Introduction Le syndrome de Netherton (SN) est une genodermatose rare, de transmission autosomique recessive, par mutation du gene SPINK5 . Il s’accompagne classiquement de manifestations de type atopique. Les allergies alimentaires ont ete peu decrites. Materiel et methodes Il s’agit d’une etude retrospective des dossiers de patients ayant un SN (diagnostic histologique, immuno-histochimique et/ou moleculaire) vus ou suivis dans notre hopital : analyse des manifestations digestives, de la croissance staturo-ponderale (SP), des resultats biologiques (IgE totales et specifiques, puce ISAC [ micro-array Thermo-Fisher ], tests cutanes). Observations Cinquante dossiers de patients atteints de SN ont ete analyses ; 25 patients ont pu etre evalues. L’âge moyen etait de 14 ans (2–36) ; 50 % presentaient des signes digestifs : reflux gastro-œsophagien (33 %), diarrhees (17 %), constipation (10 %) ; 88 % avaient un poids et/ou une taille inferieurs a la moyenne, 52 % un retard SP (Z-score de poids et/ou taille ≤ −2) ; 32 % soit 8 patients avaient une gastrostomie. 100 % avaient des IgE totales elevees avec une mediane a 4904 kU/L (42–35 564). Concernant les IgE specifiques (nombre de patients evalues) : proteines de lait de vache (13) : 100 % (> 24 kU/L* : 23 %) ; blanc d’œuf (14) : 92 % (> 2,5 kU/L* : 54 %) ; arachide (12) : 100 % (> 15 kU/L* : 45 %) ; ble (11) : 100 % ; soja (9) : 77 % ; moutarde (3) : 100 % ; poisson (2) : 100 % ; noisette (1) : 100 % [*90 % de risque de reactivite clinique]. La puce ISAC etait positive chez les 4 patients evalues avec une mediane de 8 allergenes (5–19), 5 pneumallergenes (bouleau++) (0–11), 4 trophallergenes (3–8). Les allergenes dominants etaient le ble, puis l’œuf et le lait de vache de facon identique. Les allergies croisees dominantes concernaient le PR 10 (bouleau/noisette, pomme, peche, soja, arachide). Concernant les prick-tests, une positivite etait obtenue pour le lait de vache, l’arachide, la noisette et la moutarde chez 2 enfants sur 4. Les patch-tests etaient impossibles en raison de l’etat cutane. Discussion Le retard de croissance, d’origine multifactorielle, est present chez un peu plus de la moitie des enfants atteints de SN. Une allergie alimentaire est observee chez 100 % de ces patients. L’interrogatoire et les explorations biologiques doivent permettre de les identifier. La correlation clinico-biologique n’est pas toujours evidente. Les tests cutanes sont d’interpretation difficile. Les principaux allergenes sont le lait de vache, le blanc d’œuf, l’arachide et le ble. La relation entre l’allergie alimentaire et le retard de croissance SP est encore mal comprise. Un regime d’elimination specifique est indispensable pour chacun, afin de ne pas majorer une difficulte de croissance. Conclusion L’allergie alimentaire est largement sous-estimee chez les patients atteints de SN : elle est constante dans cette serie. Ces allergies sont essentielles a integrer dans la prise en charge avec un regime d’elimination specifique. Un protocole de prise en charge est en cours.