Many texts by Sergei Dovlatov, the Soviet writer who emigrated to the United States in the late 1970s, bear the trace of the "separation anxiety" that literature tries to conjure. In The Suitcase(1986), the narrative is organized and structured by objects that take on a symbolic function. The objects are a sign of recognition, a link (on a vertical and temporal axis). While fully participating in the mythology of rootlessness, the suitcase and the objects that it contains are what make it possible to transport the past into the present, the before into the after, the familiar into the strange, the "there" into the "here", the Soviet Union into the United States of America. But the exiled writer Dovlatov is not only a case-bearer; he is also a stories-bearer whose voice tends to erase the fracture between the before (the USSR, the object of the narration) and the after (the United States of America, the moment of the narration) and to consequently guarantee the chain of transmission from the Russian generation of Fathers to the American generation of Sons/Daughters. Preoccupied with the question of filiation, Dovlatov is determined that his Soviet experiences do not fall by the wayside, and resorts to all the means of a clear and effective communication, including a recourse to a pseudo oral style and the "anecdote" genre. By conveying out loud "the world of Soviet things" and all the paradoxes of material culture in the USSR, in The Suitcase Dovlatov fully accomplishes the Benjaminian programme of a literature against amnesia., De nombreux textes de Sergueï Dovlatov, écrivain soviétique émigré aux Etats-Unis à la fin des années 1970, portent la trace d’une « angoisse de séparation » que la littérature tente de conjurer. Dans La Valise (1986), ce sont des objets à fonctionnement symbolique qui organisent et structurent la narration ; les objets sont signe de reconnaissance, lien (selon un axe horizontal et spatial) et mode de transmission (selon un axe vertical et temporel). Tout en participant pleinement de la mythologie du déracinement, la valise et les objets qu’elle contient sont ce qui permet de transporter le passé dans le présent, l’avant dans l’après, le familier dans l’étranger, le là-bas dans l’ici, l’Union soviétique dans les États-Unis d’Amérique. Mais l’écrivain exilé Dovlatov n’est pas seulement un porteur de valise, c’est aussi un porteur de récits, dont la voix tend à annuler la fracture entre l’avant (l’URSS, objet de la narration) et l’après (les États-Unis d’Amérique, moment de la narration) et assurer en conséquence la chaîne de la transmission de la génération russe des Pères à la génération américaine des Fils. Préoccupé par la question de la filiation, Dovlatov entend que son expérience soviétique ne reste pas lettre morte, et il a mis en œuvre tous les moyens d’une communication sûre et effective, dont le recours à un style pseudo oral et au genre de l’ « anecdote ». En nous transmettant par la voix vive « l’univers des choses soviétiques » et tous les paradoxes de la culture matérielle en URSS, Dovlatov accomplit pleinement dans La Valise le programme benjaminien de la littérature contre l’oubli.