C'est en 1927 que débute l'aventure éditoriale de l'"Encyclopaedia of the Social Sciences" (ESS) lorsque Edwin Seligman, professeur d'économie à l'Université Columbia, et Alvin Johnson, directeur de la New School for Social Research, sont désignés comme directeurs de cette publication scientifique ambitieuse qui entend s'imposer comme la référence fondamentale et indispensable des sciences sociales à échelle internationale. Porté par dix associations disciplinaires américaines, le projet aboutit huit ans plus tard, en 1935, lorsque le quinzième et dernier volume de l'ESS est publié. L'encyclopédie, composée d'articles thématiques plus ou moins longs et de notices biographiques assez courtes, est le fait d'une communauté de près de 2000 chercheurs venant de toutes les disciplines et issus essentiellement d'Europe et des États-Unis. Compte-tenu de son ambition affichée et de son ampleur inédite, l'ESS constitue un véritable observatoire privilégié des sciences sociales dans l'entre-deux-guerres. Cette thèse entend appréhender l'ESS comme le produit d'une confrontation plus ou moins conflictuelle entre des tendances intellectuelles, des configurations institutionnelles spécifiques, des acteurs intervenant dans son élaboration, ou encore des demandes sociales variées. De cette façon, ce travail explore, plus généralement, les rapports entre sciences, société et politique, et la manière dont ces trois dimensions, largement entremêlées, s'imbriquent pour former les savoirs du social. Adoptant une perspective transnationale afin de mieux rendre compte de phénomènes qui surplombent ou traversent les États-nations, cette étude s'attache à décrire les circulations de ces savoirs, démarche qui permet de tenir compte des dynamiques et enjeux à l'œuvre dans le champ intellectuel. Elle se décline en trois parties qui explorent chacune un pan spécifique de l'histoire de ces circulations transatlantiques des sciences sociales. La première s'attache à décrire les conditions matériel, The editorial adventure of the Encyclopaedia of the Social Sciences (ESS) began in 1927 when Edwin Seligman, professor of economics at Columbia University, and Alvin Johnson, director of the New School for Social Research, were appointed editors of this ambitious scientific enterprise, which intended to become the fundamental and indispensable reference for the social sciences on an international scale. Backed by ten American disciplinary associations, the project materialized eight years later, in 1935, when the fifteenth and final volume of the ESS was released. The encyclopedia, composed of thematic articles of varying length and relatively short biographical notes, was the creation of a community of nearly 2,000 researchers from all disciplines, mainly from Europe and the United States. Given its ambition and its unprecedented scope, the ESS represents a unique observatory of the social sciences in the interwar period. This thesis intends to understand the ESS as the product of a more or less conflicting encounter between intellectual trends, specific institutional configurations, actors involved in its development, and various social demands. In this way, this work explores, more generally, the relationship between science, society and politics, and the way in which these three dimensions, largely intertwined, interlock to form social knowledge. Adopting a transnational perspective in order to better explain phenomena that transcend nation-states, this study attempts to describe the circulation of this social knowledge, an approach that allows us to take into account the dynamics and stakes at work in the intellectual field. It is divided into three parts, each of which explores a specific part of the history of these transatlantic circulations of social sciences. The first part describes the material and non-material conditions that allowed a project such as the ESS to come to existence, focusing on the institutional context of American universities, the omnip, Doctorat en Histoire, histoire de l'art et archéologie, info:eu-repo/semantics/nonPublished