En France, 10 % des 13 700 000 mineurs sont reconnus comme maltraités et 50 % des mineurs violentés le sont avant l'âge de 2 ans. L'article 19 de la Convention Internationale sur les droits de l'enfant, donne obligation aux États de protéger les enfants contre toute violence, d'où le souci, en France, d'une justice efficiente et d'un parcours le moins impactant pour les mineur(e)s présumé(e)s victimes lors d'une procédure. Une procédure judiciaire, en particulier une audition de mineur(e)s présumé(e)s victimes, menée par des enquêteurs, peut être un moment éprouvant. Afin que les conditions de déposition soient les moins traumatisantes possibles, comme proposé depuis 2012 aux États-Unis, une expérience d'accompagnement par un chien d'assistance judiciaire (CAJ) de mineur(e)s a débuté à Cahors en 2019 puis dans d'autres villes comme Orléans. Cet accompagnement par un CAJ peut se faire durant toutes les étapes de la procédure judiciaire et n'existe pour le moment qu'en France au niveau européen. Avant de proposer que cet accompagnement soit systématisé, il est nécessaire d'évaluer le ressenti des personnes impliquées dans cet accompagnement, en particulier des victimes, ce qui est l'objectif de cette étude. Cette étude est multicentrique, menée à Orléans et Cahors, rétrospective et descriptive. Les données ont été recueillies en 2021 à partir d'hétéro-questionnaires proposés aux mineurs et centrés sur leurs comportements et leurs ressentis (n = 111), avant présentation du CAJ, durant la présence du CAJ et en fin d'audition. Le ressenti des enquêteurs, des accompagnants et des autres intervenants professionnels a été aussi recueilli. Avant la présentation du CAJ, 60 % des mineurs étaient inquiets et 17 % étaient souriants. Après l'audition, en présence du chien, et au moment du départ : 4,5 % d'entre eux présentaient encore des signes d'inquiétude et 27 % étaient souriants. Le CAJ a eu un effet apaisant sur tous les intervenants également. Il n'a pas perturbé le déroulé des auditions. Le CAJ a été garant d'une totale neutralité, n'a induit aucune suggestibilité et a su se positionner auprès des mineurs de façon discrète, douce et efficace. La relation triangulaire – mineur, enquêteur, CAJ – semble bénéfique pour les personnes impliquées selon les témoignages des mineurs et des professionnels. Le CAJ est ainsi catalyseur de l'attention des mineurs, protecteur face à l'inconnu, il semble favoriser la libération de la parole et instaurer une dynamique d'apaisement. Le contact physique et visuel avec le CAJ a eu une pleine fonction de réassurance. Pour les enquêteurs qui ont rencontré généralement pour la première fois le mineur, le CAJ a été apprécié en tant que réel soutien, partenaire de travail et renforçateur positif neutre, car ceux-ci ont dû exercer leur métier selon une approche juridique d'absolue neutralité qui ne correspondait pas nécessairement aux besoins des mineurs traumatisés qu'ils recevaient, ce qui rendait parfois leur approche difficile. Les résultats soulignent aussi l'effet protecteur possible du CAJ sur les professionnels pouvant être sujets au traumatisme vicariant ainsi que sur les proches et/ou accompagnants des mineurs qu'il rassurait. Concernant les refus d'être accompagné par le CAJ, il peut y avoir la notion de danger, d'agressivité de la part du chien d'où l'importance de proposer cet accompagnement en connaissance d'éventuelles réticences voire de phobie. Cette étude française pilote sur l'accompagnement des mineurs par un chien d'assistance judiciaire a des limites liées à un effectif peu important. Elle a cependant l'avantage d'être originale et d'ouvrir la voie à des études ultérieures. L'impact de l'accompagnement du CAJ sur l'ensemble des mineurs et des intervenants a été globalement positif. L'intérêt d'étendre ce type d'étude aux autres sites avec CAJ, en y associant les regards de pédopsychiatres et de comportementalistes, pourrait permettre d'avoir un aperçu encore plus significatif et d'optimiser l'accompagnement des mineurs en nous appuyant sur l'observation des interactions animal-humain. In France, 10% of the population's 13,700,000 minors are recognized as abused, and 50% of abused minors are under the age of 2. Article 19 of the International Convention on the Rights of the Child obliges States to protect children against all forms of violence, hence the concern, in France, for efficient justice and the least possible impact on minors presumed to be victims during proceedings. Legal proceedings conducted by investigators, and in particular those hearings of minors presumed to be victims, can be a trying time. To ensure that the conditions for giving evidence are as untraumatizing as possible, an experiment involving the accompaniment of minors by a courthouse dog (CHD) was begun in Cahors in 2019 and was extended to other towns such as Orléans. This accompaniment by a CHD, inspired by an initiative developed in the United States in 2012, can take place during all stages of the legal process. Currently, France is the only European country to experiment with this accompaniment. Before proposing a systematization of the use of CHD, it is necessary to assess the feelings of those involved in this accompaniment, particularly those of the victims, which is the aim of this study. This study is multicentric (conducted in Orléans and Cahors), retrospective, and descriptive. Data were collected in 2021 using hetero-questionnaires proposed to the minors and focusing on their behaviors and feelings (n = 111), before presentation of the CHD; during the presence of the CHD; and at the end of the hearing. The feelings of the interviewers, caregivers, and other professionals were also collected. Before the CHD presentation, 60% of the minors were worried and 17% were smiling. After the hearing and on departure, in the presence of the dog: 4.5% were still showing signs of anxiety and 27% were smiling. The CHD had a calming effect on all those involved, too. It did not disrupt the course of the hearings. The CHD guaranteed total neutrality, did not induce any suggestibility, and was able to position himself with the minors in a discreet, gentle, and effective manner. The triangular relationship – juvenile, investigator, CHD – appears to be beneficial for all involved, according to the testimonies of both juveniles and professionals. The CHD is a catalyst for the minors' attention, a protector in the face of the unknown; it seems to encourage the freeing of speech and establishes a calming dynamic. Physical and visual contact with the CHD had a reassuring effect. For the investigators, who were generally meeting the minor for the first time, the CHD was appreciated as a real support, as a working partner and a neutral positive reinforcer, as investigators must exercise their profession according to a legal approach of absolute neutrality that does not necessarily correspond to the needs of the traumatized minors they receive, which sometimes makes it difficult to establish a connection. The results also underline the possible protective effect of the CHD on professionals who may be prone to vicarious trauma, as well as on those close to and/or accompanying the minors, who were also reassured by the animal's presence. As far as refusal to be accompanied by the CHD is concerned, there may be a notion of danger or aggressiveness on the part of the dog, hence the importance of proposing this accompaniment in the knowledge of possible reticence or even phobia. This French pilot study on the accompaniment of minors by a legal assistance dog has its limitations due to the small number of participants. It does, however, have the advantage of being original and paving the way for future studies. The impact of the CHD's support on all minors and caregivers was positive overall. The interest in extending this type of study to other sites with CHD, by associating the views of child psychiatrists and behaviorists, could provide an even more significant overview and optimize support for minors based on observation of animal-human interactions. [ABSTRACT FROM AUTHOR]