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« C’est pour le bébé ». Moralisation des femmes, individualisation de la responsabilité et disparités de classe dans le travail de soins pendant la grossesse
- Source :
- Terrains/Théories, Terrains/Théories, 2022, 16, ⟨10.4000/teth.5014⟩
- Publication Year :
- 2022
- Publisher :
- HAL CCSD, 2022.
-
Abstract
- À partir d’une enquête de terrain réalisée en Île-de-France entre 2014 et 2017, cet article interroge les limites du gouvernement des corps et des conduites autour de la grossesse, au double sens des contours de ce gouvernement et des tensions à l’œuvre. La sanitarisation des grossesses est abordée à partir du travail sur lequel elle repose : le travail des professionnel·les qui consiste à influencer et surveiller le comportement des patientes, et le travail des femmes enceintes engagées dans une production domestique de soins. L’encadrement des grossesses n’est pas une application impartiale de connaissances biologiques ou médicales : il s’agit de contrôler les femmes et d’orienter leurs comportements selon une norme de la « bonne maternité ». Cette norme articule l’institution du fœtus comme personne et sujet des soins, la prédominance du risque, et l’injonction au dévouement maternel. Elle n’est pas qu’un discours, mais elle est ancrée dans l’organisation concrète du parcours de soin et dans les pratiques routinières des professionnel·les. La modification du mode de vie apparaît comme le critère d’évaluation de la valeur maternelle. L’individualisation de la responsabilité sanitaire occulte le poids des rapports de genre et de classe. La préservation de la santé apparaît comme une prérogative féminine ce qui reconduit une division inégalitaire des tâches et des responsabilités au sein des couples de sexe différent. De plus, la position sociale détermine des conditions de vie, de travail, et des ressources disponibles qui ont un effet sur la santé et qui délimitent ce qui est possible ou pas en matière de modification de la vie quotidienne. La position sociale va également de pair avec une appréhension située de la santé et de la responsabilité maternelle. Based on a field survey conducted in the Île-de-France region between 2014 and 2017, this article examines the limits of the government of bodies and behaviours around pregnancy, in the dual sense of the contours of this government and the tensions at work. The sanitarisation of pregnancies is approached from the point of view of the work on which it is based: the work of professionals, which consists of influencing and monitoring the behaviour of patients, and the work of pregnant women engaged in the domestic production of care. Pregnancy management is not an impartial application of biological or medical knowledge: it is about controlling women and orienting their behaviour according to a norm of 'good motherhood'. This norm articulates the institution of the foetus as a person and subject of care, the predominance of risk, and the injunction to maternal devotion. It is not merely a discourse but is anchored in the concrete organisation of healthcare and in the routine practices of care providers. Lifestyle modification appears to be the standard for evaluating maternal value. The individualisation of health responsibility conceals the weight of gender and class relations. The preservation of health appears to be a female prerogative, which perpetuates an unequal division of tasks and responsibilities within different-sex couples. Moreover, class determines the living and working conditions and the resources available, which have an effect on health, and which delimit what is possible or not in terms of changes of habits. Class also implies a situated understanding of health and of maternal responsibility.
Details
- Language :
- French
- ISSN :
- 24279188
- Database :
- OpenAIRE
- Journal :
- Terrains/Théories, Terrains/Théories, 2022, 16, ⟨10.4000/teth.5014⟩
- Accession number :
- edsair.doi.dedup.....e81b1a7f2d4dffa9cba256852eaefd90
- Full Text :
- https://doi.org/10.4000/teth.5014⟩