Ben Messaoud, F., Makhlouf, Y., Miladi, S., Fazaa, A., Boussaa, H., Souabni, L., Ouenniche, K., Kassab, S., Chekili, S., Ben Abdelghani, K., and Laater, A.
La gestion de la douleur chez les patients atteints d'insuffisance rénale (IR) pose des défis particuliers en rhumatologie, souvent en raison des risques liés à cette pathologie. L'objectif de notre travail était d'évaluer l'inertie thérapeutique des rhumatologues lors de la prise en charge de la douleur chez les patients souffrant d'une IR. Nous avons mené une étude transversale auprès des médecins rhumatologues. Il s'agit d'un questionnaire auto-administré via Google-Forms portant sur l'inertie thérapeutique liée aux médecins face à des patients suivis pour une IR. Au total, 49 rhumatologues ont été inclus, avec un sex-ratio de H/F = 0,09. La répartition des participants était la suivante : résidents en médecine (59,2 %), médecins libéraux (16,3 %) et médecins du secteur public (24,4 %). L'âge moyen des participants était de 35,6 ans [25–63]. Le nombre d'années d'exercice était de 9,2 ans [1–35]. La majorité des patients (93,9 %) avaient des patients atteints d'IR : moins de cinq patients par mois (68,1 %), entre cinq et dix patients (29,8 %) et plus de 10 (2,1 %). Leur ressenti face à ces patients était : appréhension (61,2 %), anxiété (18,4 %), peur (16,3 %), indifférence (8,2 %) et confiance (10,2 %). L'indécision quant à l'initiation d'un traitement antalgique a été exprimée par 57,1 % des participants. Les raisons étaient : appréhension des effets indésirables (90 %), méconnaissance des adaptations posologiques (30 %), indisponibilité des traitements (10 %) et difficulté d'accès à l'avis du néphrologue (16,7 %). Les doses maximales recommandées de paracétamol n'étaient pas atteintes dans 63,3 % des cas par crainte des effets indésirables (67,7 %), des interactions médicamenteuses (19,4 %) ou d'aggraver l'IR (48,4 %). L'augmentation des doses était retardée dans 38,8 % des cas. La prescription d'AINS était envisageable dans 36,7 % des rhumatologues, mais seulement 8,2 % en prescrivaient. Les principales raisons étaient la peur de la toxicité rénale (71,1 %) et des interactions médicamenteuses (24,4 %). La prescription de Tramadol était autorisée sous conditions dans 87,8 % des cas et contre-indiquée dans 4,1 % des cas. Les modalités de prescription étaient : à la même dose qu'un sujet sain (6,8 %), avec réduction des doses et doublement de l'intervalle de prise (90,9 %) et en privilégiant les formes à libération immédiate (18,2 %). Concernant la codéine, elle était permise quelle que soit la clairance pour 10,2 % des participants, pour une clairance supérieure à 30 ml/min pour 83,7 % et contre-indiquée pour 6,1 %. La prescription de morphine était permise dans 91,8 % des cas : à la dose minimale efficace (90,7 %), en doublant l'intervalle de prise en cas voie IV (14 %) et en doublant l'intervalle de prise avec réduction des doses en cas de prise per os (34,9 %). L'avis du Néphrologue était sollicité dans 83,7 % des cas. Aucune association statistiquement significative n'a été retrouvée entre l'indécision à la prescription d'un traitement antalgique et le nombre d'années d'exercice (p = 0,466) ainsi que le nombre de patients consultant pour IR (p = 0,416). Cette étude souligne la fréquence élevée de l'inertie thérapeutique chez les médecins rhumatologues dans le traitement dans la prise en charge de la douleur des patients atteints d'IR. Cela souligne l'importance de maîtriser les pratiques de prescription des antalgiques afin d'assurer une prise en charge efficace des patients. [ABSTRACT FROM AUTHOR]