Under the Occupation, the French Jewish Statute made no provisions for an intermediary status for individuals of mixed heritage (who the administration called “half-Jews”), to the contrary of Nazi legislation in Germany. Consequently, there were no first- or second-degree mixed-heritage people in France; one was either Jewish or not. But the criteria for defining whether or not “half-Jews” were of “the Jewish race” varied between German and French texts, case law, and the practices of specialized bureaucrats. The boundary between “Jewish” and “non-Jewish” was tenuous, often arbitrary, and shaped by religious affiliation, a divorce, a marriage, or other fact of life. Being classified on the “good” or “bad” side of the “barricade” (according to the formulation of George Montandon, the ethno-racial expert of the Paris Prefecture of Police and the Commissariat-General for Jewish Affairs [CGQJ]) was very often a matter of life or death. The administration (mainly the “Jewish Service” of the Prefecture of Police and the CGQJ) and the courts had to rule on thousands of “ambiguous cases.” The CGQJ delivered over 11,000 “Certificates of Non-Belonging to the Jewish Race” after painstaking investigations. This article considers the categories that agents of the State used to sort out these borderline cases, and tries to understand the root causes of this dogged quest to determine the legal and political boundary between “Jew” and “non-Jew.” Sous l’Occupation, le statut des juifs ne prévoit pas, contrairement à la législation nazie, un statut intermédiaire pour les individus ayant une ascendance « mixte » (nommés « demi-juifs » par l’administration). En France, pas de « métis » au premier ou au deuxième degré ; on est soit juif, soit non-juif. Or, les critères pour définir l’appartenance ou non à la « race juive » des « demi-juifs » varient selon les textes allemands et français, la jurisprudence des tribunaux et la pratique des fonctionnaires spécialisés. La frontière entre « juif » et « non-juif » est ténue, souvent arbitraire, conditionnée par l’appartenance religieuse, un divorce, un mariage... Être classé du « bon » ou du « mauvais » côté de la « barricade » (selon la formule de l’expert ethno-racial auprès de la Préfecture de police de Paris et du commissariat général aux Questions juives, George Montandon) est, bien souvent, un enjeu de vie ou de mort. L’administration (« service juif » de la PP et CGQJ pour l’essentiel) et les tribunaux ont eu à statuer sur des milliers de « cas douteux ». Plus de 11 000 « certificats de non-appartenance à la race juive » ont été délivrés par le CGQJ, au bout d’enquêtes minutieuses. L’objet de cette contribution est de réfléchir sur les catégories mobilisées par les agents de l’État pour trancher sur ces cas limites, et de comprendre les ressorts de cette quête obstinée afin de déterminer la frontière, juridique et politique, entre « juif » et « non-juif ».18 septembre 2020.