Summary - The Shitamachi of Edo, Essay Concerning Water in the Cities of Tokyo and Paris This essay compares the shitamachi of Edo/Tokyo, where the author, an anthropologist, was born, and where his family has lived for 9 generations, and Paris where he has lived in all for 8 years. As big cities, Tokyo and Paris share certain characteristics but are also distinguishable by others. Edo, constructed by human labor 400 years ago, is situated in the middle of an uncultivated plain, countless times destroyed by fire, but always able to return from the dead like Phoenix. Paris has captured its 2000 years of history in the stone of its buildings. In Tokyo today it is not possible to see any building over 100 years old, but in Paris buildings have for a long time survived by being entrusted with new functions. Apart the Ueno battle contested by the official army and the Shougitai and the bombings of the US army, Edo/Tokyo has never been the place of battles or of foreign invasions. Paris, however, has a memory full of troubles and wars. There is one area that Paris and Tokyo, while sharing a few basic characteristics, also reveal, after a subtler observation, quite interesting differences. This area is water and the relation that inhabitants of the two cities have with it. It goes without saying that Paris and the Seine have always been inseparable. Edo, for its part, has always had a very close relationship with its waters. One has to remember that a large portion of this town was built artificially on reclaimed land and that it was arranged like a chessboard with canals running north-south and east-west. The big basins of the Tonegawa and the Arakawa flowed through the biggest of the canals, the Onagigawa, linked the town with the north and the east of the Kanto region, transporting people and goods to other parts of the country and finally, through the sea in front of Edo, marine transportation between Edo and other parts of Japan flourished. The author has focused his comparative work on 1) the importance of fish in the daily life of the inhabitants of Edo/Tokyo and Paris, 2) transportation by river, particularly the propulsion techniques of ships and the life of the people living on them, 3) transportation by river of the wood used in the towns and the life of the people who were handling it. Regarding these ships, the author examines the differences in propulsion : whether it was mainly by human force (Edo/Tokyo) or by non-human force, especially animal (Paris), and then, the physical aspects of the rivers in France and in Japan, and the size of vessels and their équipement as well as the similarities in attitudes and mentalities of the people living on these ships. In a town like Edo, so prone to fires, there was a huge demand for wood as building materials, and the kawanami who handled the wood occupied not only a fairly good social and economic position, they were also able to develop a distinctive aesthetic which came to be known as inase. On this question, the contrast between Parisian "débardeurs", who were poorly paid and forced to do dirty and tiring work is striking. In a sequel to this text, the author will examine the link, in Edo, between water and death., Cet essai procède à une comparaison sur plusieurs plans entre la shitamachi d'Edo/Tôkyô, où l'auteur, anthropologue, est né et où sa famille vit depuis neuf générations, et Paris, où il a habité huit ans. En tant que grands centres urbains, Tôkyô et Paris partagent certaines caractéristiques, alors que d'autres les distinguent : Edo, construite par le travail humain il y a 400 ans, au milieu d'une plaine inculte, sans cesse détruite par le feu, mais renaissant sans cesse aussi tel le Phoenix ; Paris qui a fixé dans la pierre de ses bâtiments ses 2000 ans d'histoire. A Tôkyô on ne peut guère voir aujourd'hui de constructions vieilles de plus d'un siècle, mais à Paris voilà bien longtemps que les bâtiments perdirent tout en se voyant investis de nouvelles fonctions. Si l'on met a part la bataille de Ueno livrée par l'armée officielle et le Shougitai, et les bombardements de l'armée américaine, Edo/Tôkyô n'a jamais été la scène de batailles ou d'invasions étrangères, mais Paris a la mémoire remplie de troubles et de désordres. Un des domaines où Paris et Tôkyô, tout en partageant quelques caractéristiques fondamentales, révèlent aussi, après un examen attentif, d'intéressantes différences est celui de l'eau et des rapports que les hommes entretiennent avec elle. Il va sans dire que Paris et la Seine ont toujours été inséparables. Edo, de même, a toujours entretenu des rapports étroits avec l'eau : qu'on se rappelle que la ville a été en grande partie édifiée artificiellement sur des terrains remblayés pris à la mer, que la ville a été découpée comme un damier par des canaux qui la parcouraient du nord au sud et d'est en ouest, que les deux grands réseaux fluviaux de la Tonegawa et de l'Arakawa, passant par le plus grand de ces canaux, l'Onagigawa, reliaient en transportant hommes et choses, la ville aux arrière-pays du nord et de l'est de la région du Kanto, ou enfin que par la mer en face de laquelle elle était sise, les transports maritimes entre Edo et le reste du pays étaient florissants. L'auteur a mené sa comparaison avec Paris sur 1) la place des poissons dans la vie des citadins, 2) les transports fluviaux et en particulier les techniques de propulsion des embarcations et la vie des gens qui y étaient installés, 3) les transports, par voie d'eau, du bois consommé dans ces deux villes et la vie des gens qui le traitaient. Sur la question des bateaux, sont évoquées, d'une part une différence caractéristique entre la dépendance, pour la propulsion, de la force humaine (Edo/Tôkyô) ou de l'énergie non humaine, à commencer par la force animale (Paris), et d'autre part, à côté d'une certaine similitude entre les attitudes et les mentalités des gens qui vivaient sur ces bateaux, des différences physiques entre les rivières en France et au Japon ainsi que des différences dans la taille des embarcations comme dans leur équipement intérieur. Dans une ville aussi vulnérable aux incendies que l'était Edo, il y avait une énorme demande en bois de construction, et les kawanami qui traitaient ce bois, non seulement occupaient socialement et économiquement une place enviable, mais encore ils purent développer aussi une certaine conception esthétique qu'on appela inase. Sur ce point le contraste est net avec les "débardeurs" de l'entrepôt de bois de l'île Louviers à Paris, mal rémunérés et astreints à un labeur pénible et sale. Dans une suite à ce texte sera évoqué le lien, à Edo/Tôkyô, entre l'eau et la mort., Kawada Junzo, Ansart Olivier. La Shitamachi d'Edo, essai sur l'eau dans la ville à Tokyo et Paris. In: Ebisu, n°13, 1996. pp. 39-73.