1. Dermatomyosites induites par les Inhibiteurs du Checkpoint Immunologique : série de cas, recueil issu de la base de pharmacovigilance VigiBase et revue de la littérature.
- Author
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Duteurtre, S., Maria, A., Palassin, P., Sibaud, V., Dion, J., Pastissier, A., Cougoul, P., Delavigne, K., Rauzy, O., Comont, T., and Rivet, V.
- Abstract
L'avènement des immunothérapies anticancéreuses bloquant les points de contrôle immunologique PD(L)1 ou CTLA4 est à l'origine d'effets indésirables immuno-induits (irAEs), en particulier des toxicités cutanées, souvent modérées et rapidement améliorées par un traitement local, mais pouvant se manifester sous la forme de véritables dermatomyosites (DM), rares et peu décrites dans la littérature [1]. Nous avons inclus l'ensemble des cas de DM survenues à la suite d'un traitement par Inhibiteurs du Checkpoint Immunologique (ICI), diagnostiquées au sein de 3 Centres Hospitaliers Universitaires en Occitanie (Toulouse, Montpellier et Nîmes) sur la période de janvier 2020 à mai 2023. Une requête a été effectuée dans la base française de pharmacovigilance VigiBase pour rechercher tous les cas rapportés de DM à la suite d'un ICI. Nous avons enfin inclus l'ensemble des cas de la littérature issus de la base de données Pubmed/MEDLINE, interrogée jusqu'en décembre 2023. Nous décrivons 14 nouveaux cas de DM immuno-induites, dont 3 cas diagnostiqués en Occitanie et 11 cas issus des bases de données de pharmacovigilance, ainsi que 22 cas issus de la littérature, soit une cohorte totale de 36 cas. Pour cette cohorte, les patients étaient en majorité des hommes (66 %), avec un âge médian de 68 ans (min–max 15–87). Les anti-PD1 seuls étaient impliqués dans 64 % des cas (11 pembrolizumab, 11 nivolumab, 1 toripalimab), les anti-PDL1 dans 22 % (2 durvalumab, 3 avélumab, 3 atezolizumab), les anti-CTLA4 dans 11 % (4 ipilimumab), et une combinaison anti-PD1/CTLA4 dans 3 % (1) des cas. Le délai médian d'apparition était de 2 cures (min–max 1–17). Au diagnostic, les patients présentaient une atteinte cutanée typique (32 cas, 89 %), associée à une atteinte musculaire proximale avec myalgies (21, 58 %) et/ou faiblesse musculaire (26, 72 %), et une élévation des CPK (médiane 1574 UI/l). La recherche d'anticorps spécifiques des myosites retrouvait la présence d'anticorps anti-TIF1γ dans 16 cas (44 %), 1 (3 %) d'anti-KS (3 %) et 1 (3 %) d'anti-PL12. Aucun autre anticorps classiquement retrouvé dans les DM n'étaient mis en évidence. Un EMG confirmait un syndrome myogène chez 8/12 patients (73 %) et un hypersignal des masses musculaires en faveur d'une myosite chez 12 patients. Une biopsie cutanée et/ou musculaire était compatible avec le diagnostic de DM chez respectivement 17/18 patients (94 %) et 8/11 (77 %). Les complications associées à la myosite comprenaient une atteinte respiratoire pour 6 patients (17 %) et des troubles de déglutition pour 6 (17 %) également. 10 patients (28 %) présentaient au moins une autre immunotoxicité. La prise en charge comprenait une corticothérapie pour 34 (94 %) patients, avec bolus intraveineux pour 20 d'entre eux (56 %). 32 patients nécessitaient un traitement immunomodulateur/immunosuppresseur : 22 (61 %) des immunoglobulines intraveineuses, 3 (8 %) du méthotrexate et 3 (8 %) de l'azathioprine. L'ICI était suspendu pour 33 patients (92 %). Une réponse complète (RC) ou partielle (RP) était décrite dans respectivement 10 (22 %) et 17 (47 %) cas. Parmi 8 cas (22 %) de rechallenge, la moitié aboutissait à une aggravation ou réapparition des signes de DM. Notre cohorte rassemble des cas de DM hétérogènes en termes de sévérité et de réponse aux traitements. Ils se différencient des DM hors-ICI par leur nette prédominance masculine et un âge plus tardif au diagnostic, en lien probablement avec l'épidémiologie des cancers pris en charge par ICI. Leurs présentations à la fois cliniques, biologiques et histologiques semblent toutefois similaires [1]. Nous notons par ailleurs qu'environ la moitié des DM sont séronégatives et que près de la moitié sont associées à la présence d'anticorps anti-TIFγ. Il est alors difficile de déterminer si la survenue d'une DM était d'origine paranéoplasique ou en lien avec l'ICI. En effet, les DM sont fortement liées au cancer, en particulier chez les patients présentant une positivité des anticorps anti-TIF1γ, témoignant d'une réponse immunitaire anti-tumorale [1]. Chez des patients présentant une DM latente asymptomatique, l'ICI pourrait agir comme un élément déclencheur, avec dans certains cas des symptômes cliniques à minima ou un titre d'anticorps détectables avant le démarrage de l'immunothérapie. Les DM sont des toxicités rares et parfois sévères sous ICI. L'implication de l'immunothérapie dans leur survenue est discutable, notamment en cas de positivité des anti-TIF1γ, rendant la question de la poursuite du traitement difficile. [ABSTRACT FROM AUTHOR]
- Published
- 2024
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