Trajectoires géographiques et paysagères de friches sportives en montagne

Cet article aborde les trajectoires paysagères d’espaces de montagne aménagés pour le ski alpin durant la seconde moitié du xxe siècle et où l’activité est aujourd’hui abandonnée soit partiellement, soit totalement. À partir d’une observation des traces paysagères actuelles complétée par des analyses documentaires, cartographiques et dendro-chronologiques, sur trois sites du Vercors (Gresse-en-Vercors, le col de l’Arzelier et Saint-Nizier-du-Moucherotte), nous proposons de comprendre les dynamiques de tels abandons dans le temps et dans l’espace. Les infrastructures liées aux remontées mécaniques qui restent en place sont souvent particulièrement prégnantes et évocatrices, mais elles sont finalement minoritaires et de nombreux autres marqueurs paysagers, comme les terrassements et les boisements, permettent de reconstituer l’histoire récente mais pourtant en partie oubliée de ces sites aménagés pour les loisirs hivernaux. Ces différentes trajectoires paysagères établies selon des critères de visibilité permettent aussi de mieux appréhender les usages et les valeurs de ces espaces totalement ou partiellement délaissés et abandonnés par les skieurs et les aménageurs, mais également réinvestis par d’autres pratiques, voire d’autres projets. This article investigates the trajectories of landscapes in mountain areas developed for alpine skiing during the second half of the 20th century and looks at those where the activity is partially or totally abandoned today. From an observation of the current traces in the landscape complemented by documentary, cartographic and dendro-chronological analyses of three sites in the Vercors (Gresse-en-Vercors, the Arzelier pass and Saint-Nizier-du-Moucherotte), we study the dynamics of their abandonment through time and space. The infrastructures linked to the ski lifts that remain in place are often particularly significant and evocative, but they are the least prevalent remains and many other landscape markers, such as earthworks and woodlands, allow us to reconstruct the recent yet partly forgotten history of these sites developed as winter resorts. These different landscape trajectories, categorised according to their visibility, also make it possible to better understand the uses and values of these areas, which have been totally or partially abandoned by skiers and developers, but which have also been re-appropriated for other practices or projects.