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Cet article prend pour objet le développement actuel de l’instruction à domicile (instruction en famille ou “homeschooling”). Il montre que cette pratique, même si elle demeure marginale, tend à se développer dans la plupart des pays disposant d’un système scolaire massifié. L’expansion quantitative de ce mode d’éducation dans de multiples pays industrialisés (en particulier en Amérique du Nord, où il progresse régulièrement, et en Europe, où, bien que plus récent et encore marginal, il est en croissance apparemment plus nette) amène à considérer qu’on a affaire non à un phénomène local, lié à une tradition ou particularité, mais à un phénomène de plus en plus global qui appelle une explication, elle-même globale. La littérature existante offre une série de distinctions permettant d’identifier des types de familles instruisant à domicile, mais s’est peu questionnée sur le développement du phénomène ailleurs qu’en Amérique du Nord et encore moins sur le caractère éventuellement global de son expansion. Elle laisse dans l’ombre des questions fondamentales. L’article s’appuie sur une enquête réalisée en Belgique et aux États-Unis pour décrire la manière dont l’instruction à domicile s’auto-organise et tente d’expliquer son expansion. Il souligne en particulier les rapports de renforcement mutuel entre expansion et auto-organisation. La conclusion revient sur le phénomène en le situant dans une perspective sociologique plus large susceptible d’aider à mieux comprendre son caractère global et à suggérer des voies de recherche futures.

Ce document-synthèse présente un premier portrait des familles belges francophones instruisant en famille. Les parents ont participé à une enquête menée en ligne sur FramaForms en juin et juillet 2021, à l’initiative de l’Association Enseignement à domicile – Pour la liberté d’instruction et d’Alice Tilman, doctorante ASP-FNRS à l’Université catholique de Louvain. Le questionnaire "Enquête sur l'instruction en famille (IEF) / l'enseignement à domicile (EAD) et assimilé : une première en Belgique !" visait principalement à documenter les raisons du choix d'instruction en famille, les caractéristiques sociodémographiques et expériences éducatives de ces familles, ainsi qu’à recueillir des informations sur leur expérience des contrôles et épreuves certificatives qui sont organisés en Fédération Wallonie-Bruxelles. Ce travail comble un vide puisqu’à ce jour, aucune étude scientifique quantitative ni enquête gouvernementale n’a été effectuée sur cette population en Belgique francophone. Ces résultats préliminaires sont destinés à être précisés et complétés par des analyses plus approfondies dans les mois à venir., This summary document draws a first portrait of French-speaking Belgian families who home educate. Parents participated in an online survey conducted on FramaForms in June and July 2021, at the initiative of the Association « Enseignement à domicile - Pour la liberté d'instruction » and Alice Tilman, PhD candidate ASP-FNRS at the Université catholique de Louvain. The questionnaire " Enquête sur l'instruction en famille (IEF) / l'enseignement à domicile (EAD) et assimilé : une première en Belgique !" aimed mainly at documenting families’ reasons for chosing home education, the socio-demographic characteristics and educational experiences of these families, as well as to collect information on their experience of the exams and certification tests that are organized in the Wallonia-Brussels Federation. This work fills a gap since, to date, no quantitative scientific study or governmental survey has been conducted on this population in French-speaking Belgium. These preliminary results are intended to be completed by more in-depth analyses in the coming months.

Le recours à l’éducation à domicile est en expansion dans de multiples contextes industrialisés, en particulier en Amérique du Nord, mais aussi en Europe, où cette pratique plus récente est encore marginale mais en nette croissance. Comment expliquer un tel phénomène ? Son caractère international laisse penser qu’il pourrait s’agir d’une manière de faire face à la globalisation et, plus précisément, à la façon dont la société globale fonctionnellement différenciée organise l’inclusion des individus. C’est une hypothèse que nous explorerons en partant d’une première enquête auprès de 15 familles belges qui ont choisi, pour des raisons diverses, ce mode particulier d’éducation en dehors du système scolaire et en nous référant aussi à la littérature, qui échoue jusqu’ici à prendre en considération ce qu’ont en commun ces parents dont les motivations et les manières de déployer l'instruction en famille sont de prime abord si diversifiées.

La problématique de l’enseignement à domicile a ici été abordée dans une perspective inductive, au travers de portraits de famille, de manière à rendre justice à la singularité de chaque situation. Dans le cadre de cette courte contribution, nous voulons mettre l’accent sur certains éléments qui se trouvent être relativement transversaux aux situations des familles rencontrées, dont on ne peut cependant pas oublier qu’elles ont chacune une histoire propre, irréductible aux autres.

L’enseignement à domicile est une alternative à l’école, souvent méconnue mais dont la popularité s’accroit d’année en année. Le phénomène « école à la maison » est en expansion dans beaucoup de pays, y compris en Belgique francophone. En effet, si 920 enfants étaient instruits à domicile en 2016, c’est presque deux fois plus qu’en 2008, où ils n’étaient que 502. La question se pose alors de comprendre l’émergence et le succès de cette modalité éducative. Inscrit dans une démarche de type exploratoire, ce mémoire propose des pistes de réponses à la question de départ « Quelles sont les motivations des parents pour instruire leurs enfants à domicile ? », et s’ancre sur l’analyse d’entretiens réalisés auprès de 15 familles pratiquant l’instruction à la maison en Belgique francophone.