1. La greffe et l’empreinte : chiisme et communisme dans le monde arabe
- Author
-
Nicolas Dot-Pouillard
- Subjects
idéologie ,Cultural Studies ,History ,Sociology and Political Science ,lcsh:DT1-3415 ,Liban ,marxisme ,Religious studies ,Irak ,Political Islam ,chiisme ,lcsh:History of Africa ,Iraq ,Marxism ,lcsh:H1-99 ,lcsh:Social sciences (General) ,Lebanon ,islam politique ,Shiism ,Ideology ,Communisme ,Communism - Abstract
Le communisme et l’islam politique chiite dans le monde arabe ne partagent pas les mêmes présupposés idéologiques, mais une série de greffes et d’empreintes successives, notamment en Irak et au Liban, leur donne parfois un air de famille. Trois séquences historiques distinctes se dessinent. À partir des années 1950, des partis communistes se greffent sur des communautés chiites marginalisées : l’appel révolutionnaire du marxisme et de la lutte des classes fait pratiquement écho au millénarisme chiite. Avec les effets de la révolution iranienne de 1979 sur le monde arabe, la dynamique s’inverse : la tonalité anti-impérialiste et eschatologique venue de Téhéran fascine les gauches marxisantes. Elle encourage des conversions à l’islam politique. La troisième séquence s’ouvre avec les années 1990 ; depuis, le communisme arabe a un usage politique du chiisme, mais qui n’est pas religieux. En se plaçant du côté de Téhéran et du Hezbollah libanais, les gauches marxisantes tentent de réenchanter une vision tiers-mondiste du politique. Mais, à l’instar de l’islam politique chiite, elles ont pour le moment abandonné tout horizon révolutionnaire. Communism and Shia political Islam in the Arab world do not share the same ideological assumptions ; however, they do bear family resemblances, due to their historical relationship – particularly in Iraq and Lebanon – which can be broken down to three time sequences. From the 1950s, communist parties are anchored in marginalized Shia communities : the revolutionary narrative of Marxism and class struggle echoes Shia messianism. In the aftermath of the 1979 Iranian revolution, the dynamic is reversed : the anti-imperialist and eschatological narrative coming from Teheran fascinates the Marxist lefts, and encourages conversions to political Islam. The third sequence opens in the nineties, with the end of the Cold War : since then, Arab communists have displayed a political use of Shiism, that is not religious. By supporting Teheran and the Lebanese Hezbollah, some Arab Marxist activists try to reactivate a neo-thirld-worldist political worldview. Nevertheless, as have the proponents of Shia political Islam, they have abandoned for the moment any revolutionary aspirations.
- Published
- 2019
- Full Text
- View/download PDF