Entre fiction et réalité : évolution des représentations de la criminalité et de la justice dans le cinéma québécois (1965-2020)

Art par excellence pour susciter les passions et le débat, le cinéma est beaucoup plus qu’un simple miroir des sociétés qu’il portraitise. Au Québec, la consolidation d’une véritable cinématographie au début des années 1960 est fortement influencée par la redéfinition de l’identité québécoise et par la montée du nationalisme dans la « Belle province ». Mais elle est tout aussi influencée par l’assouplissement graduel des différentes formes de censures qui s’exerçaient jusque-là à son encontre, ouvrant la porte à l’introduction dans la cinématographie québécoise de nouveaux thèmes et de nouvelles questions. Ce mémoire s’intéresse plus particulièrement à la façon dont les cinéastes de la province s’approprient et représentent les thèmes relatifs à la criminalité et à la justice. En s’intéressant tour à tour aux sous-périodes 1965-1979, 1980-1999 et 2000-2020, ce mémoire propose l’analyse d’un corpus de 95 films qui se concentre plus particulièrement sur les stéréotypes mobilisés dans le cinéma criminel et policier québécois, sur les discours des réalisateurs relatifs à leurs œuvres, ainsi que sur le degré de réalisme des œuvres par rapport aux actualités judiciaires du moment. En somme, nous démontrons que, comme les cinématographies françaises, japonaises et américaines, la cinématographie québécoise n’échappe pas à la fascination des réalisateurs et du public pour les films mettant en vedette policiers et gangsters, crimes et châtiments. Plus encore, si le cinéma québécois n’est pas insensible aux influences provenant d’autres cinématographies – et notamment celle du géant américain qui se trouve à ses portes –, il est encore plus profondément influencé par son contexte particulier, son histoire lointaine et plus récente, sa propre « faune » criminelle et les visions particulières de ses cinéastes qui se distinguent par leur intérêt pour ces thèmes.