Les Cahiers du GRIF : première revue féministe dans l’Europe francophone

En 1973, alors que la « scène textuelle française [est] pratiquement vide » (Collin, 1978), se lance une nouvelle revue belge de langue française, Les Cahiers du GRIF (Groupe de recherche et d’information féministes) que l’on trouve dès sa sortie à Paris dans la librairie de François Maspero, La Joie de lire. Souhaitant dépasser le cercle uniquement militant, qui est par exemple celui du Torchon brûle en France, la revue s’adresse à toutes les femmes dans une logique explicitement féministe. Le féminisme, terme si débattu au sein du mouvement des femmes français, y est défini comme un « travail exercé collectivement et individuellement pour transformer radicalement la condition des femmes » et fait l’objet d’un long texte collectif « Féminitude et féminisme » définissant dans le même élan la ligne éditoriale de la revue en ouverture du premier numéro « Le féminisme, pour quoi faire ? ». Au cœur du dispositif collectif de la revue figure Françoise Collin, critique, philosophe et écrivaine. D’autres écrivaines belges y collaborent comme la poète Marie Denis et la revue qui traite de tous les sujets fait la part belle au langage et à la littérature d’expression française. C’est cette histoire de la première revue féministe francophone de Belgique aux accents littéraires que nous nous proposons de retracer.