Laïcité et transplants francophones : spécificités du travail du juriste entre paradigmes de sciences humaines et souverainetés étatiques.

La porosité du concept de laïcité entre ses versants philosophique et politique empêche toute transposition juridique immédiate. C’est dans l’énumération positive de conséquences concrètes qu’une transposition juridique du concept peut lever son ambiguïté. Loin de la figure du philosophe-roi, c’est aux processus démocratiques propres à chaque nation d’opérationnaliser ses règles de vivre-ensemble, et c’est seulement dans un deuxième temps que, de manière inductive, les concepts fondateurs peuvent trouver leur légitimité juridique (plutôt seulement que politique). Ces tensions entre valeurs idéologiques et normes de droit, et leurs résolutions locales, sont aujourd’hui promises à d’autres lectures transnationales : d’une part, en raison de la montée en puissance de contrôle de conformité aux droits humains, qui permettent de mettre en cause certaines options des majorités démocratiques locales ; d’autre part, en raison de la circulation de modélisations philosophiques ou sociologiques qui en généralisent un lexique non juridique.