This thesis aims to question the way in which development policies, principally those related to agriculture, impact the adaptation to climate change of livestock farmers in the Senegal River delta. The first part of the thesis examines the concept of adaptation to climate change in the perspective of the institutional globalisation of the concept. Based on a critical analysis of different definitions of adaptation, we have shown how important it is to consider the political dimension of adaptation, as it should not be analysed solely in relation to climatic factors. These considerations led us to discuss different concepts, such as development and politics, as well as the relevance of certain tools for our study (geohistory, discourse analysis and locks). In a second part, we have highlighted the singularity of pastoralism in the Sahelian area. In addition to the various existing forms, the most important aspect is that pastoralism in the Sahel has demonstrated a capacity to adapt to strong climatic variations. So, the pastoralism in the Sahel have a capacity to respond to the expected consequences of climate change. In addition, we have shown the weaknesses of livestock policies and adaptation in Senegal. This has further emphasized the need to apprehend the consequences of public policies that have an impact in terms of resource management. We have thus shown that there is a political trajectory driven by French settlers that has led to significant environmental changes impacting the adaptive capacity of livestock farmers. Also, our review of current policies that have an impact on pastoral resources has shown that they do not always guarantee the protection of these resources, even if some try to regulate them. Moreover, they sometimes create obstacles to pastoral mobility, which is the basis of the adaptation strategy of herders in the Sahelian area. In a third part, the discursive analysis highlighted the imposition of a discourse, somewhat self-fulfilling, on agribusiness and inclusive growth, as well as on land as a key driver for the establishment of these agribusinesses. We also identified the presence of a discourse on the environment that does not significantly orient the programs analyzed. However, it is used as a justification by the institutions supporting policies aimed at increasing so-called productive activities. Moreover, the study of the dissemination of these discourses has made it possible to illustrate interactions between various actors (notably the World Bank, the African Development Bank and the Senegalese state), and power relations that influence and frame the conception of the relationship with the environment, as well as the actors who benefit from it. These winners are agribusinesses, the "heroes" of an enchanting discourse, in which they enable a redistribution of wealth. Finally, the study of the path of dependence revealed a locking of the delta's agricultural trajectory in favour of irrigated agriculture as a vector of growth. This trajectory is therefore anchored in the Western epistemic conception of the trajectory of societies. However, this implies, beyond a limitation of the pastoral adaptation capacity, an exclusion of pastoralism as it is, and a questioning of its capacity to adapt to climate change.; Cette thèse vise à interroger la manière avec laquelle les politiques de développement, principalement agricoles, impactent l’adaptation au changement climatique des éleveurs dans le delta du fleuve Sénégal. La première partie engage une réflexion sur la conception de l’adaptation au changement climatique au regard de la globalisation institutionnelle de la notion. À partir d’une analyse critique de différentes définitions de l’adaptation, nous avons montré en quoi il est important de tenir compte de la dimension politique de l’adaptation, car celle-ci ne doit pas être analysée uniquement par rapport à des facteurs climatiques. Ces éléments nous ont conduit à discuter de différents concepts, tels que le développement et le politique, ainsi que de la pertinence de certains outils pour notre étude (la géohistoire, l’analyse des discours et des verrouillages). Dans une seconde partie, nous avons mis en exergue la singularité du pastoralisme dans l’espace sahélien. Outre les différentes formes existantes, l’aspect le plus important est que le pastoralisme au Sahel a démontré une capacité d’adaptation à de fortes variations climatiques. Ceci lui permet d’avoir une capacité de réponse aux conséquences attendues du changement climatique. Par ailleurs, nous avons montré les faiblesses des politiques d’élevage et d’adaptation au Sénégal. Cela a fait davantage ressortir le besoin d’appréhender les conséquences des politiques publiques ayant un impact en termes de gestion des ressources. Nous avons ainsi montré qu’il existe une trajectoire politique impulsée par les colons français qui a conduit à des modifications environnementales significatives impactant la capacité d’adaptation des éleveurs. Aussi, le regard que nous avons porté sur certaines politiques actuelles ayant un impact sur les ressources pastorales, a montré qu’elles ne sont pas toujours garantes de la protection de ces ressources. De plus, elles engendrent parfois des entraves à la mobilité pastorale, la base de la stratégie d’adaptation des éleveurs en zone sahélienne. Dans une troisième partie, l’analyse discursive a permis de mettre en lumière l’imposition d’un discours, en quelque sorte autoréalisateur, sur les agrobusiness et la croissance inclusive, ainsi que sur le foncier comme levier de l’implantation de ces agrobusiness. Nous avons également identifié la présence d’un discours sur l’environnement qui n’oriente pas de manière significative les programmes analysés. Toutefois, il est utilisé comme une justification par les institutions soutenant les politiques visant à accroitre les activités dites productives. De plus, l’étude de la diffusion de ces discours a permis d’illustrer des interactions entre divers acteurs (notamment la Banque mondiale, la Banque africaine de développement et l’État sénégalais), et des rapports de pouvoir qui influencent et cadrent la conception de la relation à l’environnement, ainsi que les acteurs qui en sont les gagnants. Ces gagnants sont les agrobusiness, les « héros » d’un discours enchanteur, dans lequel elles permettent une redistribution des richesses. Pour finir, l’étude du chemin de dépendance a mis en évidence un verrouillage de la trajectoire agricole du delta au profit d’une agriculture irriguée vectrice de croissance, donc ancrée dans l’épistémè occidentale de la conception de la trajectoire des sociétés. Or, cela implique, au-delà d’une limitation de la capacité d’adaptation pastorale, une exclusion du pastoralisme tel qu’il est, et une remise en question de sa capacité d’adaptation au changement climatique.