Au XIXème siècle, trois images de l'enfance dominent : l'enfant tabula rasa, rendu célèbre par John Locke dans ses Quelques pensées concernant l'éducation, l'enfant innocent qui fait école avec l'Émile de Rousseau, enfin, l'enfant porteur du pécher originel qui constitue l'image dominante de l'enfance dans les cercles protestants de Hollande, Grande-Bretagne, Allemagne et Suisse. Ensemble, ces trois vision de l'enfance ont orienté le mouvement Européen de protection de l'enfance “à risque” au XIXème siècle. Le modèle néerlandais de protection de l'enfance est une partie constitutive du système européen. Dans les années 1830, l'influence hollandaise sur certains pays est forte notamment au travers de deux institutions : les colonies agricoles de la Société de bienfaisance et la prison pour garçon fondé en 1833 à Rotterdam. Toutefois, la fondation en 1851 du “Nederlandsch Mettray”, institution hollandaise modèle pour enfants à risque, est le produit d'influences étrangères, en particulier de la colonie française de Mettray près de Tours et la “Rauhe Haus” allemande près de Hambourg. A la fin du siècle, quand la loi sur l'enfance hollandaise est adoptée, l'influence internationale est encore présente, mais désormais c'est le modèle légal français qui prédomine. La spécificité du système légal hollandais est de privilégier les institutions privée, surtout protestantes et catholiques. Dans la première phase de la protection de l'enfance hollandais, la vision romantique de l'enfance domine, comme le montre l'histoire du “Nederlandsch Mettray”. Durant les années 1880, toutefois, il y a changement. Des méthodes plus disciplinaires sont introduites et, dorénavant, les enfants de Mettray ne seront plus longtemps regardés comme fondamentalement innocents. Between Rousseau and Original Sin. The Dutch model of Child Protection in the Nineteenth Century. During the 19th century, three images of childhood are dominant: the child as a tabula rasa, made famous by John Locke in his Some Thoughts Concerning Education, the innocent child, becoming influential by Jean-Jacques Rousseau’s Émile, finally the child as the bearer of original sin, this being the dominant image of childhood in protestant circles in the Netherlands, Great-Britain, Germany, and Switzerland. Together, these three images of childhood have dominated the 19th century European movement on the protection of children at risk. The Dutch model of child protection was an integrated part of the European system. In the thirties, there was important Dutch influence on other countries by its agrarian colonies of the Society of Benevolence, as well as by its 1833 founded prison for boys in 1833 in Rotterdam. However, the foundation in 1851 of Nederlandsch Mettray, Dutch model institution for children at risk, was the result of foreign influence, in particular by the French colony of Mettray near Tours and the German Rauhe Haus near Hambourg. At the end of the century, when the Dutch Child Acts were realised, international influence was present again, now mainly from the French legal system. The Dutch legal system was specific in its privileging private institutions, mostly protestant and roman-catholic ones. In the first phase of Dutch child protection, the romantic image of childhood dominated, as can be seen by the history of Nederlandsch Mettray. During the eighties, however, this changed. More disciplinary methods were introduced and, henceforth, the Mettray children at risk were no longer seen as basically innocent.