L’événement critique. La phénoménologie de Jean-Luc Marion entre apocalyptique et eschatologie

L’identification des liens de la phénoménologie de la donation soit avec la pensée heideggérienne suivant la Kehre, soit avec la pensée théologique, offrent de mieux considérer la forme événementielle de la saturation, pour demander à nouveau si sa structure formelle rend possible le sens plénier du temps, demeurant ouvert à la finitude de l’adonné. Cette possibilité est envisagée par une différente interprétation des études de Marion : il utilise de manière de plus en plus décisive le paradigme de la naissance pour exprimer la radicalité de l’événement. Il est alors surprenant de vérifier que la naissance comporte la même structure de la temporalité eschatologique : interruption, irruption, unicité, structure d’appel, ouverture d’une dimension tout à fait nouvelle mais non alternative. L’analyse de la structure formelle de l’événement demeure indécise parce que liée au soupçon de la fermeture de toute temporalité, comme si la radicalité du jugement conséquent à la crise décrète l’impossibilité pour l’histoire à être sensée. Au contraire, la naissance comme figure de l’eschatologique est définie par l’auteur en tant qu’impossibilité de l’impossibilité. On peut l’interpréter comme l’ultérieur renversement de la démarche marionienne : elle révèle la dimension effective en tant que dernière, l’effectivité devient la possibilité la plus radicale, la temporalité qu’elle ouvre c’est l’authentique forme de l’eschatologie.