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Les juifs courtiers parmi les chrétiens : l’échange sans la religion ?

Authors :
Claude Denjean
Publication Year :
2022
Publisher :
Classiques Garnier, 2022.

Abstract

In the Crown of Aragon, where usury was permitted through regulation, especially in Catalonia and Mallorca, brokers were not all Jews who were usually seen as being the specialists in monetary transactions. Jews were certainly over-represented in trade but it is also now known that they could hold a wide variety of jobs. There are in fact few traders or lenders among the Jewish community from the 14th century, such roles tending instead to belong to members of urban and intellectual elites. This paper compares two social networks: that of Pons de Gualba, bishop of Barcelona, and that of Bartomeu de Mans, magistrate/provost of Vilafranca del Pénedes, who had links with Berenger de Finestres, a money-changer of Barcelona. The networks of these two eminent men were interlinked, in the sense that the roles played by Jews and Christians in the trading process were neither strictly segregated nor exactly the same, the precise distribution of these roles depending on the subtlest of nuances in terms of how the members of the two religions related to each other. The trade associations of Jews and Christians were different, as were the insults used to deprecate rivals. It is thus not that trade took no account of religion but rather that religious difference could be used as a means to colour the expression of the normal love-hate relationships between men who were involved in the business of trade. Dans les pays de la Couronne d’Aragon où l’usure est réglementée, donc autorisée, spécialement en Catalogne et à Majorque, les courtiers ne sont pas nécessairement ou seulement des juifs appréciés pour leurs qualités de « passeurs ». Nous savions déjà que les juifs, certes surreprésentés dans le commerce, exercent des activités très variées, à l’instar des chrétiens et que l’entreprise et le crédit restent au XIVe siècle l’apanage d’un groupe de plus en plus réduit, membre des élites urbaines et intellectuelles. Deux réseaux d’affaires sont comparés : celui de Pons de Gualba, qui fut évêque de Barcelone, et celui de Bartomeu de Mans, viguier à Vilafranca del Pénedes, associé à Berenger de Finestres, changeur barcelonais. Malgré l’imbrication des réseaux dominés par d’éminents personnages et malgré la proximité des entrepreneurs juifs et chrétiens et l’exercice de rôles comparables par les membres de religions différentes, la position des uns et des autres dans un réseau précis introduit des nuances subtiles, l’emploi des juifs et des chrétiens n’y est pas interchangeable alors qu’il l’est dans la société, les structures d’association choisies diffèrent, de même que les moyens employés pour attaquer et insulter un concurrent. Nous n’observons pas l’échange sans la religion mais un jeu de positions qui utilise la différence religieuse pour exprimer très normalement le bon amour ou la haine que se portent les hommes d’affaires.

Details

Language :
French
Database :
OpenAIRE
Accession number :
edsair.doi.dedup.....e600f6fcdfcd5cb2537efc4b3493ed7c