Musique, hellénisme, pacifisme : Frank Choisy et l’axe Paris-Genève-Athènes

Dans cet article nous avons entrepris de reconstituer les activités du compositeur suisse Frank Choisy (1872-1966) en Grèce et Suisse dans le champ de la musicologie et de la critique musicale, en utilisant notamment ses archives déposées dans deux fonds athéniens. Dans un premier temps, nous revenons sur la polémique qui a opposé Choisy et Amédée Gastoué en 1907, au sujet de la notation des chants byzantins. Cette polémique révèle deux visions antagonistes (musique comme expression de l’hellénisme vs analyse philologique des manuscrits) et elle revêt chez Choisy une dimension politique. Celle-ci apparaît dans un deuxième temps, quand Choisy présente en Suisse les musiques traditionnelles dans les années 1920, et quand il participe aux actions de la ligue philhellène Eynard, dont il est un des initiateurs avec Daniel Baud-Bovy et Waldemar Deonna en 1918-1919. Enfin, dans un troisième temps, qui correspond au retour de Choisy en Grèce, nous montrons comment le Suisse est à la fois un agent des transferts culturels entre Grèce et pays francophones (avant Samuel Baud-Bovy) et un acteur de la vie musicale athénienne, qu’il observe en affichant ses présupposés idéologiques dans la presse. In this article, we will retrace the activities of the Swiss composer Frank Choisy (1872-1966) in both Greece and Switzerland, in the field of musicology and musical criticism, in particular using his archives that are now part of two collections in Athens. We will begin by taking another look at the 1917 public disagreement between Choisy and Amédée Gastoué on the topic of notation in Byzantine songs. Their disagreement reveals two opposing views (music as the expression of Hellenism vs. a philological analysis of the manuscripts) and for Choisy, the issue was political. This became clear later on, in the 1920s, when Choisy introduced traditional music to Switzerland, and his involvement with the “Ligue Philhellène Eynard”, that he founded alongside Daniel Baud-Bovy and Waldemar Deonna in 1918-1919. Finally, the third part of the article covers Choisy’s return to Greece, that shows how he was both an agent for cultural transfers between Greece and French-speaking countries (before Samuel Baud-Bovy) and an actor in the Athens music scene, that he observed by publishing his ideological beliefs in the press.