81 g/kg/j [1,69 ; 3,47] vs 1,62 g/kg/j [1,11 ; 2,16] respectivement, p < 0,01). La présence de PGA élevés était également associée à des apports parentéraux plus importants de calories non protidiques (16,4 kcal/kg/j [10,7 ; 24,4] vs 11 kcal/kg/j [7,8 ; 14,7] p < 0,01), de lipides (0,68 g/kg/j [0,41 ; 1,02] vs 0,49 g/kg/j [0,34 ; 0,63], p = 0,02) et de protides (0,14 g/kg/j [0,09 ; 0,22] vs 0,11 g/kg/j [0,07 ; 0,13], p = 0,04). Nous n'avons pas mis en évidence d'association entre les mesures de PGA et l'ancienneté de la NP, le nombre de perfusions par semaine, ou les facteurs de risque métaboliques ou cardiovasculaires (risque SCORE, tabac, diabète, hypertension artérielle, maladie coronarienne). Cette étude pilote suggère que l'accumulation des PGA est augmentée chez les sujets en nutrition parentérale prolongée, probablement en lien avec les apports nutritionnels parentéraux, notamment glucidiques. Des études avec des effectifs plus importants seront nécessaires pour confirmer cette hypothèse et évaluer la corrélation avec d'éventuels évènements cardiovasculaires. [ABSTRACT FROM AUTHOR]