Chaque année, la foudre frappe entre 200 et 500 personnes en France. Bien que le versant médical de la kéraunopathologie soit correctement documenté et exploré, le vécu psychique des victimes de la foudre est encore très peu étudié. Pourtant, malgré des publications concernant les potentialités dépressogène et anxiogène que représente le fait d'être « fulguré », l'examen des récits de vie avant, pendant et après la décharge électrique est quasi-inexistant. L'objectif de notre étude est de tracer certaines coordonnées cliniques et phénoménologiques de ce phénomène en nous appuyant sur plusieurs témoignages issus de la littérature fictionnelle et non fictionnelle, notamment par des personnes décrivant de surcroît ce moment en tant qu'expérience de mort imminente. Après avoir fait état des connaissances neurologiques et psychopathologiques actuelles concernant la kéraunopathologie, nous nous pencherons sur le lien étroit qui existe généralement entre les récits d'histoires de victimes et la mythologie ou la fiction. Ensuite, nous passerons en revue quelques histoires que l'on peut retrouver dans la littérature non fictionnelle et qui relient expériences de mort imminente et fulguration. Enfin, et pour appuyer notre propos d'un axe psychodynamique et phénoménologique, nous nous arrêterons sur le cas clinique original d'Athéna et essayerons de comprendre comment un jour d'orage a pu venir remodeler sa vie, sa pensée et son rapport au monde. La dimension psychique de la fulguration apparaît centrale dans sa prise en charge. Nous observons qu'au-delà des conséquences médicales directes et même psychopathologiques, le remaniement psychique attribué à la foudre a des répercussions sur les plans émotionnel, cognitif, perceptuel, spirituel et social. De plus, ces bouleversements introduisent une hésitation sur le plan du diagnostic psychodynamique du sujet. Ainsi, ce qui peut apparaître comme la décompensation vers le délire mystique d'une organisation psychotique ne pourrait en réalité n'être qu'une attitude mystique basée sur une structuration névrotique. L'accompagnement psychique des fulgurés invite à une approche pluridisciplinaire qui prend en compte leur complexité. Savoir trouver les chemins de compréhension en se gardant de toutes catégorisations hâtives demeure essentiel. De plus, au-delà de la réflexion que nourrit ce type d'accompagnement sur la prise en charge de celui qui vit l'exceptionnel, la foudre donne l'occasion de repenser certaines modélisations classiques de l'expérience de mort imminente. Cette menace mortelle survenue à la vitesse de la lumière semble paradoxalement – et peut-être dans une reconstruction après-coup – être richement subjectivée par les sujets, dans une temporalité en net décalage avec le temps physique. D'autres travaux seront nécessaires à l'avenir pour compléter le début de réflexion que nous exposons dans cet article. Il se doit d'être étayé par des descriptions similaires afin de former une conceptualisation solide, que cela soit de la kéraunopathologie ou bien de l'expérience de mort imminente de manière plus large. Malgré la rareté du phénomène, cela concernerait néanmoins chaque année une centaine de personnes qui, lors de leur passage aux urgences, pourraient bénéficier d'un accompagnement dédié intégrant perspective médicale et psychologique. Every year, lightning strikes between 200 and 500 people in France. Although the medical side of keraunopathology is well documented and explored, the psychological experience of lightning victims is still very little studied. However, despite publications concerning the depressive and anxiety-provoking potential of being "struck by lightning," the examination of life stories before, during, and after the electric discharge is almost non-existent. The aim of our study is to trace some of the clinical and phenomenological coordinates of this phenomenon by drawing on a number of fictional and non-fictional accounts, including those of people who also describe this moment as a near-death experience. After reviewing the current neurological and psychopathological knowledge about keraunopathology, we will look at the close link that usually exists between victims' stories and mythology or fiction. Then, we will review some stories that can be found in non-fictional literature and that link near-death experiences and fulguration. Finally, and to support our proposal from a psychodynamic and phenomenological point of view, we will look at the original clinical case of Athéna and try to understand how a stormy day could have reshaped her life, her thinking, and her relationship to the world. The psychic dimension of lightning appears to be central to the treatment of its victims. We observe that, beyond the direct medical and even psychopathological after-effects, the psychical reorganization attributed to lightning has repercussions on the emotional, cognitive, perceptual, spiritual, and social levels. Moreover, these upheavals introduce a hesitation in the psychodynamic diagnosis of the subject. Thus, what may appear to be the decompensation towards mystical delusion of a psychotic organization could in reality be only a mystical attitude rooted in a neurotic structure. Psychological support for people with mental illness requires a multidisciplinary approach that takes their complexity into account. Knowing how to find ways of understanding while avoiding any hasty categorizations remains essential. Moreover, beyond the reflection necessary for the treatment of the person experiencing the exceptional, lightning gives the opportunity to rethink certain classic models of the near-death experience. Paradoxically, this mortal threat, which occurred at the speed of light, seems to be richly subjectivized by the subjects, in a temporality that is clearly out of sync with physical time. Further work will be needed to complete the beginning of the reflection that we have outlined in this article. It must be supported by similar descriptions in order to form a solid conceptualization, whether of keraunopathology or of the near-death experience in a broader sense. Despite the rarity of the phenomenon, it would nevertheless concern a hundred or so people each year who, during their visit to the emergency room, could benefit from dedicated support integrating medical and psychological perspectives. [ABSTRACT FROM AUTHOR]