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Le « démobilisé », ce construit: du corps de combat au corps individualisé

Authors :
Annie Laliberté
Source :
Anthropologie et Sociétés. 30:29-50
Publication Year :
2006
Publisher :
Consortium Erudit, 2006.

Abstract

L’expertise des grandes organisations intergouvernementales en matière de règlement des conflits s’est affinée de sorte que l’étape subséquente à la médiation, soit l’adaptation à la paix, est de plus en plus dévolue à des intervenants internationaux. Des actions militaro-humanitaires de « démobilisation » sont notamment menées en vue de réinsérer d’anciens combattants à la vie civile. Cette forme de socialisation, qui vise l’incorporation des modes de vie pacifiques, passe par le corps. Fondu dans son contingent, le combattant incorpore les préceptes de l’organisation militaire, en tant qu’unité d’un corps de combat. Le corps du démobilisé, lui, sera invisible dans une société civile, mais unique. L’étude du corps démobilisé comme corps qui répond à un besoin de paix peut être révélateur des formes de pouvoir liées à l’établissement de la paix. Au Guatemala, cette forme de pouvoir exercée par une communauté internationale lors de la démobilisation de 1997 participe des difficultés subséquentes de la réintégration des guérilleros qualifiés de « démobilisés », une catégorisation qui n’a jamais eu de sens dans l’imaginaire guatémaltèque.<br />The acquired expertise of large scale intergovernmental organisations concerning conflict resolution has become more sophisticated in terms of the peace adaptation process immediately following the mediation phase. The peace adaptation process is now less encumbered by the meddling of outside actors. Humanitarian and military actions of “demobilization” are principally governed by the goal of reintegrating former combatants into civil life. This form of socialisation, which seeks to promote a more peaceful lifestyle, must follow a path in which the “guerrilero” must psychologically and physically gain control of his own self, if he is to become a citizen once more. The study of the demobilized body as defined as a body that suits the needs of peace may reveal forms of power related to peacemaking. This form of “biopower” as enforced by an international community during the 1997 demobilization in Guatemala subsequently caused reintegration problems to “demobilized guerrileros” as this new category and what it meant was completely absent from the Guatemalan mindset.<br />La experiencia de las grandes organizaciones intergubernamentales en el arreglo de conflictos se ha refinado de tal manera que la etapa subsecuente de la mediación, es decir la adaptación a la paz, se confía cada vez más a las agencias intencionales. Entre otras, se realizan acciones militaro-humanitarias que tratan de reintegrar los antiguos combatientes a la vida civil. Esta forma de socialización, que busca la incorporación de modos de vida pacíficos, se realiza a través del cuerpo. Fundido a su contingente, el combatiente incorpora los preceptos de la organización militar, en tanto que unidad de un cuerpo de combate. El cuerpo del desmovilizado, es único e invisible en una sociedad civil. El estudio del cuerpo desmovilizado en tanto que cuerpo que responde a la necesidad de paz puede ser un revelador de las formas de poder ligadas al establecimiento de la paz. En Guatemala, esta forma de poder ejercida por una comunidad internacional durante la desmovilización de 1997 confronta las dificultades subsecuentes a la reintegración de los guerrilleros calificados de « desmovilizados » una categorización que nunca ha tenido ningún significado en el imaginario guatemalteco.

Details

ISSN :
17037921 and 07028997
Volume :
30
Database :
OpenAIRE
Journal :
Anthropologie et Sociétés
Accession number :
edsair.doi.dedup.....ce6f80b956fcb0425f8b2a068ede09ca
Full Text :
https://doi.org/10.7202/013827ar