Marâtres, empoisonneuses, sphynges impudiques assoiffées de pouvoir … Les Anciens et de nombreux auteurs modernes n'ont pas de mots assez durs pour qualifier les impératrices romaines. Et pourtant, à l'exception de trois d'entre elles - Agrippine, Messaline, Poppée - dont la réputation sulfureuse a traversé les siècles, la plupart de nos contemporains seraient incapables de citer le nom et encore moins d'évoquer la vie de l'une des vingt-quatre autres impératrices du Haut-Empire. Qui connaît en effet Statilia Messalina, Crispina ou Aquila Severa, épouses « oubliées » des célèbres empereurs Néron, Commode ou Élagabal? Ce livre propose de restituer le contexte historique dans lequel ces femmes ont vécu, tout en racontant leur personnalité, leurs desseins et les moments forts de leur existence : la jeunesse romanesque de Livie, future épouse d'Auguste, fuyant la guerre civile au milieu d'une forêt en flammes, le nourrisson Tibère serré dans ses bras ; Lucilla, épouse de Lucius Vérus, inaugurant près de Rome un fabuleux palais de verre ; Plotine ou Julia Domna, épouses d'Antonin le Pieux et de Septime Sévère, dissertant sur la condition humaine avec leurs amis philosophes. Une existence hors normes, que n'envieraient toutefois pas les femmes émancipées du XXIe siècle. Car ces grandes dames avaient beau occuper une place privilégiée au sommet de la société romaine, porter le titre prestigieux d'Augusta et être assimilées à des déesses, elles n'en étaient pas moins victimes des préjugés d'une société violente et machiste qui plaçait les qualités masculines au-dessus de tout. On ne s'étonnera pas alors que plus de la moitié des épouses impériales aient connu la répudiation, l'exil ou une mort violente. Ambitieuses ou effacées, ces femmes ont toutes eu des destins singuliers. Certaines ont même occupé une place importante au sein du gouvernement impérial. Ce sont toutes ces vies brillantes, tragiques ou flamboyantes et cette histoire étalée sur trois siècles que ce livre propose de raconter. Pierre Forni est titulaire d'un doctorat en histoire consacré aux bronzes antiques trouvés à Paris. Il a publié de nombreux ouvrages d'histoire pour la jeunesse, collaboré avec le dessinateur Jacques Martin sur L'Odyssée d'Alix, publié deux romans des temps sévériens, Les Sortilèges d'Andrasta et La Vénus d'albâtre, et, dans cette collection, Caracalla, père de la citoyenneté universelle et Les Sévères.