Henri Michaux et le corps en morceaux

S’il n’aime pas la psychanalyse, Michaux peut analyser ses rêves à cette lumière. Le corps de l’artiste est partout présent dans l’œuvre où un mal-être est transcendé en poétique puis en esthétique. Le moi est d’abord corps, moi-peau, mais corps vide, ouvert, synonyme de souffrance, de dissociation qui appelle un recentrage, celui d’un centre de gravité demandé à une poétique. Attaquer les autres ou se replier sur soi sont deux postulations. La constitution d’une enveloppe psychique sera assurée par l’œuvre. Le corps de l’œuvre est un moi-peau. S’il donne sa place au discontinu, à la béance, Michaux transcende un moi-peau déficient, peut-être pathologique, en une œuvre unique qui en font un Moi, un Soi unique. Although he may not like psychoanalysis, Michaux is still able to analyse his dreams in the light of the body. The artist’s body is present everywhere in the work where a being unsure of himself is transcended, firstly, into the sense of the poetic and then, into that of the aesthetic. The ego is first and foremost body, Ego-skin, but a body that is both empty and open, a synonym of suffering, of a disassociation which demands a recentring, that of a centre of gravity sought through the sense of the poetic. To attack others or to fold in on oneself: these are the two postulations. It is the work itself that assures the constitution of a psychic envelope. The body of the œuvre, therefore, becomes an ego-skin. Although he foregrounds the discontinuous and the abysmal, in his unique work Michaux transcends a deficient, and maybe pathological ego-skin, to form an Ego, a Self, that is equally unique.