De la prophylaxie médicale à la prophylaxie idéologique : le cas André Couvreur

André Couvreur est un auteur du XIXe siècle auquel la critique littéraire a jusque-là fait mauvais accueil. Médecin diplômé des hôpitaux de Paris et romancier d’une quinzaine de romans, sa première trilogie, Les Dangers sociaux, semble a priori constituer un espace d’étude idéal pour l’épistémocritique. Témoin d’une époque où la littérature participe de la création d’un biopouvoir efficient, Couvreur prend en effet part à la vaste propagande prophylactique de son temps en combattant la syphilis et l’alcoolisme à travers ses livres. Mais l’étiologie de ces grandes maladies dessine un horizon inattendu et les conclusions scientifiques sont balayées par une idéologie radicale, antisémite et misogyne, que cet article entend mettre au jour. André Couvreur is a nineteenth-century author who has so far been poorly received by critics. He was a doctor with a diploma from Paris hospitals and the novelist of about fifteen novels, his first trilogy, Les Dangers sociaux, seems to be an ideal space for epistemocriticism. As a witness of a time when literature participates in the creation of an efficient biopower, Couvreur indeed took part in the vast prophylactic propaganda of his time by fighting syphilis and alcoholism through his books. But the etiology of these major diseases creates an unexpected horizon: scientific conclusions are swept away by a radical ideology that this article intends to bring to light.