L'apocalypse au pluriel:Quand chaque monde a sa fin

L’apocalypse selon la modernité tardive – une apocalypse absolue, celle de la destruction totale de l’humanité – diffère-t-elle radicalement des traditions religieuses de l’Apocalypse, qui toutes voyaient la fin d’un monde comme le prélude à la renaissance d’un autre ? Nous proposons ici, en lieu et place de cette distinction, deux thèses entrelacées : la fin d’un monde est toujours, en premier lieu, la fin du monde pour ceux qui la conçoivent. Toute fin du monde par ailleurs, quelle que soit son envergure, admet la possibilité d’un monde à venir. Dans ce cadre, temporalités de la fin, dénaturalisation du monde et Heimatlosigkeit sont parmi les principaux opérateurs des imaginaires apocalyptiques contemporains.
Visions of the (absolute) apocalypse proper to late modernity, which typically envisage the definitive destruction of all of humanity, are often presented as radically different to earlier versions of the apocalypse, which saw the end of the world as a prelude to the Renaissance of a new one. Arguing against such representations of a Great Divide, I propose instead two interrelated theses: first, that the end of a world is always the end of the world for those whose world is set to disappear; and second, that any apocalypse, however absolute it may be, always admits the possibility of a world to come. This introduction explores the role of temporalities of the end, the denaturalization of the world, and Heimatlösigkeit as key aspects of contemporary apocalyptic imaginaries.