Challéat, Samuel, Milian, Johan, Lapostolle, Dany, Bénos, Rémi, Ronzani, Charles, Foglar, Hélène, Barré, Kévin, Prévost, Héloïse, Maisonobe, Marion, Renaud, Matthieu, Morvan, Sylvain, Farrugia, Nicolas, Challéat, Samuel, Géographie de l'environnement (GEODE), Université Toulouse - Jean Jaurès (UT2J)-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), Observatoire de l'environnement nocturne (OEN), Université Toulouse - Jean Jaurès (UT2J)-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)-Université Toulouse - Jean Jaurès (UT2J)-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), Laboratoire Dynamiques Sociales et Recomposition des Espaces (LADYSS), Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (UP1)-Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis (UP8)-Université Paris Nanterre (UPN)-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)-Université Paris Cité (UPCité), Théoriser et modéliser pour aménager (UMR 6049) (ThéMA), Université de Bourgogne (UB)-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)-Université de Franche-Comté (UFC), Université Bourgogne Franche-Comté [COMUE] (UBFC)-Université Bourgogne Franche-Comté [COMUE] (UBFC), Centre d'Ecologie et des Sciences de la COnservation (CESCO), Muséum national d'Histoire naturelle (MNHN)-Sorbonne Université (SU)-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), Centre d'études en sciences sociales sur les mondes africains, américains et asiatiques (CESSMA UMRD 245), Institut de Recherche pour le Développement (IRD)-Institut National des Langues et Civilisations Orientales (Inalco)-Université Paris Cité (UPCité), Géographie-cités (GC (UMR_8504)), Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (UP1)-École des hautes études en sciences sociales (EHESS)-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)-Université Paris Cité (UPCité), Laboratoire Univers et Particules de Montpellier (LUPM), Institut National de Physique Nucléaire et de Physique des Particules du CNRS (IN2P3)-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)-Université de Montpellier (UM), Equipe Algorithm Architecture Interactions (Lab-STICC_2AI), Laboratoire des sciences et techniques de l'information, de la communication et de la connaissance (Lab-STICC), École Nationale d'Ingénieurs de Brest (ENIB)-Université de Bretagne Sud (UBS)-Université de Brest (UBO)-École Nationale Supérieure de Techniques Avancées Bretagne (ENSTA Bretagne)-Institut Mines-Télécom [Paris] (IMT)-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)-Université Bretagne Loire (UBL)-IMT Atlantique (IMT Atlantique), Institut Mines-Télécom [Paris] (IMT)-École Nationale d'Ingénieurs de Brest (ENIB)-Université de Bretagne Sud (UBS)-Université de Brest (UBO)-École Nationale Supérieure de Techniques Avancées Bretagne (ENSTA Bretagne)-Institut Mines-Télécom [Paris] (IMT)-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)-Université Bretagne Loire (UBL)-IMT Atlantique (IMT Atlantique), Institut Mines-Télécom [Paris] (IMT), Département Mathematical and Electrical Engineering (IMT Atlantique - MEE), IMT Atlantique (IMT Atlantique), Institut Mines-Télécom [Paris] (IMT)-Institut Mines-Télécom [Paris] (IMT), Parc national de La Réunion, CNRS, Observatoire de l'environnement nocturne, FENOIR – Figurations de l'environnement nocturne des territoires réunionnais, Observatoire de l'environnement nocturne réunionnais, Université Toulouse - Jean Jaurès (UT2J), Université de Toulouse (UT)-Université de Toulouse (UT)-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), and Université de Toulouse (UT)-Université de Toulouse (UT)-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)-Université Toulouse - Jean Jaurès (UT2J)
Soumise à une importante poussée démographique, l’île de La Réunion a vu sa population urbaine fortement augmenter – passant de 44 % de la population totale en 1975 à 95 % en 2015. Directement corrélée aux formes et dynamiques spatiales de l’urbanisation, l’empreinte lumineuse sur l’île a connu une mutation radicale ces dernières années : son emprise et sa pression ont considérablement augmenté sur l’ensemble du territoire, depuis la côte jusqu’à l’intérieur même du Parc national de La Réunion qui recouvre plus de 76 % du territoire insulaire (42 % pour la zone cœur). Acteur incontournable des enjeux environnementaux sur l’île, le Parc national a mené très tôt des actions autour des effets écologiques de l’éclairage artificiel nocturne. Sa mobilisation depuis plus de dix ans sur les conséquences de la pollution lumineuse, notamment sur des espèces phares comme le Pétrel de Barau (Pterodroma baraui), a progressivement institutionnalisé un événement dont la portée de mobilisation se déploie désormais à l’échelle insulaire : l’organisation des Nuits sans Lumière a constitué de ce point de vue une réussite avec la participation de nombreux acteurs associatifs à cet événement et l’implication d’une proportion importante de collectivités territoriales. Le caractère désormais incontournable dans l’agenda local de cet événement s’apprécie notamment à travers la diffusion de la pratique d’extinction de l’éclairage public opérée désormais par 19 des 24 communes de l’île pendant une période de 25 jours.Le Parc a toutefois conscience de la nécessité de franchir un palier : en dépit de son succès médiatique, la démarche des Nuits sans lumière est demeurée circonscrite à une approche principalement écocentrée et a entraîné un certain essoufflement au niveau des publics et des partenaires. Comme dans d’autres territoires, la construction médiatique d’une “nuit magnifiée” dans les espaces “patrimonialisés” du cœur de l’île participe d’un processus tendant à banaliser la dégradation de l’obscurité sur le reste du territoire. Acteur fédérateur, le Parc réfléchit aux conditions et outils nécessaires pour permettre le passage d’une action certes au fort retentissement médiatique mais qui reste “isolée”, à une démarche plus structurante, transversale et pérenne lui permettant d’élargir et d’approfondir le répertoire d’action publique et collective mobilisable autour des enjeux environnementaux de la lumière artificielle nocturne.L’organisation des Ateliers territoriaux Transition Écologique & Lumière de novembre 2019 a constitué une étape décisive dans ce processus, en ouvrant un véritable forum sur le sujet. Ces Ateliers ont révélé un contexte de portage institutionnel favorable, souligné par l’implication de plusieurs communes urbaines en matière de réflexion sur leur parc d’éclairage public (La Possession, Saint-Denis). Le lancement d’un outil programmatique doté d’une ingénierie propre, le Plan Transition Écologique & Lumière, est un autre signe du volontarisme du Parc, de la dimension insulaire globale que prend cette problématique et de la volonté d’y arrimer des enjeux sociaux. Le basculement d’une démarche événementielle, les “Nuits sans lumière”, vers une démarche plus territoriale et transversale, celle des des “Jours de la Nuit”, en constitue un autre signe. Pour socialiser sa démarche justement, le Parc souhaite faire évoluer sa stratégie de lutte contre la pollution lumineuse pour l’emmener vers la préservation de l’environnement nocturne et ainsi l’ouvrir aux enjeux sanitaires de l’obscurité (appréhendée par les notions de bien-être et de qualité du cadre de vie) et aux dimensions socioculturelles des rapports à la nuit et à l’obscurité, notamment en s’appuyant sur la richesse du ‘fait obscur’ – le fénoir de la culture créole.Le Parc consolide par ailleurs son expertise sur les aspects écologiques liés à la pollution lumineuse. Au côté des autres Parcs nationaux, il est impliqué dans un programme inter-Parcs sur la construction d’indicateurs écologiques de caractérisation des enjeux de la trame noire. Le Plan Transition Écologique & Lumière a pour sa part permis d’installer une arène institutionnelle autour de la question de la pollution lumineuse, impliquant la plupart des acteurs partie-prenantes de la gestion de l’énergie et de l’éclairage public. Pour élargir l’horizon d’action à l’ensemble des enjeux liés à la préservation de l’environnement nocturne, développer une culture socioécosystémique permettra de cheminer vers une gestion intégrée de la ressource obscurité sur le territoire réunionnais. Les Ateliers territoriaux Transition Écologique & Lumière de novembre 2019 ont démarré ce travail sur la compréhension des regards, des divergences d’approches et d’intérêts, l’identification des conditions de la construction des publics et de “l’enrôlement” des habitants. C’est pour l’accompagner dans la construction de cette transversalité que le Parc national de La Réunion a sollicité l’Observatoire de l’environnement nocturne (CNRS) pour élaborer et mettre en œuvre un programme de recherche interventionnelle, le programme FENOIR (Figurations de l’environnement nocturne des territoires réunionnais).