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La fabrique historique des archives scientifiques, entre savants et institutions : papiers privés et fonds propres à l’Académie des sciences

Authors :
Bret, Patrice
Publication Year :
2021
Publisher :
Éditions de la Sorbonne, 2021.

Abstract

Papiers publics ou privés, archives organiques ou personnelles semblent des catégories bien définies sur les plans juridique et archivistique. L’histoire de la constitution et des avatars des fonds révèle une réalité complexe, souvent équivoque, où s’opposent le statut d’un centre de conservation, d’un fonds, d’un document, de l’information qu’il contient et les usages qui en sont faits. Quel(s) statut(s) donner aux archives scientifiques, en particulier aux archives personnelles des scientifiques ? Législation, pratique archivistique et exploitation historique apportent des réponses variées. La présente étude tente d’apporter des éléments de réponse pour le cas français en resserrant la focale de l’échelle macro des archives scientifiques à l’échelle micro du fonds et du document, en passant par l’échelon intermédiaire de la plus ancienne institution scientifique. L’invention des archives scientifiques, catégorie mouvante née de l’émergence de l’histoire des sciences et sans définition légale, est en France le fruit d’une prise de conscience assez récente et d’une collaboration entre historiens et archivistes, au prix de difficultés institutionnelles et matérielles persistantes malgré de réels succès. Mais le travail d’identification et d’inventaire, de sauvegarde et de conservation, d’information et de mise à disposition s’appuie sur l’existence de fonds dont l’histoire a déterminé l’organisation. L’histoire de la constitution et de l’organisation des fonds des Archives de l’Académie des sciences, lieu symbolique de l’activité scientifique, est éclairante à cet égard. Préoccupation constante des autorités de tutelle et des officiers de l’Académie royale au xviiie siècle, les archives en ont été sauvegardées tant bien que mal jusqu’à leur « reconstitution » progressive sous la IIIe République et leur professionnalisation à la fin du xxe siècle. À côté des archives organiques et de dossiers documentaires factices, les archives personnelles des scientifiques y forment un complément indispensable pour les historiens – menacé par un marché spéculatif pour d’autres. Mais les fonds d’origine privée que conservent les Archives de l’Académie des sciences recèlent aussi des documents publics. Lui-même fruit d’un long processus de dispersions partielles (jusqu’aux États-Unis) et de réunions successives, le fonds Lavoisier illustre la confusion historique entre privé et public. Mais, quel que soit leur statut, les documents sont d’un accès public accru hors de la salle de lecture, car l’édition des Œuvres et de la Correspondance de Lavoisier – qui a pu contribuer naguère à des dispersions matérielles – en met progressivement le contenu dans l’espace public, tout en opérant des recompositions virtuelles (notamment par la mise en ligne) par le regroupement des fonds dispersés. Public or private papers, organic or personal archives, these seem to be well -defined categories at the legal and archival levels. The history of the constitution and of the vicissitudes of collections brings to light a much more complex reality, often ambiguous, where is found an opposition between the status of a preservation centre, of a collection, of a document, of the information contained within, and the uses made thereof. What status can be given to scientific archives, especially to the rich personal archives of the scientists? Legislation, archival practice and historical exploitation provide answers which are diverse. In our study, we shall try to bring éléments for an answer in the French case, by focusing more narrowly from a wider view of scientific archives to a narrower view of a collection and a document, taking on our way the intermediate level of the oldest scientific institution. The history of the constitution and of the organization of the collection of the Archives of the Academy of Sciences, the symbolic focus of scientific activity, is enlightening on that point. The archives, the constant care of governing bodies and of the officers of the Royal Academy in the 18th, were safeguarded somehow until their progressive reconstitution in the 3rd republic and their professionalization at the end of the 20th. Beside organic archives and artificial documentary files, threatened by a speculative market, the personal archives of scientists remain an indispensable complement for historians. But the collections of private origins which are kept among the records of the Academy of sciences also harbour public documents. The Lavoisier collection, which was itself the fruit of a long process of partial and successive dispersal and reunions, is a very good illustration of the historical confusion between private and public. But whatever their status, the documents are easier to access for the public out of the reading room, since the edition of the Works and of the Letters of Lavoisier – which may have been a contributing element in the past to material dispersai, is little by little making its contents available to the public, while operating virtual reunions of the scattered collections (especially by granting online access).

Details

Language :
French
Database :
OpenAIRE
Accession number :
edsair.openedition...d3cd7eb06b909dc1267e3997c4677e22