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La découverte d’un bandage herniaire porté par un individu inhumé au sein du cimetière paroissial de Gradignan (Gironde), daté du XVIIe siècle à la première moitié du XIXe siècle, vient augmenter le faible corpus des exemplaires archéologiques modernes de ce type d’appareillage médical connus à ce jour. La position du bandage, porté autour du bassin de l’individu, suggère que celui-ci souffrait d’une hernie inguinale. Cette pathologie, probablement très fréquente chez les populations anciennes, a pu avoir un impact important chez les individus touchés, car elle entraîne une gêne dans les activités physiques, voire la mort du sujet en cas de complication. Celle-ci ne laisse pas de traces osseuses et ne peut pas être diagnostiquée par l’examen paléopathologique. Cependant, les sources historiques, iconographique et archéologiques nous indiquent que de l’Antiquité jusqu’au XVIIe siècle, les hernies ont été traitées par la pose de bandages, souvent inefficaces, visant à maintenir la réduction, ou par une chirurgie empirique aboutissant généralement à la mort du sujet. Ce n’est qu’à partir de la seconde moitié du XVIIe siècle que se développent des bandages herniaires réellement efficaces, ce dont témoigne le cas de Gradignan et les quelques exemplaires connus en France à ce jour. La multiplication des cas archéologiques de bandages herniaires à partir du XVIIe siècle, dans des contextes funéraires variés, témoigne de l’avancée des connaissances médicales à la fin de la période moderne. Toutefois, leur rareté au regard de la prévalence élevée de la hernie chez les populations actuelles pose la question du statut social des individus appareillés et de l’accessibilité de ce type de dispositif pour l’ensemble de la population. A hernia truss dating from the 17th to the first half of the 19th century, discovered inside a grave in the parish cemetery of Gradignan (Gironde, SW France), adds to the small corpus of similar modern archaeological examples of this type of medical device uncovered in France to date. The deceased was wearing the hernia truss around his pelvis, which indicates that he was suffering from an inguinal hernia. This pathology was probably very common among past populations, and could have had a significant impact on the lives of the individuals affected, as it would have caused discomfort in undertaking physical activities and even death in the event of complications. Inguinal hernia leaves no bony traces and cannot be demonstrated by palaeopathological examination of the skeleton. However, historical, iconographical and archaeological sources show that from Antiquity until the 17th century, hernias were treated by the use of trusses to keep the protruding tissue in place, although this was often ineffective, or by empirical surgery that generally led to the death of the subject. It was not until the second half of the 17th century that really effective hernia trusses were developed, as shown by the Gradignan case and the few examples known to date in France. The increasing number of archaeological examples of hernia trusses from the 17th century onwards, in a variety of funerary contexts, testifies to the advancement of medical knowledge in the late modern period. However, their rarity in relation to the high prevalence of hernias in today’s populations raises the question of the social status of the individuals fitted with this type of device and its accessibility to the general population.

Les fouilles et surveillances de travaux réalisées aux abords de la cathédrale d’Évreux ont permis, malgré des conditions d’intervention souvent difficiles et des fenêtres d’observation très réduites, de documenter près de 2 000 ans d’occupation urbaine. Nous avons ainsi pu aborder des questions liées à la structuration de Mediolanum Aulercorum, à son enceinte tardo-antique, aux occupations alto-médiévales, à la cathédrale, son cimetière paroissial et ses maisons canoniales, mais aussi aux vestiges plus récents, jusqu’aux traces de la seconde guerre mondiale et aux travaux de reconstruction de la seconde moitié du xxe siècle. The excavations and monitoring of work carried out in the area surrounding Évreux Cathedral made it possible to document nearly 2,000 years of urban occupation, despite often difficult intervention conditions and very small observation windows. As a result, we were able to tackle some issues related to the structuring of Mediolanum Aulercorum, to its Late Antiquity town walls, to the occupations in the Late Middle Ages, to the cathedral, its parish cemetery and its canons’ houses, as well as to more recent remains, right up to traces from the Second World War and to reconstruction work in the second half of the 20th Century.

La campagne de 2021 sur le site des Moulineaux a donné lieu à des résultats nouveaux dans des zones jusqu’alorsinexplorées du site, a également apportée des précisions sur les informations soulevées lors de la campagne 2020notamment. La zone interne de la chapelle et de la cave ont pu être fouillées lors de la campagne de septembre2021, ce qui constitue les premières données pour des bâtiments intérieurs. La campagne de juin-juillet s’estconcentrée sur les secteur 5 et 6 déjà ouverts en 2020, ainsi que sur la mise en place de deux nouveaux secteurs,deux diagnostics et un sondage. Cela porte donc le nombre de diagnostics réalisés à 6 (deux en juin et quatre enseptembre), auxquels il faut ajouter un sondage (zone 3) et 4 secteurs de fouilles (deux nouveaux et deux reprisesdes secteurs de 2020) investigués lors de cette année 2021. À cela s’ajoute la réalisation de l’étude géophysiqueinitialement prévue en 2020 qui a finalement été réalisée en février 2021 par Louis Mouillac de Red Ball ExpressConsultants. Celle-ci nous apporte de nouvelles informations sur le patrimoine encore enfoui sur le site desMoulineaux et particulièrement celui des zones restant encore inexplorées.

Un diagnostic a été réalisé sur la grange de la ferme des Étang, située au 36 de la rue Joseph-Gaveau à Romorantin-Lanthenay (Loir-et-Cher) sur le territoire de l’ancienne commune de Lanthenay. L’opération a donné l’opportunité de procéder à une expertise d’archéologie globale, à travers une étude d’archives, essentiellement les cartes anciennes, des sondages dans le sol et sur les maçonneries et par l’expertise de la charpente. Elle avait pour objectif de mettre en évidence et de caractériser la nature, l’étendue et le degré de conservation des vestiges archéologiques éventuellement présents à travers l’analyse stratigraphique des bâtiments en élévation et la recherche de l’origine de cette installation.

This manuscript is the result of a colloquium devoted to armament, theme at the heart of several international research but sometimes lacking in visibility. It aims to propose a renewed vision and innovative approaches for the study of Weapons and Warriors in Europe and the Near East for ancient societies. Through "classical" approaches and the implementation of new methodologies, the various authors open up to military issues, but also more societal ones, like the way of making war, the warrior elites, the composition of armies, the status of the warrior, the soldier, etc. In short, how, through the study of armaments can we understand societies and their mode of their mode of organisation? The various presentations in this manuscript address several aspects of the research to characterise the factors that could be at the origin of modifications or, on the contrary, of a continuance in the equipment of the warrior and in his modes of combat. Through these different articles, the reader is invited to compare and contrast the methods employed to study the military panoply and the results obtained. Thus, the evolution of weaponry is approached from a technological, typological, sociological and identity-based point of view.; Ce livre est le résultat d’un colloque consacré à l’armement, thématique au coeur de nombreuses recherches internationales, mais manquant parfois de visibilité. Il vise à proposer une vision renouvelée et des approches originales pour l’étude des Armes et des Guerriers en Europe et au Proche-Orient pour les sociétés anciennes. Au travers d’approches “classiques” et de la mise en place de nouvelles méthodologies, les différents auteurs s’ouvrent à des problématiques militaires, mais aussi plus sociétales, comme la façon de faire la guerre, les élites guerrières, la composition des armées, le statut du guerrier, du soldat, etc. En résumé, comment, au travers de l’étude de l’armement, peut-on comprendre les sociétés et leur mode d’organisation ? Les différents exposés de ce manuscrit abordent plusieurs aspects de la recherche afin de caractériser les facteurs qui pourraient être à l’origine de modifications ou au contraire d’une pérennisation dans l’équipement du guerrier et dans ses modes de combat. Par ces différents articles, le lecteur est invité à confronter et comparer les méthodes employées pour étudier la panoplie militaire et lesrésultats obtenus. Ainsi, l’évolution de l’armement est abordée d’un point de vue technologique autant que typologique, sociologique et identitaire.

Un diagnostic a été réalisé préalablement à la troisième phase de l’aménagement Cœur de ville à Buzançais (Indre). L’emprise se situe en périphérie directe de l’ancienne église Saint-Honoré, aujourd’hui détruite, et de la motte castrale qui marque la topographie de la ville. Les travaux concernent le tracé méridional de l’enceinte urbaine médiévale et les jardins du château moderne.

Cet article s’attache à démontrer que l’ignorance est un objet historique, c’est-à-dire que ses représentations, ses usages et les valeurs qu’on lui attribue sont pris dans des évolutions historiques qui en modifient et en perturbent le sens. On y montre en particulier que, dans un certain nombre de traditions intellectuelles de la période moderne, l’ignorance est perçue comme une vertu, un principe du savoir ou une forme de sagesse. Par ailleurs, dans le contexte de l’avènement de la science moderne aux XVIIe-XVIIIe siècles, elle devient un outil épistémologique qui permet de se représenter l’entendement et ses mécanismes. Enfin, à la même époque, l’ignorance est progressivement redéfinie comme une limite anthropologique, ce qui permet de l’envisager non plus comme un obstacle à la connaissance, mais comme un objet du discours scientifique. This article aims to demonstrate that ignorance has a history, meaning that its representations, uses and values are anchored in historical evolutions that alter its signification. In particular, the article shows that a number of early modern intellectual traditions redefined ignorance to the extent that it paradoxically came to be interpreted as a virtue, a principle of knowledge and a mode of wisdom. Besides, in the context of the emerging modern science in the seventeenth and eighteenth centuries, ignorance came to be perceived as an epistemological instrument used to convey an image of the understanding and its mechanism. Finally, the article shows that ignorance was then progressively redefined as an anthropological constraint and no longer as an obstacle to knowledge, a change that made possible its inclusion into the scientific discourse of the time. Este artículo intenta demostrar que la ignorancia es un objeto histórico, es decir, que sus representaciones, sus usos y los valores que se le atribuyen están atados a procesos de desarrollo histórico que modifican y alteran su significado. En particular, este trabajo muestra que, en varias tradiciones intelectuales de inicios de la época moderna, la ignorancia era percibida como una virtud, un principio del conocimiento o una forma de sabiduría. Además, en el contexto del advenimiento de la ciencia moderna en los siglos XVII y XVIII, la ignorancia se convirtió en una herramienta epistemológica que permitía representar el entendimiento y sus mecanismos. Por último, en la misma época, la ignorancia fue progresivamente redefinida como un límite antropológico, lo que permitió considerarla ya no como un obstáculo para el conocimiento, sino como un objeto del discurso científico.

National audience; Les pierres d’attente des morts correspondent à des dalles de pierre posées ou non sur des supports, aux dimensions variables mais ne dépassant qu’exceptionnellement 2 x 1 m. Il s’agit de reposoirs utilisés pour le cercueil lors de la levée du corps. Les pierres d’attente localisées à proximité des églises accueillent le défunt pour la cérémonie des funérailles.

National audience; Les sondages réalisés place de la Mairie à Chouzy-sur-Cisse, commune nouvelle de Valloire-sur-Cisse, ont révélé d’importants vestiges stratifiés, des maçonneries et des structures en creux. Ils couvrent toute la surface concernée par l’aménagement (environ 2 000 m2) et sont ponctuellement oblitérés par des aménagements récents, en particulier des caves. Les occupations relèvent d’une longue période quasi continue, de l’Antiquité à nos jours. La principale occupation concerne le Moyen Âge, plus particulièrement la fin de la période jusqu’au début du xvie s.

Les sondages réalisés place de la Mairie à Chouzy-sur-Cisse, commune nouvelle de Valloire-sur-Cisse, ont révélé d’importants vestiges stratifiés, des maçonneries et des structures en creux. Ils couvrent toute la surface concernée par l’aménagement (environ 2 000 m2) et sont ponctuellement oblitérés par des aménagements récents, en particulier des caves. Les occupations relèvent d’une longue période quasi continue, de l’Antiquité à nos jours. La principale occupation concerne le Moyen Âge, plus particulièrement la fin de la période jusqu’au début du xvie s.

National audience; Le centre-ville de Buzançais (Indre) fait l’objet d’une réhabilitation en plusieurs phases dont trois précédées d’opérations d’archéologie préventive (projet « Coeur de ville »). La dernière en date est un diagnostic réalisé au printemps 2019 qui concerne un secteur particulièrement sensible comprenant l’église médiévale Saint-Honoré, détruite au milieu du XXe s., et les jardins du château moderne 5. Cet article constitue la seconde partie de la présentation préliminaire et synthétique des résultats de l’opération. Il est consacré au secteur du parvis de l’hôtel de ville situé à l’emplacement de l’ancienne église Saint-Honoré. Il complète l’article de 2020, qui concerne le secteur de la place de l’Église et de l’esplanade des Grands-Jardins, à l’emplacement des jardins du château comtal. Nous renvoyons le lecteur à ce premier article qui présente aussi le contexte d’intervention, les problématiques et la méthodologie.

International audience

La campagne de 2020 sur le site des Moulineaux a apporté des précisions sur les premières découvertes des sondageseffectués en 2019. Cette année plusieurs états de constructions ont pu être mis en évidence bien qu’aucunne soit attribuable de manière certaine. Les murs exhumés en 2019 ont été retrouvé et des continuités entre euxont été établies. Une zone construite dont la fonction n’est pas encore définie a aussi été mise au jour. Il pourraits’agir d’un sol bâti ou d’une plateforme selon les interprétations. Une structure s’apparentant à une cave a étémise au jour en fin de chantier, sa fouille et sa compréhension comporteront les objectifs principaux de la compagne2021. Enfin des relevés LiDAR ont été réalisés par AIRD’ECO-Drone pour le compte de l’associationSauvons les Moulineaux. Quelques interprétations de structures ont été effectuée et ajoutés à ce rapport. Parailleurs, deux secteurs ont été ouverts dans une nouvelle zone. Il s’agissait d’une part d’un relevé en plan du pallierde la chapelle avant l’installation d’une grille sur celui-ci par l’association Sauvons les Moulineaux et d’autre partd’un sondage dans un espace identifié comme un cimetière.

International audience

Conventual life in the early modern English communities in exile strictly observed the Rule and Constitutions which governed each house. These not only set out in great detail how every part of the day was to be spent but specified the spirit in which both lay sisters and choir nuns were to approach their tasks: all their time was devoted to God in a spirit of humility. Obituary notices commend many nuns for their assiduity in complying with these strictures, often over very long lives. Nevertheless, there was room for individuality provided it was expressed in the right spirit. This paper examines some examples of how the unusual co-existed with everyday life in a monastic setting. La vie des couvents anglais en exil à la période moderne est dictée par la règle et par les constitutions qui régissent chaque communauté. Ces documents décrivent en détail la façon dont chaque moment de la journée doit être employé, et indiquent également l’esprit même avec lequel les religieuses, qu’elles soient Sœurs de chœur ou Sœurs converses, doivent aborder leurs tâches : leur temps doit être dédié à Dieu dans un esprit d’humilité. Les obituaires louent de nombreuses religieuses qui, au cours de vies souvent très longues, ont su se conformer à ces restrictions. Néanmoins, une certaine individualité reste possible, si elle s’exprime comme il se doit. Cet article examine quelques exemples de la façon dont l’inhabituel coexiste avec le quotidien dans la vie religieuse des couvents.

International audience

Il est donc possible d’appréhender un ensemble significatif d’œuvres théoriques et littéraires de Rousseau à l’aune d’un même parti pris : le privilège moral du modèle musical. Un parti qu’il ne faut raisonner en termes d’influence d’un art sur un autre, mais qui éclaire la réelle cohérence de ses idées esthétiques. Indéniablement première dans la formation de sa pensée, la réflexion musicale de Rousseau autorise les principes et les arguments qui sous-tendent tous ses textes ultérieurs. En o...

La confrontation des écrits artistiques et musicaux de Jean-Jacques Rousseau se révèle féconde en ce qu'elle permet d'observer, avec précision dans l'esprit d’un intellectuel du siècle des Lumières, la manière dont la musique peut être pensée et vécue, pour devenir finalement l’aune à laquelle tous les arts sont appréciés. Posé tout d’abord comme référent, l’objet musical soumet en effet, dans le discours de Rousseau, les autres arts à l’épreuve de sa propre spécificité ; pensé encore comme modèle d’une conception particulière du beau, il fournit l’instrument d’une appréciation des autres disciplines, met en jeu leur propre statut et leur ordonnance hiérarchique. Ainsi, bien plus qu’une pratique, l’art musical devient, pour Rousseau, une norme esthétique, autorisant qu’il juge des arts en musicien. Exprimé avec conviction dans ses écrits musicaux (principalement le Dictionnaire de musique et l’Essai sur l’origine des langues), ce parti fédère par ailleurs plusieurs de ses œuvres littéraires, biographiques et politiques. Par son analyse, Marie-Pauline Martin propose ainsi de relire certains écrits du philosophe à la lumière d’un enthousiasme, et même d’une foi absolue, en l’effet moral de la musique.

L’antériorité de l’expérience musicale dans la formation intellectuelle de Rousseau n’éclaire pas seulement le privilège accordé à cet art dans l’Essai sur l’origine des langues ; elle permet surtout d’apprécier, au sein d’un corpus de textes plus large, la nature prescriptive du modèle musical, et sa valeur exemplaire dans l’appréhension des arts de l’image et de l’écriture. Cette perspective ne prétend pas épuiser la complexité des rapports de Rousseau à la production artistique et littérai...

La notoriété acquise par Rousseau au début des années 1750 concrétise une ambition longuement mûrie : « briller dans la République des Lettres ». Les palmes qui couronnent, à Dijon, son Discours sur les sciences et les arts le propulsent dès 1750 aux devants de la scène littéraire. Avec conviction, l’homme s’engage alors dans les polémiques qui animent la vie musicale. En 1751 notamment, avec la publication du premier volume de l’Encyclopédie (dont il a en charge la partie musicale), Rousseau...

C’est d’abord comme musicien que Rousseau éprouve des émotions esthétiques. Récurrente dans la critique rousseauiste, cette affirmation s’éclaire de nombreuses données biographiques qui soulignent la place singulière de la musique dans la formation artistique et intellectuelle de Rousseau. Né en 1712 à Genève, élevé par sa tante Suzanne, puis placé à l’âge de seize ans sous la protection de Mme de Warens à Annecy, Rousseau grandit au sein d’une société cultivée et mélomane. Très tôt, il s’ini...

La musique fait loi. Elle est à la fois l’émanation et le miroir de la nature, elle incarne le fondement matériel de toute vérité, et c’est en elle que les autres arts empruntent leur certitude, leurs règles d’intelligibilité et d’application. Tel est le postulat surprenant dont l’argumentation parachève, à partir des années 1750, l’édifice théorique monumental érigé par Jean-Philippe Rameau. Après avoir fait de la musique une science, éclairée par le modèle mathématique, Rameau inverse litté...

À l’époque moderne, la cour du sultanat du Borno (Nord Nigeria) fut un centre culturel et intellectuel remarquable. Les écrits de l’imam Aḥmad b. Furṭū (xvie siècle) sont un témoin exceptionnel de cette activité littéraire et révèlent l’existence d’un mouvement littéraire local inspiré par les maġāzī, ou le récit des guerres du Prophète Muhammad. In the Early Modern period, Borno sultanate’s court (Northern Nigeria) was a noteworthy cultural and intellectual Islamic centre. The writings of the 16th century imam Aḥmad b. Furṭū are an exceptional testimony of this literary activity and reveals the existence of a proper literary movement inspired by the maġāzī, or the narrations of Prophet Muhammad’s wars.

Décorer ou la matérialité des décors La notion du Vide, essentielle dans la pensée chinoise et la pratique picturale, comprise alors comme un espace non peint, bouleverse autant la perspective linéaire que le rapport du spectateur au tableau. Afin de comprendre comment cette conception orientale, inséparable de l’art des jardins, a pu modifier au xviiie siècle l’inscription de la peinture sur un mur, il a semblé nécessaire de regarder les espaces et l’entour que l’Occident a accordés au siècl...

« Il y a aussi une fidélité à l’imagination. Afin qu’elle existe, il ne faut pas penser qu’elle est un caprice ou une fantaisie, mais un instrument privilégié pour accéder à la réalité et à la création. On pourrait d’autre part soupçonner que la pensée est imagination, ou que l’imagination est une pensée plus libre, détachée de la logique ou douée d’une logique distincte. Sans fidélité à l’imagination, il n’y a pas de poésie : sans fidélité à l’image créée. » Le décor est un sujet important. ...

pl. I. Cabinet des miroirs de l’hôtel de Lauzun à Paris, 1660, in situ photo © Simon Bourcier pl. II. Eustache Le Sueur, panneaux de grotesques pour l’attique du cabinet de l’Amour de l’hôtel Lambert à Paris, 1646–1647, bois peint et doré, 168 × 51,5 cm, 168 × 37,5 cm, France, collection particulière photo © Hervé Monestier pl. III. Eustache Le Sueur, compartiment central du plafond du cabinet des bains de l’hôtel Lambert à Paris, 1652–1655, peinture à l’huile sur plâtre enduit, 154 × 95 c...

Les lointains de la peinture L’idée d’orner et de recouvrir les parois pour fabriquer par la peinture un lointain est ancienne. Les murs de scène des théâtres grecs antiques réservaient un décor peint aux spectateurs dans ce dessein. Aristote attribue à Sophocle la paternité de cette pratique. L’art de peindre la scène pour ouvrir, par et sur des paysages, le fond de la scène architecturale conduit Vitruve à s’intéresser à la perspective scénographique, après qu’il a lu des traités grecs cons...

Tout tableau est un fragment. Mais qui, du cadre ou du mur, construit le lieu de la peinture ? Que s’est-il passé lorsque cette énigme occidentale fut confrontée à l’époque moderne à une autre représentation du monde ? Si l’Europe des Lumières est souvent caractérisée par les chinoiseries et l’ornement rocaille, c’est un nouveau regard sur l’Extrême-Orient qui est analysé ici, celui qui lie l’histoire du tableau à une idée de l’espace transmise par les décors des objets venus d’Asie. Dans quelle mesure la présence réelle ou fantasmée de l’Orient a-t-elle modifié le rapport de la peinture au support qui la donne à voir ? Tel est l’objet de ce livre qui présente le changement de paradigme dans la construction du goût suscité par les notions orientales de paysage, de lointain et de vide, pour que le sort de la peinture se transforme. D’où vient la place particulière qu’elle acquiert au xviiie siècle ? De quelle façon fut bouleversée son exposition pour qu’elle devienne le tableau que nous connaissons aujourd’hui ?

Tout tableau est un fragment. Portraits exceptés, la légende inventée par Borges d’une carte à la mesure de l’empire dit l’absurdité d’une peinture qui serait l’égal exact de son modèle. Cette carte imaginaire aurait valu comme représentation absolue en son lieu. Substituée au modèle, elle aurait évincé toute autre forme d’art. L’impossibilité physique de cette totalité mimétique met en exergue poétique le concept de représentation. Ce texte crucial pour les géographes, le premier de la secti...

« Nous amusons en instruisant. Ne peut-on pas se former le goût en voyant nos desseins de boudoirs, de garde-robes, de pavillons à la Turque, de cabinets à la Chinoise ? » Placer en exergue la question posée par Cochin en 1754 revient à reprendre la manière dont ce qui a trait à l’Orient s’est noué aux critères occidentaux. On l’a vu au chapitre précédent, le cabinet de la Chine de l’hôtel de Richelieu est célébré en 1749 comme « le plus riche et du meilleur goût qu’on puisse imaginer. Cette ...

Si le rôle du tableau est lié par essence au lieu dans lequel il prend place, son encadrement, qu’il soit entendu ou non comme un ornement, oriente inéluctablement sa fonction et sa raison d’être. Dans l’avis rédigé pour sa nouvelle édition du traité de D’Aviler, Mariette précise : « On a donc été chercher dans les nouveaux bâtiments qui ont le plus de réputation, des modèles de cheminées, de trumeaux, de fenêtres, de portes, de lambris, de corniches et de plafonds, qui sont les parties de la...

La peinture inscrite dans le décor Peyrenc de Moras donne naissance à de véritables tableaux, représentant des portraits de Turcs dans un paysage. Les sujets des décors et des tableaux ne se confondent pas, mais il demeure que le thème à la mode de la turquerie y était pour beaucoup. Ce sont sans doute ces représentations qui conduisent Montesquieu à faire dire à Rica dans les Lettres persanes : « Chose admirable ! Je trouvais de mes portraits partout ; je me voyais multiplié dans toutes les ...