In the years 1990/2000, the Failling State, Failed State, Collapsed State, Quasi-State and Weak State upset the international political thought. What definition (s) could we bring to these states in one or more meanings that political science would hear? In what way would they contribute to enriching political theory?Fearing the normative effects and lack of scientific objectivity of a provisional definition at the outset, we have chosen to define the concept descriptively, that is to say at the end of an empirical analysis. The problem was then methodological: how to describe an object that we did not suspect existed there is little? And how to analyze it?We started from the idea that Failling State, Failed State, Collapsed State, Quasi-State and Weak State were synonymous notions from the same concept, "failing states". The use of this philosophical term therefore gave us the task of determining all the meanings, notions and uses attached to it. The concept could also be characteristic of a paradigm. This term borrowed from the philosophy of science made it possible to envisage the existence of a community of thinkers, co-authors of the concept-paradigm thanks to their socio-political lexical uses, even to their theories.With these two reflective frameworks, we had to follow the lexicographer's approach. Supported by the tools of discourse analysis, especially on form and lexicological methods, it was a question of retracing the history of the concept over a long period of time: from its genesis, its phases of construction and deconstruction to our days.From this diachronic approach, three results have emerged:The first was to discover the theoretician of the concept-paradigm "Failling State" in the person of René de Lucinge, Sieur des Allymes. The ambassador of Savoy to the Court of France under King Henry III, friend a time of Giovanni Botero, exposes for the first time, the theory of failure that is to say the fall of the state in his little political treatise De la Naissance, Duree et Cheutte des Estats, published in 1588 in Paris. Disgraced in 1602 for having signed the Treaty of Lyon, his name and his works were damnati for three hundred years. Through the discovery of René de Lucinge, the original community of the paradigm's thinkers can be revealed. The "failing state" thus appears at the same time as the concept of "state" itself, that is to say in the sixteenth century.The second result concerns the cognitive changes of the concept-paradigm between Naissance and the 2000s. For example, it loses one of its key concepts, the antonym, the conservation of state. And, the dominance of the jurists, at several moments of the "life" of the concept, exerts an effect stopping on its meaning. Words having a "memory", it is indeed no longer possible to think or use it without associating it with the terms "deficiencies", "duties" or "obligations". This second result makes it possible to reveal other communities of scientists thanks to their socio-political uses.The last result allows us to evaluate the American contribution in the history of the concept. Certainly, this innovation pushes the paradigm towards its climax. It is enriched by models that reveal the existence of analytical rules common to the communities of the paradigm. However, American domination makes it enter the international political field. However, this evolution leads to the creation of a competitor, the Fragile State, whose gradual emergence causes, in the end, the concomitant extinction of the concept-paradigm "failling states", Dans les années 1990/2000, les termes Failling State, Failed State, Collapsed State, Quasi-State et Weak State bouleversent la pensée politique internationale. On s’est alors posé la question de savoir s’ils n’étaient pas en train de créer une nouvelle catégorie d’États dans le champ de la science politique, une catégorie des États « déviants » ? De quelles déviances s’agissait-t-il alors ? Quelles normes politiques et internationales avaient-t-ils transgressé ? Au final, quelle(s) définition(s) pouvions-nous apporter à ces États dans un ou des sens que la science politique entendrait ? En quoi contribueraient-t-elles à enrichir la théorie politique ? Craignant les effets normatifs et l’absence d’objectivité scientifique d’une définition provisoire de départ, nous avons choisi de définir le concept de manière descriptive c’est-à-dire au terme d’une analyse empirique. Le problème était alors d’ordre méthodologique : comment décrire un objet dont on ne soupçonnait pas l’existence il y a peu? Et comment l’analyser ? Nous sommes parties de l’idée que les Failling State, Failed State, Collapsed State, Quasi-State et Weak State étaient des notions synonymes issues d’un même concept, « États défaillants ». L’emploi de ce terme philosophique nous donnait donc pour tâche de déterminer tous les sens, notions et usages rattachés. Le concept pouvait également être caractéristique d’un paradigme. Ce terme emprunté à la philosophie des sciences permettait d’envisager l’existence d’une communauté de penseurs, co-auteurs du concept-paradigme grâce à leurs usages lexicaux socio-politiques voire à leurs théories.Il nous restait à emprunter la démarche du lexicographe. Appuyée sur les outils de l’analyse du discours, en particulier sur les méthodes formulaire et lexicologiques, il s’est agi de retracer l’histoire du concept sur un temps long : de sa genèse, ses phases de construction et de déconstruction à nos jours.De cette approche diachronique, trois résultats ont été dégagés :Le premier a été de découvrir le théoricien du concept-paradigme « État-défaillant » en la personne de René de Lucinge, Sieur des Allymes. L’ambassadeur de la Savoie à la Cour de France sous le roi Henri III, proche un temps de Giovanni Botero, expose pour la première fois, la théorie de la défaillance c’est-à-dire de la chute de l’État dans son petit traité politique De la Naissance, Duree et Cheutte des Estats, publié en 1588 à Paris. Disgracié en 1602 pour avoir signé le traité de Lyon, son nom et ses œuvres ont été damnati trois cents ans durant. À travers la découverte de René de Lucinge, la communauté originelle des penseurs du paradigme peut ainsi être révélée. L’ « État défaillant » apparaît donc au même moment que le concept d’ « État », lui-même, c’est-à-dire au XVIe siècle.Le second résultat porte sur les évolutions cognitives du concept-paradigme entre Naissance et les années 2000. Il perd, par exemple, une de ses notions phares, la notion antonyme de conservation de l’État. Et, la domination des juristes, à plusieurs moments de la « vie » du concept, exerce un effet dirimant sur son sens. Les mots ayant une « mémoire », il n’est, en effet, plus possible de le penser ou de l’employer sans lui associer les termes de « manquements », « devoirs » ou « obligations ». Ce second résultat permet de révéler d’autres communautés de savants grâce à leurs usages socio-politiques. Le dernier résultat permet d’évaluer l’apport américain dans l’histoire du concept. Certes, cette innovation pousse le paradigme vers son apogée. Il s’enrichit de modélisations qui révèlent l’existence de règles analytiques communes aux communautés du paradigme. Cependant, la domination américaine le fait entrer dans le champ politique international. Or, cette évolution conduit à la création d’un concurrent, le Fragile State, dont l’émergence progressive provoque, au final, l’extinction concomitante du concept-paradigme « États défaillants »