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Este artículo discute algunos procesos que están redefiniendo la historicidad fronteriza de Tacna en Perú y Arica en Chile en las primeras décadas del siglo XXI, y cómo es que ellos están impulsando nuevos modelos de gobernanza fronteriza. Caracterizados por la consolidación de viejos/nuevos fenómenos urbanos y migratorios en ambas ciudades, estos procesos han estado acompañados de un discurso político vinculado a la integración y a lo transfronterizo, en lugar del conflicto y el separatismo de décadas pasadas. Haciendo uso de datos cualitativos y cuantitativos combinados para comprender estos procesos y redefiniciones, las conclusiones apuntan recomendaciones sobre gobernabilidad fronteriza tacnoariqueña de cara a las próximas décadas del siglo XXI. This article discusses some processes that are redefining the border historicity of Tacna-Peru and Arica-Chile in the first decades of the 21st century; and how is it that they are promoting new models of border governance. Characterized by consolidating old/new urban and migratory phenomena in both cities, these processes have been accompanied by a political discourse linked to integration and cross-bordering; instead of conflict and separatism of past decades. Using combined qualitative and quantitative data to understand these processes and redefinitions, conclusions point out recommendations on Tacno-Arica border governance for the next decades of the 21st century. Cet article analyse certains processus qui sont en train de redéfinir l’historicité frontalière de Tacna(Pérou) et Arica(Chili) dans les premières décennies du 21e siècle; et comment ils promeuvent de nouveaux modèles de gouvernance frontalière. Caractérisés par la consolidation d’anciens/nouveaux phénomènes urbains et migratoires dans les deux villes, ces processus ont été accompagnés d’un discours politique lié à l’intégration et au frontalier, au lieu des conflits et du séparatisme des dernières décennies. En utilisant des données qualitatives et quantitatives combinées pour comprendre ces processus et redéfinitions, les conclusions indiquent des recommandations sur la gouvernance de la frontière Tacna-Arica pour les prochaines décennies du 21e siècle. 57-66 aldeamundo@gmail.com valdeb.felipe@gmail.com Semestral http://erevistas.saber.ula.ve/aldeamundo

La chute du socialisme réel en Europe de l’Est a entraîné une transformation radicale de l’ordre symbolique dans ces pays, à commencer par l’effacement, la destruction ou, plus simplement, le lent abandon des monuments de l’époque soviétique. Les statues de Lénine ont été en première ligne dans ce processus de réinvention nationale. Partant du corpus de photographies de Niels Ackermann et Sébastien Gobert, le présent article se propose d’explorer les significations multiples des statues renversées de Lénine. Paradoxalement, cet iconoclasme postcommuniste a ouvert, complexifié et actualisé les significations de ces monuments soviétiques, là où ses partisans voulaient consacrer leur triomphe idéologique. Pour ce faire, le corpus photographique de Niels Ackermann et Sébastien Gobert est croisé avec des concepts tirés des travaux de Patrick Boucheron, Pierre Bourdieu, Enzo Traverso, Michael Hardt et Toni Negri, ainsi qu’avec des témoignages recueillis par Svetlana Alexievitch. L’auteur tient à préciser que l’article a été rédigé avant l’invasion russe en Ukraine. The fall of real socialism in Eastern Europe has brought about a radical transformation of the symbolic order in these countries, beginning with the wiping out, destruction or, more simply, the slow abandonment of the monuments of the Soviet era. The statues of Lenin have been at the forefront of this process of national reinvention. Based on the corpus of photographs by Niels Ackermann and Sébastien Gobert, this article explores the multiple meanings of the overturned statues of Lenin. Paradoxically, this post-communist iconoclasm opened up, complicated and updated the meanings of these Soviet monuments, where its supporters wanted to consecrate their ideological triumph. To do this, the photographic corpus of Niels Ackermann and Sébastien Gobert is put in relation with concepts drawn from the work of Patrick Boucheron, Pierre Bourdieu, Enzo Traverso, Michael Hardt and Toni Negri, as well as with testimonies collected by Svetlana Alexievitch.

L’ampleur inédite des bouleversements environnementaux contemporains a été désignée comme l’ère « anthropocène » par les spécialistes du système Terre. Cet article montre que cette nouvelle réalité environnementale vient percuter le principal cadre épistémologique et cognitif des sciences sociales qu’a été la modernité, qui n’imaginait pas un monde social à ce point interdépendant avec les non-humains et vulnérable au point de risquer de disparaître. Après une première partie qui décrit ces décalages, la seconde partie montre que ce « moment anthropocène » reconfigure également les rapports sociaux de pouvoir, conduisant à une sociologie des nouvelles conflictualités relatives aux enjeux de « transition ». The unprecedented scale of contemporary environmental upheavals has been referred to as the "Anthropocene" era by Earth system specialists. This article shows that this new environmental reality has collided with the main epistemological and cognitive framework of the social sciences, which was modernity, which did not imagine a social world so interdependent with non-humans and so vulnerable as to risk disappearing. After a first part that describes these shifts, the second part shows that this "anthropocene moment" also reconfigures social power relations, leading to a sociology of new conflictualities related to "transition" issues. La escala sin precedentes de la agitación ambiental contemporánea ha sido denominada por los científicos del sistema terrestre como la era del "Antropoceno". Este artículo muestra que esta nueva realidad medioambiental ha chocado con el principal marco epistemológico y cognitivo de las ciencias sociales, que era la modernidad, que no imaginaba un mundo social tan interdependiente con los no humanos y tan vulnerable como para correr el riesgo de desaparecer. Tras una primera parte en la que se describen estos cambios, la segunda muestra que este "momento antropocénico" también reconfigura las relaciones sociales de poder, dando lugar a una sociología de las nuevas conflictividades relacionadas con las cuestiones de la "transición".

Si, sous le titre « dynamique sémiotique » l’on décide, ainsi que je l’ai développé ailleurs, de retenir l’étude des processus de mise en signification, d’élaboration de sens et de transformation en signes, alors cela suppose d’une part, de s’intéresser à ce qui, en tant qu’acteurs de la communication, nous relie et nous lie les uns aux autres par nos pratiques communicationnelles ordinaires et, d’autre part, d’appréhender ce que nous élaborons concrètement en contexte.Ici, ne serait-ce que pour d’évidentes raisons pratiques, je ne reprendrai pas cette problématique de la dynamique sémiotique dans son détail, me contentant de renvoyer aux travaux déjà publiés mais je m’intéresserai à l’une des dimensions stables de son arrière-plan ; une dimension dont la pertinence est essentielle pour les acteurs de la communication et donc pour le développement des procès de transformation des formes empiriques qu’ils activent comme pour la mise en signification de ces formes. Cette dimension, c’est l’historicité — plus précisément, sa rétention. Par sa présence continue dans ce qui se transforme et s’échange (de ce que nous transformons et échangeons) au cours des procès d’élaboration du sens, la rétention de cette historicité est fonctionnelle : elle marque nos interactions situées et contribue à déterminer les contraintes appliquées aux outils de notre communication — y compris « l’outil » que nous sommes en tant que nous communiquons / exprimons par notre simple « (ap)paraître ». Après avoir montré que certaines conceptualisations « affines » résultant des recherches conduites dans notre espace social et anthropologique supposent tout naturellement sa présence, je conclurai — sans grande originalité — à la généralité de cette dimension. If, under the title semiotic dynamics, one decides, as I have done elsewhere, to retain the study of the processes of putting into signification, of meaning elaboration and of transformation into signs, then this presupposes, on the one hand, to be interested in what, as actors of communication, connects us and binds us to one another through our ordinary communication practices, and, on the other hand, to understand what we concretely develop in context. Here, for obvious practical reasons, I will not take up this issue of semiotic dynamics in detail. I will content myself with referring to works already published and will be interested in one of the stable dimensions of its background—a dimension whose relevance is essential for those involved in communication, and therefore for the development of the processes of transformation of the empirical forms that they activate as well as for the meaning of these forms. This dimension is historicity—more precisely, its retention. By its continuous presence in what is transformed and exchanged (in what we transform and exchange) during the processes of elaboration of meaning, the retention of this historicity is functional: it marks our situated interactions and helps determine the constraints applied to the tools of our communication—including the “tool” that we ourselves are, as we communicate/express by our simple “appearing”. After having shown that certain “affine” conceptualizations resulting from the research carried out in our social and anthropological space quite naturally assume its presence, I will conclude — without great originality—that this dimension is general.

Dans cet article, je voudrais considérer un type d’analyse historique que Nietzsche pratique régulièrement dans son œuvre, d’Humain, trop humain à la Généalogie de la morale. Ce sont des analyses en termes d’élevage (en allemand Züchtung). Elles décrivent en effet la manière dont certains contextes historiques « élèvent » l’homme, en transformant ses pulsions, ses vertus, sa connaissance, sa mémoire, etc. L’exemple le plus célèbre d’une telle analyse est certainement celui qui ouvre le second...

Deux des exigences les plus frappantes de l’œuvre de Nietzsche sont, tout d’abord, celle d’une « philosophiehistorique » qui aurait vocation à supplanter la « philosophie métaphysique » – autrement dit, ainsi que l’entend Nietzsche, la tradition philosophique tout entière depuis Parménide – et, en second lieu, celle d’une « réévaluation de toutes les valeurs ». Dans cet article j’articulerai ces deux exigences, et le projet respectif qu’elles appellent, et j’essaierai de montrer à la fois qu’...

Hobbes est souvent perçu comme un philosophe indifférent à l’histoire. L’objet de ce livre consiste à réviser cette lecture en dégageant l’intérêt des rapports qu’entretiennent, en particulier dans le Léviathan, système philosophique et récit historique. Car il y a bien un « problème de l’histoire » chez Hobbes. L’histoire dans tous ses champs, civils et sacrés, antiques et modernes, narratifs et exégétiques, l’a occupé toute sa vie. Surtout, il a lesté le Léviathan de contenus historiques qui forment plus de la moitié de son volume. Mieux, vingt ans après son traité majeur, il s’est fait historien de la guerre civile anglaise, avec le Béhémoth. Il affirme pourtant, dans tous ses grands traités, que l’objet de la philosophie politique consiste à atteindre les principes anhistoriques de la souveraineté et de l’obéissance. Le présent ouvrage s’attache à défaire cette difficulté en montrant que s’il sépare méthodiquement système et récits, Hobbes les articule toujours dans l’unité de ses questions fondamentales.

Dans une lettre de 1887, Nietzsche fait part à son ami Franz Overbeck d’une inquiétude d’une importance considérable pour sa philosophie de l’histoire. « Mon soupçon se porte en fin de compte sur la question de savoir si l’histoire est réellement possible. Que veut-on finalement figer [feststellen] ? – quelque chose qui au moment d’arriver n’est pas elle-même “figée” [feststand] ». Ce soupçon fait apparaître un problème crucial pour le projet philosophique de Nietzsche dans son ensemble. De f...

Nous avons déjà développé un certain nombre d’éléments quant au rôle de l’histoire sacrée dans la pensée de Hobbes : prévalence, dans ses premiers usages (1640 et 1642), de la pactologie et des enjeux théologico-politiques ; approfondissement, avec le Léviathan, de la question du fond anthropologique de la religiosité, qui appelle de nouveaux développements, et notamment une eschatologie, c’est-à-dire une interprétation hétérodoxe du Salut. En ce sens, dans le Léviathan, Hobbes investit l’his...

Il fut un temps où, en France, Nietzsche était le nom héroïque de toutes les « subversions » et où il n’était pas si facile de suivre un cours de philosophie sans en entendre parler.Ce Nietzsche-là était plutôt celui de l’« événement ». Une longue période a suivi, qui fut comme une sorte de purgatoire : ce fut le temps de son académisation, laquelle ne doit pas s’entendre en un sens péjoratif. Tout en quittant le devant de la scène, il fit l’objet de nouvelles traductions effectuées par des c...

Rappelons les évolutions les plus marquantes du Léviathan par rapport aux précédents traités pour ce qui concerne le traitement et les usages de l’histoire. 1o Nous venons d’évoquer un certain nombre de traits permanents de l’histoire sacrée, du De Cive au Léviathan, pour ce qui est des grandes lignes théologico-politiques. Qu’en est-il des innovations ? Nous en avons relevé trois. Il y a d’abord l’insistance croissante sur le salut chrétien, qui occupe désormais tout un chapitre (le 38), com...

L’historiographie politique en Angleterre a occupé une place singulière à l’intérieur des discours historiques dominants sous les Tudor et les Stuart. Son objet, l’État et son maintien, son horizon prudentiel et théorique, la raison d’État, ses modèles et ses sources anciens (Tacite, Salluste, Thucydide) et modernes (Machiavel et, surtout, François Guichardin), dessinaient un genre qui ne se distinguait pas tant par son degré de technicité que par son objet et par son lien très fort avec la l...

HOBBES ET LE RÉALISME DES HISTORIENS : DE TACITE À THUCYDIDE Il y a au moins deux plans sur lesquels le réalisme de Hobbes ne semble faire aucun doute : l’anthropologie, que l’on qualifie même de pessimiste, et les relations internationales, si l’on comprend par là la prévalence des rapports de puissance sur les rapports de droit entre les nations. Ce qui nous intéresse, c’est une autre forme de réalisme : non pas le réalisme compris comme une façon d’évacuer l’idéal d’excellence de l’éthique...

En France, Nietzsche fut un temps l’emblème oraculaire de toutes les subversions et son nom côtoyait couramment ceux d’Artaud et de Bataille. Puis vint l’âge de son académisation qui permit sans doute bien des avancées et où on lui attribua l’insigne mérite d’avoir élaboré un système tout à fait cohérent dont la reconstitution méticuleuse pouvait occuper toute une vie. Le présent ouvrage fait le pari que le moment est peut-être venu de mettre en avant un autre Nietzsche, dont l’œuvre obéit à une dynamique originale où s’enchevêtrent des registres dont l’homogénéité ne va pas de soi. C’est le concept d’historicité qui est mobilisé à cette fin. Le passé lointain auquel doit régresser le savoir généalogique ; la réitération indéfinie du même présent que la sagesse de l’éternel retour doit inciter à vouloir ; le futur un peu brumeux de très long terme auquel doit œuvrer le véritable créateur : trois temps et trois registres dont l’analyse a été distribuée ici en trois problèmes - objectivité, répétition, évolution. On ne doit pas trop vite présumer qu’ils n’en font qu’un. Au contraire : toute la difficulté est de savoir comment tirer ensemble ces fils, si seulement il faut les nouer et si oui, selon quelles modalités, qui ne sont pas forcément celles du système. On peut encore dire ce qui précède autrement : si Dieu est mort et si Nietzsche s’est efforcé à tout prix de conjurer la posture du prêtre, le lecteur doit en tirer les conséquences. Interpréter, c’est ruminer, pas refermer.

Hobbes rédigea le Béhémoth aux alentours de 1666-1668. Ce fut sa dernière intervention significative sur le champ politique, même si le texte eut à souffrir de la censure de Charles II, auquel il présenta l’ouvrage autour de 1670. Le choix du titre, Behemoth or the Long Parliament, ne saurait être sérieusement mis en doute. Il est construit selon une symétrie mythique avec le Léviathan – tandis que le monstre aquatique était le symbole de l’État qui soumet l’orgueil, Béhémoth, monstre terrest...

DE SURPRENANTES CORRÉLATIONS ENTRE LES DIVERS DOMAINES DU SAVOIR Ces dernières décennies, l’accroissement extraordinaire des « savoirs » dans de nombreux domaines de spécialité a favorisé un développement surprenant des interactions, des emprunts et des échanges entre les différentes disciplines scientifiques. On assiste ainsi à des rencontres inattendues et à des convergences d’intérêts dans des secteurs apparemment sans aucune relation. Le progrès des sciences est désormais indissociable de...

Il est bien connu que les réflexions de Nietzsche sur l’histoire sont présentes dans toute son œuvre. Dans ses premiers écrits, notamment dans la deuxième Considération inactuelle, il critique divers usages de l’histoire ; il s’en sert pour s’opposer à la métaphysique et à la religion dans Humain, trop humain ; il insiste dans Aurore sur la nécessité d’y avoir recours pour démasquer les illusions, pour dénoncer les oublis, pour contredire les évidences ; il s’attaque au sens historique dans L...

D’une façon générale, le cœur de la science politique du Léviathan et plus généralement des traités politiques de Hobbes a été compris à partir d’un certain nombre de structures, de catégories et de concepts qui semblent exclure l’histoire comme connaissance et l’histoire comme réalité des pratiques empiriques. o Le naturalisme est nécessaire à la déduction des règles universelles du droit et de la génération de la république par le pacte. Il faut bien déterminer une invariance des p...

Un prêtre, répète Nietzsche, est un type voire une nature, une espèce. Comme tel il est sans histoire, et il est toute l’histoire : « Priester aller Zeiten. » Ecce Homo déclarait : « La Généalogie de la morale contient la première psychologie du prêtre. » Deleuze a généralisé : « Le type du prêtre, il n’y a pas d’autre problème pour Nietzsche. » Presque un oracle : le prêtre, unique problème de la philosophie. Il faut confirmer : il est possible que le prêtre ait été pour Nietzsche, sinon le ...

LE MODÈLE SCIENTIFIQUE La récusation des apports de la connaissance historique pour la philosophie connaît des sommets dès les premières lignes de la première œuvre politique de Hobbes. En effet, selon le premier chapitre des Elements, dans l’hypothèse d’une annihilation du monde – d’une complète neutralisation de la productivité des temps – la science – et la science politique avec elle – serait encore possible à partir des résidus de notre mémoire. L’expérience du sens externe qui est déjà ...

De Fatum et histoire (1862) jusqu’à la fin de sa vie « lucide », Nietzsche n’aura eu de cesse de s’interroger sur l’objet, la nature et les enjeux de l’histoire, dans une volonté d’en élaborer une pratique et une conception qui puissent fournir une alternative viable à l’historiographie chrétienne et à ses formes sécularisées. On pourrait suivre à la trace cette inquiétude relative à l’écriture de l’histoire et à ses méthodes, de l’époque de Leipzig (1867-1868) où Nietzsche demande déjà à l’h...

L’enjeu de ce livre consistait, entre autres choses, à examiner les trois thèses suivantes. o Hobbes fait rompre la science politique avec l’univers, la mentalité, la culture et les valeurs historiographiques dont se nourrissait l’art politique, c’est-à-dire avec la promotion de l’histoire que l’on prête notamment à Machiavel et Bacon. La science politique est devenue science du droit : elle n’est plus un art du gouvernement. Détachée de l’empirie, elle n’a plus besoin d’histoire. ...

Si le rôle joué par Schopenhauer dans la formation de la pensée de Nietzsche – dont témoignent les innombrables références à Schopenhauer dans son œuvre – est une évidence, il n’en va pas de même pour Friedrich Albert Lange. Or les lectures de Schopenhauer et de Lange appartiennent à la même période de la formation de Nietzsche et semblent avoir été comprises par lui, du moins dans un premier temps, comme complémentaires. Nietzsche lit en effet Lange un an après avoir lu Schopenhauer. Nous so...

Nietzsche considère le sens historique (der historische Sinn) pendant l’ensemble de son parcours philosophique. Que signifie cette expression ? Des contributions ont déjà précisé les relations qui se tissent entre « sens historique », « philosophie historique » et « généalogie » ; la présente étude peut donc se centrer sur le sens historique lui-même, car l’identification de sa nature propre demeure problématique. Un premier parcours rapide de l’œuvre de Nietzsche permet d’exhumer une accepti...

Parler de philosophie de l’histoire à l’âge classique revient bien souvent, et au mieux, à entendre une méthodologie critique de l’historiographie. Si c’est bien Voltaire qui invente l’expression dans l’Essai sur les mœurs (1756), et s’il limite son sens à l’examen critique, rationnel, des récits, l’usage rétrospectif du terme devrait s’en tenir à ce sens. De notre côté, nous avons constamment recherché ce qui, chez Hobbes, pouvait nous faire entendre la philosophie de l’histoire comme une ap...

Hobbes partageait la tendance humaniste qui consistait à aller puiser dans l’histoire les principes d’un art de gouverner ou des principes politiques plus généraux. Mais nous avons vu que le discours historique, source de prudence selon l’introduction à la traduction de Thucydide, ne devait pas contenir de tels préceptes. Or, avant de révoquer la rumination historique, Hobbes l’a pratiquée en commentant Tacite. Nous montrerons comment les Discourses appartiennent à un genre mixte, à la fronti...

La lecture de ce qui fait la spécificité du Léviathan, et en particulier de ce qui constitue son principal effort sur le plan historique, nous a conduit à observer l’importance considérable de l’histoire de la culture de l’esprit. La crise de la légitimité politique anglaise appelait ce genre de compréhension historique : fictions religieuses, doctrines politiques, cadres et régimes de la compréhension historique sont, non pas des éléments de contexte pour définir ce qu’il advient de la natur...

Le projet de ce livre pourrait laisser certains lecteurs perplexes, au moins pour trois raisons. Tout d’abord, Thomas Hobbes n’est pas connu pour avoir particulièrement investi le terrain de l’histoire, mais pour son système politique. Ceux qui reconnaissent, ensuite, que la case du récit n’est pas complètement vide jugeront que la ligne de partage des discours atteint dans son œuvre une rigueur inconnue avant lui : d’un côté la philosophie, de l’autre l’histoire ; d’un côté le système, de l’...