Cette contribution entend analyser la médiatisation du procès de Bruno Dey dans BILD et dans la taz en accordant une attention particulière aux images de presse. À l’âge de 93 ans, Dey a été accusé de complicité de meurtre de plus de 5230 personnes, au camp du Stutthof, en Pologne, en 1944-1945. Son procès s’est tenu en 2019-2020 à Hambourg, en pleine pandémie, nécessitant l’installation d’une cage de plexiglas semblable à celle du procès Eichmann (1961). Notre hypothèse de départ concerne les parallèles possibles avec le traitement médiatique du procès de Jérusalem. À première vue, ce parallèle est osé : il semble a priori y avoir peu de points communs entre le procès d’un théoricien de la « Solution finale » et celui d’un nonagénaire ancien gardien de camp. Pourtant, on constate bel et bien, chez les photographes et les journalistes qui ont couvert le procès Dey, des jeux de reprises et de variations des images d’Eichmann. Tel un kaléidoscope, les images de Dey, monstre et homme ordinaire à la fois, s’insèrent dans des traditions iconographiques multiples en matière de représentations médiatiques des criminels nazis. Entre images narratives, satiriques et documentaires, les deux organes de presse recherchent soit la vérité, soit le scandale. En dépit de la variété des messages, cette médiatisation de l’un des derniers procès de criminels nazis révèle la présence encore forte de la mémoire du passé nazi dans la société allemande. This contribution seeks to analyse the media coverage of Bruno Dey's trial in BILD and in the taz, paying particular attention to press images. At the age of 93, Dey was charged with complicity in the murder of more than 5,230 people, at the Stutthof camp, in Poland, in 1944-1945. His trial was held in 2019-2020 in Hamburg, in the midst of the pandemic, requiring the installation of a plexiglass cage similar to that used in the trial of Eichmann (1961). The starting hypothesis of this article concerns the possible parallels with the media treatment of the Jerusalem trial. Indeed, at first glance, this parallel is daring: the trial of a theoretician of the “Final Solution” and that of a nonagenarian former camp guard seem to have very little in common. However, the work released by the photographers and journalists who covered the Dey trial suggests ‘games of variations’ in the treatment of Eichmann's images. Like a kaleidoscope, the images of Dey, monster and ordinary man at the same time, fit into multiple iconographic traditions in terms of media representations of Nazi criminals. Whether narrative, satirical or documentary, the images produced by the two press organs seek either the truth or the scandal. Despite the variety of messages, this media coverage of one of the last trials of Nazi criminals reveals the extent to which the memory of the Nazi past remains strongly present within German society.