Search

La limite nord de l’aire de répartition du chimpanzé se trouve dans la partie sud-Est du Sénégal, précisément dans la région de Kédougou caractérisée par des conditions climatiques inhabituelles pour ce primate. Le dernier recensement du Chimpanzé dans ce pays, effectué entre 1998 et 1999 avait permis d’estimer l’effectif de la population à environ 500 individus dont 80 % évoluent en dehors des aires protégées. Actuellement, la dégradation des habitats du chimpanzé au Sénégal ne cesse de progresser en raison d’effets anthropiques et de changements climatiques. D’où le besoin de réactualiser les données concernant ce primate au niveau national. C’est ainsi qu’un suivi hors parc basé particulièrement sur la collecte d’indices de présence du chimpanzé par la méthode de reconnaissance a été proposé par Jill Pruetz au courant de l’année 2014. C’est dans ce contexte que nous avons effectué des prospections dans plusieurs sites dont Bagnomba pour répertorier les principaux habitats des chimpanzés. A Bagnomba (786221 W, 1407110 N), situé sur la partie sud-Est du Parc National du Niokolo Koba en dehors des limites de l’aire protégée, nous avons observé un groupe de chimpanzés constitué de 8 individus, dont 5 adultes et 3 juvéniles, et recensé plus de 400 nids de chimpanzé. Les particularités écologiques des habitats du chimpanzé dans cette zone (relief, végétation, disponibilité d’aliments, entre autres) associées à leur caractère sacré par les populations locales constituent des atouts qui favoriseraient la conservation des chimpanzés dans cette zone si des mesures idoines de protection étaient prises. Actuellement, un suivi rapproché de la population de chimpanzé à Bagnomba dont le principal objectif est de déterminer la structure des groupes, le comportement et les couloirs de migration entre les habitats. Nous avons par ailleurs répertorié des facteurs anthropiques tels que le déboisement et l’orpaillage qui constituent des menaces réelles pour la conservation du chimpanzé dans cette localité. Pour cette raison, nous pensons que l’acquisition de données scientifiques fiables aidera les décideurs à prendre les dispositions nécessaires pour garantir la survie de ce primate non humain dans cette région.Nous tenons à remercier vivement les personnes et institutions sans qui ce travail ne pourrait aboutir. Il s’agit entre autres de USFWS, African Wildlife Foundation, la direction des Eaux et Forêts et Chasse et de la Conservation des Sols, la Direction des Parcs Nationaux, les populations locales, les agents du projet Fongoli Savana Chimpanzees et l’Institut Jane Goodall Espagne basé au Sénégal.

Le Sénégal est situé sur la limite nord-ouest de l’aire de répartition du Chimpanzé. On y trouve la sous-espèce de l’Afrique de l’Ouest, Pan troglodytes verus, qui est inscrite dans la catégorie des espèces en danger d’extinction sur la liste rouge de l’Union Mondiale pour la Nature. Elle est la plus menacée des trois sous-espèces de chimpanzés. Dans cette région, il vit dans des conditions climatiques de savane très dures en plus de la forte pression anthropique exercée sur l’habitat. Le dernier recensement effectué dans cette région estime une population d’environ 400 à 500 individus. Plusieurs études ont été effectuées sur le chimpanzé dans cette région, mais peu ont porté sur son comportement alimentaire. Sur le site de Fongoli (12°41N, 12°30W), nous avons effectué un suivi de l’écologie nutritionnelle de ce primate non humain. Pour cela, nous avons d’abord procédé par observation directe afin d’établir une liste des espèces consommées et la manière dont elles sont consommées. Ensuite, ces aliments sont échantillonnés pour des analyses au laboratoire. Les analyses nous ont permis de mettre en évidence et de quantifier les sucres, la matière grasse, les fibres solubles dans les détergents (neutres, acides et lignines) et la présence ou non de tannin. Nos résultats ont montré que ces chimpanzés ont un régime principalement frugivore, mais consomment également des feuilles, des fleurs, des graines. Ils sont aussi insectivores et consomment des protéines d’origine animale. L’analyse nutritive des aliments montre un régime riche en sucre provenant essentiellement des fruits, une quantité importante de fibres et de matière grasse. Cependant, l’accès à cette nourriture devient de plus en plus difficile à cause du facteur anthropique. Nous pensons que la maîtrise du comportement alimentaire du chimpanzé dans cette région est d’une importance capitale pour une meilleure conservation de cette ressource.Je tiens à exprimer toute ma reconnaissance à mes encadreurs, les Prs Cheikh Tidiane Ba et Jill D. Pruetz, les Drs Papa Ibnou Ndiaye et Stacy Marie Lindshield. Je les remercie de m’avoir encadré, orienté, aidé et conseillé. J’adresse mes sincères remerciements à tous les professeurs, intervenants, et à toutes les personnes qui par leurs paroles, leurs écrits, leurs conseils et leurs critiques ont guidé mes réflexions et ont accepté de me rencontrer et de répondre à mes questions durant mes recherches. Je remercie vivement la société Mako Exploration Company pour l’ouverture d’esprit de son Administrateur Général Adjoint M. Fally Diop et du Manager du Bureau Environnement et Social Paul Cannon ainsi que pour leur soutien moral et financier. J’ai aimablement été accueilli par cette société. J’ai aussi pu bénéficier de l’aide précieuse du Capitaine Cheikh Sylla responsable du bureau Environnement. Je souhaite enfin remercier Dondo Kante, Michel Sadiakho et tout le village de Fongoli qui ont facilité mon intégration et mes travaux de terrain.

Le langage est un système intentionnel complexe qui implique des liens étroits entre la parole et les gestes au niveau comportemental et cérébral. Il est courant de produire des mouvements de mains synchronisés avec l'usage de la parole. Certains auteurs soutiennent l'hypothèse de l'existence d'un système linguistique vocal/gestes intégré dans lequel l'aire de Broca jouerait un rôle majeur en particulier dans l'hémisphère cérébral gauche. Il a d'ailleurs été montré que l'aire de Broca était liée à des mouvements de mains et des lèvres chez le macaque rhésus. De tels liens entre la main et la bouche ne semblent donc pas exclusivement liés au langage et s'étendent même au système moteur : Par exemple, il n'est pas rare de produire des mouvements de lèvres ou de langue involontaires lorsque nous réalisons des activités manuelles précises (comme jouer de la guitare ou dessiner par exemple). Ses observations soulignent les connexions neuromusculaires potentielles entre les systèmes moteurs oro-faciaux et manuels qui pourraient favoriser les liens entre les gestes et la parole. Dans une perspective phylogénétique, étant nos plus proches cousins dans l'histoire de l'évolution, les chimpanzés constituent un modèle idéal pour étudier ses liens potentiels mains/bouche. Dans cette étude menée sur les comportements d'épouillage mutuel chez les chimpanzés sauvages de Fongoli (Sénégal), nous avons mesuré non seulement les préférences manuelles associées à différentes activités manuelles mais également leurs associations potentielles à des mouvements de bouche involontaires. Nous avons montré que les activités manuelles d'épouillage bimanuelles étaient latéralisées à l'échelle des groupes de mâles et de femelles et qu'elles induisaient des mouvements de lèvres synchronisés (e.g. lipsmack) en particulier lors d'actions manuelles précises en pince fine. Nous discuterons de l'implication de ces résultats concernant le rôle du système moteur dans l'évolution des liens entre les gestes et la parole.