Entre cogitation et computation : Comment déjouer l'obsolescence programmée de l'architecte ?

Le concepteur de l’environnement construit est traversé aujourd’hui par de multiples flux informationnels aléatoires. Les outils numériques multiplient les mises en relation, génèrent de grandes quantités de données, augmentent l’expérience du réel, simulent la troisième dimension ou plongent le concepteur dans une réalité immersive. Ce contexte modifie inévitablement la manière dont le concepteur doit élaborer des connaissances, prendre des décisions et mener des actions. Outre l’apparition d’effets sociétaux et environnementaux importants, cette situation impacte fortement les processus de conception architecturale. Au point que la pratique usuelle et l’enseignement traditionnel de la discipline architecturale doivent être reconsidérés. Face aux avancées de l’intelligence artificielle, le métier d’architecte lui-même risque de disparaître à brève échéance si les architectes n’arrivent pas à développer des compétences utiles dans une société régulée par l’automatisation du travail et dominée par une économie de la créativité. Cet essai spéculatif identifie quelques compétences à développer par les concepteurs pour justifier l’organisation de la formation à l’architecture au XXIe siècle. En effet, quels sont les phénomènes architecturaux échappant à la computation et encore tributaires de la cogitation ? Pour déjouer l’obsolescence programmée de l’architecte, quelles sont les compétences minimales que les robots ne pourront jamais acquérir et que les concepteurs doivent développer pour assurer la pérennité de leur discipline ?