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L’histoire est aujourd’hui très éclatée, chaque secteur ayant ses traditions, sa propre historiographie, ses références. L’histoire religieuse n’y échappe évidemment pas. Mais le pire serait que les différentes spécialisations historiques s’ignorent, alors qu’elles ont beaucoup à apprendre les unes des autres. C’est cette question qui était au cœur du colloque de la Commission Internationale d’Histoire et d’Étude du Christianisme, tenu à Lyon du 11 au 13 juin 2019. Des historiennes et historiens d’une douzaine de pays différents ont cherché à montrer comment d’autres disciplines historiques, histoire du temps présent, histoire transnationale et globale, histoire économique, histoire du livre, histoire de la justice, histoire numérique, histoire des savoirs, histoire du genre, avec leurs apports et leur méthodologie propres, peuvent féconder l’histoire religieuse. Ils ont également montré l’intérêt de confronter des traditions historiographiques nationales différentes. Ce livre en est le résultat, avec des chapitres qui sont à la fois des réflexions méthodologiques et des études de cas allant du XVIe au XXIe siècles dans des pays catholiques, protestants et orthodoxes. Il espère ainsi contribuer à une réflexion sur la manière dont on peut faire de l’histoire religieuse au XXIe siècle. Les contributions à ce volume ont été réunies par Yves Krumenacker, professeur d’histoire moderne à l’université de Lyon (Jean Moulin) et par Raymond A. Mentzer, professeur d’histoire religieuse à l’université d’Iowa (Daniel J. Krumm Family Chair in Reformation Studies) History today is very fragmented, each sector having its own traditions, its own historiography, its own references. Religious history is obviously no exception. But the worst thing would be for the different historical specialisations to ignore each other, even though they have much to learn from each other. This question was at the heart of the colloquium of the International Commission for the History and Study of Christianity, held in Lyon from 11 to 13 June 2019. Historians from a dozen different countries sought to show how other historical disciplines, such as the history of the present, transnational and global history, economic history, the history of the book, the history of justice, digital history, the history of knowledge, and the history of gender, with their own contributions and methodology, can enrich religious history. They have also shown the interest of confronting different national historiographical traditions. This book is the result, with chapters that are both methodological reflections and case studies from the sixteenth to the twenty-first centuries in Catholic, Protestant and Orthodox countries. It hopes to contribute to a reflection on how religious history can be done in the twenty-first century. The contributions to this volume were brought together by Yves Krumenacker, Professor of Modern History at the University of Lyon (Jean Moulin) and by Raymond A. Mentzer, professor of religious history at the University of Iowa (Daniel J. Krumm Family Chair in Reformation Studies).

This essay examines the place and role of religious history (Church history) within the post-communist historiography in Slovakia over the last 30 years. It seeks to define the framework in which it should operate. By means of the example of the shift of emphasis in the study of the religious history, it points to the new methodological prospects that are opening up for historians of religion in contemporary Slovakia. The analysis notes the prevailing « classical » historiographical mistrust of church history in the current scientific discourses in Slovakia. The text suggests the reasons why Slovak historiography has fallen behind in some subdisciplines of religious history, especially in monastic studies, in comparison with other post-communist countries in Central Europe. In conclusion, the essay critically evaluates the failures of Slovak Christian historiography and suggests the direction that should be taken to become fully accepted and respected by historians. Les changements qui ont suivi la Révolution de Velours en novembre 1989 en ancienne Tchécoslovaquie ont créé une nouvelle atmosphère savante dans la science historique, auparavant absente en Slovaquie pendant quelques décennies. Dans l'historiographie, la transformation de l'examen des événements historiques individuels dans l'atmosphère de liberté intellectuelle se manifestait, avant tout, par la désidéologisation de la recherche propre, par l'élargissement de l'accès aux bases de données de ressources étrangères et aux collections de livres, mais surtout par la possibilité de se familiariser avec les tendances et les méthodes actuelles appliquées au travail des historiens. En particulier, ceux qui sont nés plus tard ont l'occasion de se détacher des erreurs motivées idéologiquement et des échecs professionnels de leurs prédécesseurs.Dans ce contexte, il est nécessaire d'attirer l'attention sur la nécessité d'une nouvelle interprétation, ou d'une réinterprétation de certains phénomènes dans l'historiographie, qu’elle soit nationale ou générale. La nécessité de la réinterprétation est, tout simplement, liée à la confrontation des deux modèles le plus couramment utilisés dans l'interprétation de l'histoire : d'une part, du matérialisme historique abstrayant des paradigmes religieux et dominant dans le passé chez nous (et persistant encore et sans discernement chez d’anciens historiens), et, d'autre part, du modèle de déchiffrage du cadre historique par coefficients qui perçoivent le christianisme comme une religion au sens strict et comme des orientations de valeur des individus en fonction de leur vision du monde (par exemple, un auteur qui écrit). Dans l'environnement slovaque, le deuxième modèle n'apparaît qu'après 1989 pour des raisons évidentes.La relation entre l'histoire et la religion crée un espace de réflexion sur le rôle de la théologie dans l'histoire et vice versa, ou sur l'impact de la pensée théologique sur certains processus historiques, ou sur les pièges de l'interprétation théologique de l'histoire sous la forme que nous rencontrons dans le domaine de l'historiographie ecclésiastique. Dans l'historiographie, le lien dialectique entre l'histoire médiévale et la théologie se traduit toujours, en quelque sorte, dans la définition fondamentale d'accès, dans le choix de point de départ, dans le caractère d'argumentation et dans l'utilisation de déclarations théologiques. En particulier, ces processus sont très bien visibles lors de la réflexion des phénomènes historiques, tels que les formes de la vie religieuse médiévale de l'Occident latin.Pour les chercheurs en Slovaquie, dans ce contexte, la question se pose de savoir ce que les historiens sont arrivés à faire dans le domaine des modèles d'interprétation gérés au cours des trois dernières décennies de la réception libre de l'histoire de la vie religieuse, et de savoir s'ils étaient capables d'exploiter le potentiel des changements sociaux avec tout ce qu'ils ont apporté. Du point de vue méthodologique, l'histoire des ordres religieux en tant que sous-discipline des études médiévales peut à cet égard servir du point de départ fondamental pour trouver des réponses aux questions soulevées.