1. Le premier des modernes ? La conception du lien social chez Kaiho Seiryô (1755-1817)
- Author
-
Olivier Ansart
- Abstract
This article analyses the conception of the social bond — that "cement of society" holding individuals together — in the thought of Kaiho Seiryō and suggests that he was probably the first in the Tokugawa period to so systematically question traditional conceptions of society and substitute for them a radically new vision. The starting point of the article is the vision of individuals that Seiryō develops. After all, views of society entail and are entailed by a conception of what individuals are. For Seiryō, the determining characteristic of individuals is not anymore, as was the case in the various Confucian streams of thought, the possession of some moral dispositions. It is, rather, to use modern language, the possession of instrumental rationality. This understanding of humans, as agents solely motivated by self-interested pursuits and able to make the calculations and strategies necessary to achieve these goals, puts Seiryō at loggerheads with two millenniums of Confucian social thinking, but leads him towards the conception of a contractual bond between the individuals composing a society. True, such an idea is not entirely without predecessors, and it was also largely the unavoidable by-product of some momentous social phenomena of the period - urbanization first of all. This, however, does not diminish the importance of Seiryō's work, to which not enough attention has been paid until now., Cet article analyse la conception du lien social - ce qui lie les individus dans une société - implicite dans la pensée de Kaiho Seiryō (1755- 1817), et suggère qu'il est le premier dans le Japon des shogun Tokugawa à remettre radicalement en cause les anciennes conceptions au profit d'une vision très moderne de la société humaine. Le point de départ de l'article est la vision des individus que développe Seiryô. Pour Seiryô, la caractéristique déterminante des êtres humains n'est plus, comme dans la tradition confucianiste, la possession de certaines dispositions morales, mais ce que, dans un langage moderne, nous appellerions la rationalité instrumentale. Cette représentation des êtres humains comme des agents égoïstes — intéressés avant tout à la maximisation de leur profit et capables d'effectuer les calculs nécessaires pour atteindre ce but — amène Seiryô à formuler l'idée d'un lien contractuel entre les membres de la société, renversant ainsi deux millénaires de tradition confucianiste. Evidemment, une telle idée n'est pas sans précurseurs. Elle est aussi, et surtout, le produit du vaste réaménagement des structures sociales accompli pendant l'époque d'Edo. Ceci n'ôte cependant rien à l'importance du travail de Kaiho Seiryô, auquel les historiens n'ont, jusqu'à présent, prêté qu'une attention très limitée., Ansart Olivier. Le premier des modernes ? La conception du lien social chez Kaiho Seiryô (1755-1817). In: Ebisu, n°37, 2007. pp. 71-95.
- Published
- 2007