Writing a travel is not a harmless gesture, bereft of any political implications — especially in the Indian Ocean world. The history of Indianoceanic travels is one of commercial routes between Asia, Middle East, and East Africa; a history of silk trade, coal trade, sugar and spice trade, slave trade, labor trade. When Europeans arrived, it became a history of colonization, of conquest, cultural domination, of capitalism and imperialism. Travel (to and from Europe, between the trading posts) became the one lens to see the Indian Ocean through. But can travel writing tell the Indian Ocean as a home for its inhabitants, and not only as a paradise or anti-paradise? Can it tell the all the travel stories the Indian Ocean world is made of? Indeed, writing is a claim of power; it requires a legitimized, authorized voice in what Foucault calls the order of discourse. In Conrad’s Lord Jim same as in Le Clézio’s La Quarantaine, it is not the Muslim pilgrims travelling to Mecca nor the indentured labourers coming from India who tell the story: it’s the White European men. Thus, writing travel is claiming power and domination over space and history. Based on works by Foucault, Pratt, Debaene and Marimoutou among others, my hypothesis is that the history, memory, and intertextuality of travel writing in the Indian Ocean have built a discourse of travel: a discursive system designed to tell the space of travel as Empire, the journey as a conquest and the traveler as a colonizer. My research aims to both enlighten how this discourse structures the works of Conrad, Coetzee and Le Clézio, and what it does not / cannot say: the dark side of this discourse. Because travel writing also is a quest for otherness and estrangement, which is the exact opposite of imperialism, two conflictual forces are working against each other in travel writing. This struggle is omnipresent in Lord Jim, Life and Times of Michael K, La Quarantaine et Voyage à Rodrigues and takes multiple forms to question the very possibility of telling travel stories., Écrire le voyage n’a rien d’un geste anodin, dépourvu de toute implication politique, particulièrement dans l’espace indianocéanique. L’histoire des voyages dans l’océan Indien est faite de routes commerciales entre l’Asie, le Moyen Orient et l’Afrique de l’Est ; c’est une histoire du commerce de la soie, du charbon, du sucre et des épices, mais aussi des esclaves et des travailleurs. À l’arrivée des Européens, cette histoire devient coloniale : une histoire de conquête, de domination culturelle, de capitalisme et d’impérialisme. Le voyage (depuis et vers l’Europe, entre les comptoirs) devient le paradigme dans lequel est inventé l’espace indianocéanique. Mais l’écriture du voyage peut-elle dire l’océan Indien comme un pays pour ses habitants, et pas seulement un paradis ou un anti-paradis ? Peut-elle dire toutes les histoires de voyage dont l’océan Indien est fait ? Car écrire est un acte de pouvoir qui requiert une voix légitimée et autorisée au sein de ce que Foucault appelle l’ordre du discours. Dans Lord Jim de Conrad comme dans La Quarantaine de Le Clézio, ce ne sont ni les pèlerins musulmans se rendant à la Mecque ni les travailleuses engagées voyageant d’Inde vers l’île Maurice qui racontent l’histoire — ce sont les hommes blancs. Écrire le voyage, c’est donc prendre le pouvoir dans la représentation de l’espace et l’écriture de l’histoire. Formulée à partir des travaux de Foucault, Pratt, Debaene et Marimoutou entre autres, mon hypothèse est que l’histoire, la mémoire et l’intertextualité de l’écriture du voyage dans l’espace indianocéanique construisent un discours du voyage : un système discursif qui ordonne l’écriture de l’espace du voyage comme celui de l’Empire, du voyage comme une conquête et du voyageur comme un colonisateur. L’objectif de ma recherche est de mettre en lumière, dans les textes étudiés, à la fois cette structure discursive et ses points aveugles — l’envers du discours. Car écrire le voyage, c’est aussi chercher à dire l’altérité et le dépaysement, à l’opposé de l’impérialisme : il y a ainsi deux forces conflictuelles qui s’affrontent au cœur de l’écriture du voyage. Cette lutte est omniprésente dans Lord Jim, Life and Times of Michael K, La Quarantaine et Voyage à Rodrigues et adopte des esthétiques multiples pour questionner la possibilité même de raconter des histoires de voyage dans l’océan Indien.