Nouveau Management Public et hôpital en tension : les communications affectives au travail en question

This research aims to study the connections between affective communications at work and the limits of the info-communicational devices linked to management in public health organisations. Affective communications result in the mobilisation and codification of affects in relation to the context in which they are deployed (Martin-Juchat, 2008). As such, they can be considered as media of the affective culture of an organisation (Martin-Juchat, 2006; 2008; Dumas, 2016; Martin-Juchat and Dumas, 2016). In this work, we question the place and effectiveness of the symbolic mediation of info-communicational devices based on the New Public Management (Hood, 1991; Gardère, 2012), through the prism of the affective communications manifested by caregivers, for whom the values linked to the activity play an important role in their daily lives (Lépine, 2012; 2018; Viard, 2014). Since the 1980s, the spread of the NMP with the aim of saving money and making public productions more profitable has been part of a global rationalisation dynamic and a management model for the exercise of power. This leads, in particular, to the multiplication of various info-communicational devices (Foucault, 1965; Jeanneret, 2005; Grammacia, 2011) whose objective is to ensure the rationalisation of activity (Bonneville, 2003; Bouillon, 2004; Ogien, 2009; Groleau and Mayère, 2009; Mayère, 2013; 2014). In this context, the ever-increasing number of protests and affective manifestations of caregivers at work indicate, in our view, a form of visible affective resistance to the general functioning of the organisation. In this perspective, they are likely to reveal the limits of the symbolic mediation traditionally conferred on info-communicational devices. To formalise this study, we proceeded to combine (Dumas, 2016) an Approche Communicationnelle des Organisations (ACO) (Bouillon, Bourdin, Loneux, 2007) and an Approche Anthropologique par la Communication Affective (Martin-Juchat, 2008; 2014; 2016; Dumas, 2016). The purpose is to link the symbolic dimensions that run through and construct organisations and the role of affects in the processes of normalisation at work. Our results are based on a grounded study (Glaser and Strauss, 1965), centred on understanding the affective manifestations of caregivers in relation to work situations, communication processes and policies, making it possible to determine how values are embodied in organisations through communication processes.
Ce travail de recherche se propose d’étudier les liens entre communications affectives au travail et limites des dispositifs info-communicationnels adossés au management dans les organisations publiques de santé. Les communications affectives se traduisent par la mobilisation et la codification des affects en lien avec le contexte dans lequel ils se déploient (Martin-Juchat, 2008). À ce titre, ils peuvent être envisagés comme médias de la culture affective d’une organisation (Martin-Juchat, 2006 ; 2008 ; Dumas, 2016 ; Martin-Juchat et Dumas, 2016). Dans ce travail, nous questionnons la place et l’efficacité de la médiation symbolique des dispositifs info-communicationnels, adossés au Nouveau Management Public (Hood, 1991 ; Gardère, 2012) au prisme des communications affectives manifestées par les soignants, pour qui les valeurs liées à l’activité jouent un rôle important au quotidien (Lépine, 2012 ; 2018 ; Viard, 2014). La diffusion, depuis les années 1980, du NMP dans le but d’économiser et de rentabiliser les productions publiques, s’inscrit dans une dynamique globale de rationalisation et un modèle gestionnaire de l’exercice du pouvoir. Cela induit, notamment, la multiplication de dispositifs info-communicationnels (Foucault, 1965 ; Jeanneret, 2005 ; Grammacia, 2011) variés dont l’objectif est d’assurer la rationalisation de l’activité (Bonneville, 2003 ; Bouillon, 2004 ; Ogien, 2009 ; Groleau et Mayère, 2009 ; Mayère, 2013 ; 2014). Dans ce contexte, les marches contestataires toujours plus nombreuses et les manifestations affectives des soignants en situation de travail indiquent, selon nous, une forme de résistance affective visible au fonctionnement général de l’organisation. Dans cette perspective, elles sont susceptibles, par extension, de révéler les limites de la médiation symbolique conférée traditionnellement aux dispositifs info-communicationnels. Pour formaliser cette étude, nous avons procédé à la combinaison théorique (Dumas, 2016) d’une Approche Communicationnelle des Organisations (ACO) (Bouillon, Bourdin, Loneux, 2007) et d’une Approche Anthropologique par la Communication Affective (Martin-Juchat, 2008 ; 2014 ; 2016 ; Dumas, 2016). Il s’agit de faire le lien entre mettre au jour les dimensions symboliques qui traversent et construisent les organisations et le rôle des affects dans les processus de normalisation au travail. Nos résultats s’appuient sur une étude de terrain ancrée (Glaser et Strauss, 1965), centrée sur l’appréhension des manifestations affectives des soignants en lien avec les situations de travail, les processus et les politiques de communication, permettant de déterminer, à rebours, la façon dont les valeurs s’incarnent en organisation à travers des processus de communication.