1. La reconnaissance en droit français de la gestation pour autrui pratiquée à l'étranger
- Author
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Goudard Dartiguenave, Blandine, Université de Toulon - Faculté de Droit de Toulon (UTLN UFR Droit), Université de Toulon (UTLN), Droits international, comparé et européen / Centre de droit et de politique comparés Jean-Claude Escarras (DICE / CDPC), Droits International, Comparé et Européen (DICE), Aix Marseille Université (AMU)-Université de Pau et des Pays de l'Adour (UPPA)-Université de Toulon (UTLN)-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)-Aix Marseille Université (AMU)-Université de Pau et des Pays de l'Adour (UPPA)-Université de Toulon (UTLN)-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), and Mélina Douchy-Oudot
- Subjects
Droits fondamentaux ,Droits de l'enfant ,[SHS.DROIT]Humanities and Social Sciences/Law ,Adoption ,Gestation pour autrui conclue à l'étranger ,GPA ,Filiation - Abstract
Le gestation pour autrui est qualifiée de convention c'est à dire d'accord entre les parties (la mère qui porte l'enfant et les commanditaires) et qui est destiné à produire des conséquences juridiques (la filiation de l'enfant). Ainsi, le droit français estime que ce contrat est nul puisque sa cause et son objet sont illicites. La nullité de cette convention protège l'ordre social mais aussi l'individu. En effet, l'importance de la filiation transcrite à l'état civil d'une personne n'est plus à démontrer : « alors que l'état civil n'était naguère envisagé que comme moyen de preuve de l'identité civile, il occupe désormais un rôle reconnu dans la constitution de l'identité psychologique ». Le droit français ne veut donc pas transcrire à l'état civil d'une personne n'importe quelle filiation. En l'état de l'interdiction actuelle, la question qui se pose est celle du sort de l'enfant né d'une telle convention puisque malgré l'interdiction, elle reste pratiquée à l'étranger. L'enfant se trouve donc élevé en France et vit chez les personnes se définissant eux-mêmes comme ses parents. Or, quel lien juridique est accordé à ces personnes pour élever et prendre soin de l'enfant ? Peuvent-ils se voir établir un lien de filiation avec cet enfant par les modes d'établissement de la filiation prévu en droit français c'est à dire par l'effet de la loi, par la reconnaissance, par la possession d'état ou l'adoption ? Comment notre droit français accueille-t-il ces conventions pratiquées légalement à l'étranger ? Le droit français peut-il, sans anéantir la prohibition d'ordre public, accepter de faire produire des effets juridiques en France aux conventions de GPA pratiquées dans d'autres pays ? Nous verrons, dans un premier temps, les raisons qui ont conduit le droit français à prohiber les conventions de gestations pour autrui et à empêcher ceux qui contournent la loi en se rendant à l'étranger d'obtenir les effets juridiques souhaités (partie I). Néanmoins, depuis ces dernières années, la reconnaissance en droit français des GPA pratiquées à l'étranger semble actée, puisque sous l'impulsion de la Cour européenne des droits de l'homme, notre pays accepte les conséquences juridiques qui découlent de ces conventions (partie II).
- Published
- 2016