Search

La rivalité qui oppose la République populaire de Chine au Vietnam au sujet de la mer de Chine méridionale met en lumière la profonde mutation qu’a connue ce pays sur le plan de ses ambitions régionales comme de ses représentations géopolitiques. Si celles-ci ont été et demeurent fondamentalement structurées par son rapport historique avec la Chine, l’horizon géopolitique de Hanoi s’est maritimisé, s’éloignant de la péninsule indochinoise pour s’orienter vers la mer de Chine méridionale où le Vietnam a fait de la souveraineté des archipels Paracels et Spratleys un enjeu prioritaire. Cette évolution a pour conséquence le renforcement progressif des capacités navales de l’armée vietnamienne et le rapprochement de Hanoi avec d’autres puissances maritimes. Dans ce contexte délicat, le Vietnam tente de conserver un juste milieu entre l’affirmation de ses ambitions et maintien d’une coopération avec la Chine. La position de Hanoi est cependant affectée par la montée progressive des tensions entre les États-Unis et la RPC. En complexifiant le maintien d’une équidistance entre Washington et Pékin, celles-ci rendent plus risqués les choix stratégiques à venir du pays. The rivalry between People’s Republic of China and Vietnam over the South China Sea highlights the profound changes Vietnam has experienced in its regional ambitions and geopolitical perceptions. These have been and remain fundamentally structured by its historical relationship with China. However, the geopolitical horizon of Hanoi has become maritime, moving away from the Indochinese peninsula towards the South China Sea where Vietnam has made sovereignty of the Paracels and Spratly archipelagos a priority issue. The consequence of this development is the gradual strengthening of naval capabilities of the Vietnamese army as well as the rapprochement of Hanoi with other maritime powers. In this sensitive context, Vietnam tries to maintain a proper balance between its regional ambitions and maintenance of cooperation with China. Hanoi’s position is however affected by the gradual rise of tensions between United States and the PRC. These complicate the maintenance of equidistance between Washington and Beijing and make the future strategic choices of the country more risky.

In 2021, M. Kunihiro said: “If China really wants to “liberate” Taiwan, (…) it must also attack to the east and neutralize American forces based in Japan. This means that Japan will not only be involved but also attacked”. In the context of Chinese pressure on Taiwan, this declaration highlights the links that Japan has within the geopolitical tensions in the Indo-Pacific area. What is more, he refers to the prefecture of Okinawa, neighbouring Taiwan and housing some 75% of the American military capabilities in Japan. Taiwan and Okinawa appear as strategic territories in the context of the rivalry between Japan and China in the Indo-Pacific region. In order to integrate them in their geopolitical strategy, Japan and China have engaged in a battle for influence, based on public diplomacy, soft power, and internal meddling.; Début 2021, M. Kunihiro déclarait : « Si la Chine veut vraiment “libérer” Taïwan, (…) elle doit aussi attaquer à l’est et neutraliser les forces américaines basées au Japon. Ce qui veut dire que le Japon sera non seulement impliqué mais attaqué. ». Dans le contexte des pressions chinoises sur Taiwan, cette déclaration permet de mettre en avant les liens dont le Japon dispose au sein de ces tensions géopolitiques dans la zone Indopacifique. De plus, il y fait référence à la préfecture d’Okinawa, voisine de Taiwan et abritant quelques 75% des capacités militaires américaines au Japon. Taiwan et Okinawa apparaissent comme des territoires stratégiques dans le contexte de la rivalité entre le Japon et la Chine dans la région Indopacifique. Pour tenter de les intégrer dans leur stratégie géopolitique, le Japon et la Chine se livrent une bataille d’influence, basée sur la diplomatie publique, le soft power, et les tentatives d’ingérence interne.

Over the last few years, a growing number of Chinese diplomats and diplomatic missions (embassies and consulates) have opened accounts on Twitter. While most of the publications coming from these official diplomatic accounts aim to promote China’s soft power abroad, thus pertaining to public diplomacy, a new brand of diplomatic communication has emerged during the COVID-19 pandemic, often referred to as “wolf warrior diplomacy” because of the aggressive tone adopted by some diplomats to defend Beijing’s actions and discourse against its critics. These facets of its Twitter diplomacy allow China to pursue distinct foreign policy objectives, such as improving its international image and increasing its "discursive power", as well as reflect China's desire to assert itself on the international stage.; Au cours des dernières années, un nombre croissant de diplomates chinois et de missions diplomatiques (ambassades et consulats) ont ouvert des comptes sur Twitter. Si une majorité des publications issues de ce réseau de comptes diplomatiques officiels met à profit cette plateforme pour promouvoir le soft power chinois auprès des publics étrangers, au travers d’une diplomatie publique active, la pandémie a vu émerger un nouveau type de communication, surnommée diplomatie du « loup guerrier » du fait du ton belliqueux adopté par certains diplomates pour défendre les actions et le discours de Pékin. Ces différentes facettes de la diplomatie Twitter permettent à la Chine de poursuivre des objectifs différents de sa politique étrangère, améliorer son image à l’international et accroître son « pouvoir discursif » entre autres, et témoignent d’une volonté pour la Chine de s’affirmer sur la scène internationale.

Le China-Pakistan Economic Corridor (CPEC), porte-étendard des « nouvelles routes de la soie » chinoises, est à ce jour le projet le plus important de la Belt and Road Initiative avec 62 milliards de dollars d’investissements annoncés jusqu’ici dans les secteurs de l’énergie, des transports et de l’industrie. Au Pakistan, le CPEC porte la promesse d’un renouveau de la croissance économique et a même été introduit comme un « game changer » pour le pays susceptible de profiter à l’ensemble des citoyens pakistanais. Néanmoins, une ombre au tableau contrarie fortement Pékin et Islamabad. En effet, des groupes ethno-nationalistes issus de la minorité baloutche s’opposent fermement au projet ; ils s’attaquent aux intérêts chinois au Pakistan et tentent d’empêcher la poursuite des travaux dans leur province du Baloutchistan. Leur opposition menace la réussite de l’ensemble du CPEC compte tenu de l’importance stratégique du port de Gwadar, situé au sud-ouest de la province et désigné comme la porte d’entrée d’un futur corridor commercial et énergétique reliant la Chine à la mer d’Arabie via le Pakistan. Ce mémoire de recherche étudie la transformation du conflit opposant les indépendantistes baloutches à Islamabad à l’aune du CPEC et s’intéresse au rôle de la Chine dans cette transformation. Premièrement, l’étude des répercussions socio-économiques du CPEC sur la province la plus pauvre du Pakistan démontre que le projet chinois accentue la marginalisation de la population baloutche au sein de l’unité nationale pakistanaise et renforce donc les positions des groupes indépendantistes. Ensuite, ce travail s’attache à démontrer que la Chine et le Pakistan, loin d’opter pour une inclusion effective des Baloutches au projet, y développent des stratégies contre-insurrectionnelles conjointes fortement influencées par le modèle répressif adopté par la République Populaire de Chine au Xinjiang. Ces stratégies s’appuient principalement sur le déploiement massif de forces de sécurité, par la mise en place de dispositifs de surveillance et par le contrôle des discours ayant trait au CPEC. Enfin, ce mémoire étudie la possibilité d’un soutien extérieur apporté à la mouvance indépendantiste baloutche par des puissances étrangères soucieuses de contrer l’influence grandissante de la Chine en Asie du sud et questionne la probabilité de l’éclatement d’un conflit d’envergure internationale au Baloutchistan.

Durant les dernières décennies, la Chine et l’Union européenne ont su relever des défis colossaux. Aujourd’hui, l’Empire du Milieu paraît s’imposer comme la superpuissance du XXIe siècle alors que l’UE, fragilisée, traverse une période cruciale de son histoire. Quant aux États-Unis, ils tournent le dos au multilatéralisme depuis l’arrivée de Donald Trump et sont engagés dans un rapport de force avec Bruxelles et Pékin. Ces évolutions interrogent sur les relations entre les trois Puissances, par ailleurs les trois premiers acteurs économiques du monde. La Chine semble vouloir récupérer le leadership américain et l’Union européenne cherche à se consolider et à s’affirmer sur la scène internationale. Cette période inédite peut-elle ouvrir une nouvelle ère dans les relations sino-européennes ? Quelles en sont les limites ? Ce mémoire tente d’apporter des éléments de réponses en analysant l’émergence de la République populaire de Chine et de l’UE, leurs forces et leurs faiblesses, la construction de leurs relations, les divergences politiques, économiques, géostratégiques, mais aussi les points de convergence et les partenariats qui ne cessent de s’intensifier. La situation conflictuelle entre Washington et Pékin est également abordée, tout comme l’unilatéralisme américain susceptible d’affaiblir l’alliance transatlantique. Enfin, une réflexion est portée sur le devenir de l’Union européenne.