Jamet, Eric, Cojean, Salomé, Colliot, Tiphaine, Erhel, Séverine, Gonthier, Corentin, Laboratoire de Psychologie : Cognition, Comportement, Communication (LP3C - EA1285), Université de Bretagne Sud (UBS)-Université de Brest (UBO)-Université de Rennes 2 (UR2), Université de Rennes (UNIV-RENNES)-Université de Rennes (UNIV-RENNES)-Institut Brestois des Sciences de l'Homme et de la Société (IBSHS), and Université de Brest (UBO)
International audience; L'objectif de cette étude est d'analyser les effets de pratiques du multitasking sur la qualité des apprentissages pendant les cours à l'université. Le multitasking renvoie ici à la réalisation d'activités concurrentes à l'apprentissage comme, par exemple, l'envoi de messages instantanés ou de sms, la navigation sur internet ou des discussions entre étudiants. Les résultats de cette étude réalisée dans un contexte naturel de cours auprès de 187 étudiants montrent que ces pratiques sont très fréquentes, notamment pour les étudiants utilisant un ordinateur en cours, mais aussi qu'elles ont une influence négative sur la qualité de la mémorisation du cours.-Mots clés : Multitasking, apprentissage, université, charge cognitive, concurrence cognitive 1-Introduction Il est extrêmement fréquent pour des étudiants assistant à des cours de pratiquer d'autres activités simultanément. Ces activités vont de discussions à la lecture de journaux mais aussi, de plus en plus, de tâches réalisées sur leur téléphone ou leurs ordinateurs. Il faut bien sûr dans ce dernier cas distinguer les activités pertinentes pour le cours (prise de notes, usage d'un logiciel enseigné ou recherche d'une information au sujet du cours sur internet) de celles qui constituent des activités potentiellement concurrentes à l'apprentissage : réseaux sociaux, courriers électroniques, messages instantanés, discussions ou jeux. Il existe dans la littérature en psychologie cognitive et en psychologie de l'éducation de très nombreux modèles théoriques décrivant les processus cognitifs mobilisés pendant les apprentissages. Nous nous appuierons ici sur un modèle simplifié de ces traitements, proposé par Richard Mayer (Voir Fiorella & Mayer, 2015 pour une présentation récente). Ce modèle de l'apprentissage génératif s'appuie sur un modèle classique de la mémoire distinguant trois grandes catégories de stockage dans lesquelles les informations vont être traitées successivement : des mémoires sensorielles précoces dans lesquelles le stockage est très éphémère (quelques centaines de millisecondes), une mémoire de travail à capacité limitée permettant le stockage de l'information pendant quelques dizaines de secondes, et enfin une mémoire à long terme permettant de stocker durablement l'information apprise. L'apprentissage profond implique, dans ce modèle, que l'apprenant traite de manière active le document sur la base de processus centraux (e.g. sélectionner l'information pertinente