Sammendrag Notre maison brûle, et nous regardons ailleurs» (Jacques Chirac, le lundi 2 décembre 2002 au sommet de la terre, Johannesburg, cité par Wikipedia,http://fr.wikipedia.org/wiki/Notre_maison_br%C3%BBle_et_nous_regardons_ailleurs) – ces propos de l'ancien Président de la République (1995 -2007), restent d'actualité onze ans après être prononcés au Sommet de la Terre à Johannesburg. Malgré la volonté internationale de réduire les gaz à effet de serre (GES), peu de progrès ont été faits, et nous continuons à regarder ailleurs (voir : http://bilans-ges.ademe.fr/cadre-general ). Est-ce que nous regardons ailleurs parce que nous avons peur que le travail d'extinction du feu et de reconstruction de notre maison (les écosystèmes) soit trop pénible ? C'est ce que pensent une parties des économistes, politiciens, penseurs et praticiens écologistes. Qu'ils travaillent au niveau théorique (penseurs, économistes etc.) ou pratiques (politiciens, paysans etc.), ceux qui se réclament de la décroissance, s'interrogent sur le sens de notre activité économique, la place de l'homme dans la nature, et les limites que nous devrions respecter pour ne pas empoisonner notre planète ou épuiser ses ressources. Le mot décroissance est, selon Paul Ariès, « un mot-ubus » (Latouche, 2007, p. 20) inventé plus pour provoquer le débat que pour devenir une nouvelle doctrine politique ou économique : « Elle est d'abord du côté du questionnement. Décroissance rime avec décroyance » (Ariès, 2012, p. 33), et nous met en garde contre un système économique qui tend à tout quantifier et à croître indéfiniment sans poursuivre un but précis. Cette croissance fait que notre production dépasse la capacité des écosystèmes et les besoins matériels des hommes : « l'homme lui-même tend à devenir le déchet d'un système qui vise à le rendre inutile et à se passer de lui » (Latouche, 2007, p. 20). Pour Paul Ariès et André Gorz, deux de mes quatre sources, la décroissance de l'économie doit être « désirable » (http://environnement.blogs.liberation.fr/noualhat/2009/05/il-faut-rendre-la-d%C3%A9croissance-d%C3%A9sirable.html ). Pour André Gorz, il s'agit de rompre « le lien entre 'plus' et 'mieux' » (Gorz, 2008, p. 54), et d'organiser la société de sorte que les gens puissent vivre mieux en travaillant, produisant et consommant moins. Limiter nos activités peut, pensent-ils, peut se concilier avec une vie plus riche. En empruntant un terme au titre d'un livre du paysagiste Gilles Clément (1), je caractérise leur pensée de « écologie humaniste » (Clément et Jones, 2006). Dans ce mémoire, j'ai utilisé les termes décroissance et écologie humaniste sans trop faire de distinction. C'est, me semble-t-il, tout à fait justifiable en ce concerne André Gorz et Paul Ariès, mais il y a aussi, comme je l'ai montré dans ce mémoire, des courants de pensée décroissantistes qui s'opposent ouvertement à l'humanisme, et qui proposent à l'homme une place subalterne dans la nature. L'homme doit donc (re)trouver une place dans la nature ou ses interactions avec celle-là les enrichissent tous les deux, au lieu de les appauvrir. Ce défi se trouve au c ur des ouevres d'Albert Camus et Jean Marie le Clézio. Les notions d'absurde et de révolte chez Camus, ainsi que les descriptions des conflits entre l'homme et la société moderne, et la fusion entre l'homme et la nature chez le Clézio, enrichissent pour trois raisons l'écologie humaniste. Premièrement parce que tous les deux cherchent un dialogue -c'est bien le cas de le dire – entre l'homme et la nature sans supposer une suprématie de l'un ou de l'autre. Deuxièmement parce que l'art, en tant que tel s'oppose à la quantification du système économique, et à « l'appétit de l'argent et l'indifférence aux choses de la grandeur » (Camus, 2003, p. 27). Troisièmement parce que l'art permet à l'homme de (re)trouver ses liens avec la beauté et la nature. Les citations de chansons de Jean Ferrat (2) au début de chaque chapitre, soulignent l'aspect créateur ou poétique de l'écologie humaniste. L'écologie humaniste ou la pensée de la décroissance comporte un niveau philosophique, un politique (l'application des idées philosophique), et un niveau artistique, qui n'est nullement au service des idées philosophique ou politiques, mais qui peuvent les enrichir et aider à construire des passerelles entre les idées et les expériences de la vie quotidienne. Cette vie quotidienne constitue le troisième niveau de l'écologie humaniste par la mise en pratique, à des échelles diverses, des idées de l'écologie humaniste. Dan mon mémoire, je me suis permis de me référer plusieurs fois à mes propres expériences dans ce domaine, c'est à dire à la ferme où je travaille et vit depuis vingt ans avec ma femme. C'est peut-être cette diversité, ce mélange de pensées, de création et de vie pratique qui fait la force du courant de pensée que j'ai étudié. (1) Gilles Clément : Paysagiste, jardinier et écrivain français, né en 1943. A entre autre conçu le Parc André Citroën à Paris. (Voir : http://www.gillesclement.com/ )(2) (2)Jean Ferrat, auteur-compositeur-interprète français (1930 – 2010). (Voir : http://www.jean-ferrat.com/ )